[CR] 10 Peaks – The lakes – Long course – DNF

10 peaks - 1

Je crois que j’ai trouvé cette course en me baladant dans les courses qualificatives pour l’UTMB, toujours en quête de suffisamment de points pour tenter le grand UTMB. Du point de vue point ce n’est finalement pas génial avec seulement 2 points alors qu’avec la barre à 9 points en 3 courses seules les courses à 3 points sont réellement intéressantes. Cela dit pour cette question des points, il me semble que cette course est beaucoup plus difficile que la Maxi Race qui m’a pourtant rapporté les 3 points…

Bon cela dit, je ne sais pas trop comment commencer ce compte rendu tant l’aventure aura été riche et intense. Je vais peut-être tenter une narration vaguement chronologique en ajoutant quelques annexes éventuellement à la fin.

Préparation.

J’ai déjà noirci quelques mots sur ce sujet et pour la partie avant le départ vers le pays des buveurs de thé. Pour cette étape, je crois que c’est assez.

Le cours de navigation.

La veille de la course nous avions réservé une journée avec Joanne Wulf de Settle WolfTraks et ça s’est super bien passé. Nous avons été très bien accueillis par Jo et son mari. La journée sur Ingleborough dans les Yorkshire Dales a été à la fois magique et très enrichissante. Cela aura permit à Manu de naviguer en maitre le lendemain, sans jamais utiliser de GPS ou autre. Excepté quand même nos Suunto Ambit qui ont du mal à s’empêcher de nous donner l’altitude (information précieuse pour la navigation, c’est presque de la triche…).

Comme les Yorkshire Dales ne sont pas très loin du Lake District, ça s’est vraiment très bien goupillé pour que nous n’arrivions pas trop tard pour récupérer nos dossards à Keswick.

Un problème quand même lors de cette sortie dans les Dales, je remarque que mon genou gauche est tout gonflé. Il est deux fois plus gros que le genou droit. Plier ma jambe est très douloureux et escalader les clôtures assez compliqué. Je me demande bien comment ça va aller le lendemain. Manu me parle d’œdème et me prescrit un anti inflammatoire et un cachet de paracétamol. C’est la première foi que je me dope comme ça la veille d’une course. Encore une vieille certitude qui tombe…

Retrait des dossard.

On a un peu galéré pour trouver l’endroit mais après quelques tours et détours, on a finalement réussi à trouver par hasard ce sacré parking du club de football de Keswick.

Pas de marchand du temple au retrait des dossards, juste des vieux barbus qui nous ont demandé de nous identifier et nous ont confié le dossard, un sac avec un beau T shirt, la carte au 1/50.000 de la course et pas mal de barres Clif Bar (trop sucrées pour mon goût un peu altéré par le régime paléo).

On y rencontre un gars pas tout jeune (dans les 65) qui nous a donné pas mal de conseils et en particulier celui de choisir la longue route entre le Sca Fell et Pillar. J’ai eu un peu de mal à comprendre son anglais et c’est bien dommage car l’histoire allait nous apprendre que nous aurions sans doute pu apprendre bien plus d’astuces de ce grand connaisseur de la région.

Après les dossards, diner quelconque dans un endroit étonnant : l’ancien palais de justice du village entièrement conservé avec les bancs des prévenus, des avocats, de la cours, du public et aussi les 3 cellules pour les mis en examen… Ambiance surréaliste qui nous va bien pendant qu’on se boit une dernière bière avant le départ en essayant d’apprendre par cœur le maximum de subtilités de la carte.

Arrivé à notre chambre (spartiate), on prépare nos petites affaire et on se couche rapidement pour une courte nuit.

Le départ.

On gare la voiture à Keswick et 2 bus convoient les 120 coureurs vers la ligne de départ au pied de Helvellyn.

Nous sommes dans un nuage de mouches et nous découvrons que nous venons de découvrir les midges. Certains prétendent que ça pique. Je ne sais pas mais au moins c’est très désagréable. Pendant le speech de l’organisateur, tous les gars dansent sur le rythme de la Saint Guy.

Montée vers le Helvellyn.

Le départ est à 200m d’altitude et le sommet à 950 mètres, Manu estime qu’on pourrait mettre  1h30 à atteindre le sommet, 2 heures si on traine et comme on part dans les 10 premiers (par hasard) on essaie de ne rien lâcher pour arriver au sommet du Helvellyn en 51:29 soit presque 2 fois plus vite que ce à quoi s’attendait Manu. Il est euphorique, on parle de finir en 15 / 16 heures. Tout va bien.

Dommage que le sommet soit dans le brouillard, on ne voit rien de la fameuse Swirral Edge ou la létale Striding Edge qui a compté 5 morts rien que la semaine précédente.

Lorsque l’on redescend Manu est un peu énervé car des gars ont trouvé un raccourci et descendent « droit dans le pentu » dans une pente herbeuse très très pentue.

Nous on descend pépère (je me suis amélioré dans les descentes depuis l’Endurance trail des Templiers mais reste très loin de la vitesse Kilianesque de Manu) et je suis content.

High Raise – 762m.

On ne traine pas trop au ravito bien achalandé qui précède la remontée le long de la rivière Wyth Burn et on s’engueule pour savoir s’il faut prendre cette remontée par la rive droite ou la rive gauche. Finalement on prend mon choix mais en fait ce sera ma dernière intervention sérieuse sur le plan de la navigation. J’ai eu un gros doute sur le coup mais sur la carte, le chemin suggéré passe bien par la gauche.

Dans la zone appelée « The Bog » (la tourbière en français) c’est très humide comme prévu. On se trempe les pieds mais on est content quand même. Je fais aussi une sacré chute, c’est à peu près inexplicable mais ma tête se retrouve à 1 cm d’une grosse pierre, je crois que je l’ai échappé belle.

On franchi un col et on arrive devant une vallée majestueuse, High Raise a la tête dans les nuages. La voie normale coure sur la gauche à travers une zone humide. Manu a envie de passer par la droite sur des terres élevées et de grimper un coteau herbeux très raide pour  arriver plus vite au sommet.

Je le suis et on se régale, tous seuls accrochés à cette pente herbeuse pleine de crottes de moutons. Le paysage est immense, on en profite, on se sert de nos mains pour grimper, on est bien.

Bowfell, Est Pike, Great End, III Crag, Broad Crag et Scafell Pike.

Pour cette série de sommets quasiment alignés on est globalement dans les nuages et on ne profite pas beaucoup du paysage.  Pas grand chose à signaler sauf qu’on a eu un peu de mal à trouver le sommet de Great End. Le sommet réel se trouve après le premier faux sommet découvert. Un groupe mené par une fille très déterminée est déjà en quête du vrai sommet lorsque nous les rejoignons. Un petit « trou » dans la brume nous permet de découvrir le sommet et de passer au suivant.

Manu choisi un cap original pour la descente et nous abandonnons le groupe rencontré. Au sommet suivant, Great End, on est content parce qu’on y est arrivé avant eux mais en fait (on le découvrira à l’arrivée en voyant qu’on n’a pas validé le sommet appelé III Crag d’après le pointage enregistré par nos doigts électroniques) on a oublié d’aller pointer en haut de III Crag.

De Scafell Pike à Sca Fell – 964m.

Après le sommet de Scafell Pike, il y a un chemin assez évident qui part vers la droite mais Manu préfère tracer à l’azimut pour atteindre le Mountain Rescue Kit indiqué sur la carte par un rond vert. Il a peut-être raison mais on galère dans des rochers pour descendre avant d’atteindre un chemin clair qui mène à une boite en acier dans laquelle 2 personnes peuvent trouver refuge en cas de problème. J’ai l’impression qu’il a bien fait mais en regardant maintenant la carte, il apparait que les 2 chemins menaient à la même Rome.

Après le Mountain Rescue on descend en laissant à gauche Broad Stand et East Buttress. Il faut qu’on remonte vers un tout petit plan d’eau appelé Foxes Tarn. On rate complètement le départ vers Foxes Tarn qui se situe à peu près (la carte est vraiment imprécise, même au 1/25.000) à l’altitude de 750 mètres. On aurait aussi pu repérer une rivière descendant de Foxes Tarn mais on n’a fait gaffe à rien et il faudrait qu’on y retourne  pour comprendre nos erreurs.

On est environ à 600m d’altitude quand Manu repère un gars qui essaie de remonter un torrent dans une gorge encaissée. On est perplexe, un randonneur nous indique que d’après lui on est beaucoup trop bas par rapport à Fox Tarn.

Au lieu de remonter (ce qui rétrospectivement aurait été le plus sage), on décide de prendre via des pentes herbeuses en espérant que cela va nous permettre de contourner les nombreuses barrières rocheuses du coin. Le gars qui était dans la gorge nous a rejoint et on galère un peu de temps ensemble dans le coin.

On arrive miraculeusement au sommet par le sud en étant passé par des penses herbeuses quasi verticales.

De Sca Fell à Pillar – 892m.

Pas mal de bons moments entre ces 2 sommets. On a décidé de passer par la voie la plus longue mais la moins compliquée du point de vue navigation. Ce chemin nous entraine à descendre Sca Fell jusqu’à un lac (Wast Water – environ 150m d’altitude) pour remonter ensuite tranquillement vers Pillar et ses 892m d’altitude. Une autre voie possible permettait d’atteindre Pillar en passant par Green Gable alors que nous aurions à grimper Green Gable après être descendus de Pillar avec notre choix. Ce choix avait été fait le veille avec le gars rencontré à la remise des dossards.

La descente de Sca Fell est assez pénible et longue. Il y a beaucoup de cailloux dans la zone et nous contournons autant que possible par le sud. C’est long et pénible, on sent qu’on va en avoir pour des heures.

Heureusement, alors qu’on est arrivé juste au dessus d’une barrière rocheuse présentée comme infranchissable sur la carte on voit des gars qui plongent dans la barrière. Par hasard (façon de parler) on tombe à ce moment là sur notre copain de 65 ans. Il est accompagné d’un gars qui pourrait avoir 70 ans et il sont en train de nous dépasser. Ils sont très sympa, on ne comprends pas bien mais il nous encourage à passer par le raccourcis qu’il va lui même utiliser.

C’est absolument génial.

Cela commence par un « toboggan » presque vertical dans l’herbe. On descend pas loin de 100m de dénivelé sur le cul, avec une impression entre la luge et le bobsleigh. Un régal, j’espère que j’aurais l’occasion d’y retourner avant de mourir.

Après les 100m de luge verticale on passe dans un pierrier magique. Il s’agit de tout petits cailloux qui font une pente quasi verticale elle aussi. On peut aussi foncer dans ces cailloux. Les pieds s’enfoncent mollement dans les gravats, on est des cosmonautes sur la lune…

En bas, on retrouve notre guide qui nous explique que ce phénomène de pierrier dans lequel on peut courir est presque unique dans le Lake District.

Au fond de la vallée un petit groupe de badauds (ou plus probablement des supporters de coureurs ?) rigolent en nous voyant faire un dernier petit bout de luge sur le cul. La descente est ensuite encore un peu longue, on trottine, Manu lâche les chevaux, je me met à marcher et je le retrouve en train de faire une sieste dans l’herbe en bas.

Peu après on se ravitaille en eau dans un pub à Wasdale Head et on en profite pour se boire une bonne Bitter. Le moral est au beau fixe, on est vraiment bien.

On part tout guillerets vers le sommet de Pillar. La remontée est assez longue, on est au soleil, on a retiré nos vestes, on est bien.

Manu décide ensuite de passer par un mur presque vertical pour économiser quelques centaines de mètres de bon chemin. C’est si raide que je m’aide de mes mains à chaque pas. On est obligé de s’arrêter pour reprendre notre souffle tous les 10 à 20 mètres de dénivelé positif. C’est exténuant et on arrive un peu abattu sur l’arrête. On a même perdu du temps par rapport à un groupe qui était passé par la voie normale.

L’arrête jusqu’au sommet final de Pillar est assez longue, un vent assez violent souffle en provenance du nord, on est dans le brouillard. La galère.

Au sommet on retrouve nos 2  camarades plus âgés dans un petit cercle de pierre. On discute 2 minutes et ils repartent avant nous. Objectif Great Gable.

Great Gable – 898m.

Après le fameux mur en herbe de Pillar et jusqu’au grand ravitaillement de Honister, Ma nu a un petit coup de moins bien. Je m’en rend compte simplement parce que c’est toujours moi qui me retrouve en avant sur cette partie. C’est pas pour autant que je suis vraiment en grande forme.

L’escalade de Great Gable se fait avec les main dans les rochers, le dénivelé n’est pas énorme mais la vitesse de progression est très faible. On est dans les nuages, on se sert des cairns pour trouver notre chemin. A un moment j’ai peur d’avoir perdu Manu sur le chemin, on se retrouve heureusement assez vite.

Au sommet on rencontre brièvement un Français qui doit encore aller vers Pillar.

La descente est pénible, on retrouve nos 2 camarades très mal en points. Le plus âgés est dans un sac de bivouac et a l’air de trembler. Ils ont appelé les secours de montagne et ont l’air de rester confiant. On continue péniblement notre descente.

De Great Gable au ravito de Honister.

Cette portion se fait quasiment uniquement en descente mais elle m’est pénible. Manu à de nouveau envie de courir et on y arrive un petit peu mais c’est pas drôle pour moi.  On a des kilomètres à faire au milieu de pâtures, il y a des clôtures à franchir et on atteint le ballast d’un ancien tramway.

Le ravito de Honister est très chaleureux, il est maintenu par des personnes agées, sans doute les parents de l’organisateur. On y est bien, j’ai un appétit insatiable et j’engloutis tout ce que je trouve (pâtes à la Bolognaise, salade de fruit, cajou, mars, café…). L’ambiance est bonne, c’est dur de repartir.

De Honister au ravito de Nichol End.

On est assez en forme au départ du ravito. On monte bien et j’ai toujours du mal dans les descentes.

Au niveau de Dalehead Tarn (un petit lac) on fait une erreur de débutant. Au lieu de descendre par la vallée tranquille on commence à escalader l’arrête de l’Xtreme Course et on est en trains d’escalader High Spy.

Lorsque Manu s’en rend compte on a la possibilité de poursuivre sur l’arrête sur laquelle on est déjà bien engagé ou de reprendre la voie normale. On décide de redescendre. On aura perdu pas loin d’une heure dans l’affaire et la nuit tombe dans la descente.

Une rivière à gauche nous guide vers le fond de la vallée, on a allumé les frontales et on atteint un chemin carrossable au fond de la vallée.

Le terrain est bon, Manu m’encourage à courir mais c’est un calvaire pour moi, on n’avance pas.

Au parking de Little Town on double 2 gars (on n’avait vu personnes depuis le départ de Honister) qui marchent. Alors que l’on coure je me rend compte qu’on n’avance pas du tout. Mon moral est dans mes chaussettes.

Je sens que Manu va pouvoir se taper la dernière difficulté de la journée (ou la première du dimanche si on veut) et je décide de le laisser partir tout seul dans la nuit et de finir tranquillement pour que l’on se retrouve plus tard à Keswick.

Je suis assez content, j’ai bien fait, je suis éreinté, cela aurait risqué d’être la montagne de trop, les derniers kilomètres jusqu’au ravito de Nichol end et ensuite dans Keswick jusqu’à la ligne d’arrivée sont interminables. Je n’aurai jamais pu gravir et redescendre du Skiddaw dans ces conditions.

Le Skiddaw.

D’après ce que m’a dit Manu c’était terrible, navigation pas évidente dans la nuit, la pluie et le brouillard, montée compliquée, départ de la descente compliquée à trouver et retour bien fatiguant. Il ne regrette pas d’avoir assuré le coup et je ne regrette pas d’avoir été raisonnable.

 

Matos.

C’est habituel ici, petit point sur le matos. Vous pouvez zapper si vous voulez.

Ambit.

Pour une fois, pas de soucis avec ma Suunto Ambit 3 Peak. Pas de problème de distances. Je l’ai filé à manu pour la fin de la course (la sienne n’avait plus de batterie mais je crois que c’est une Ambit 1) et il a râlé parce qu’il y avait trop d’écran et parce que je n’utilisais pas la possibilité des écrans déroulant pour le troisième élément.

Veste Goretex.

Ma Millet Trilogy est vraiment géniale. Je n’ai pas regretté de l’avoir choisie et elle protège bien mieux du vent que ma Veste Salomon en Goretex Active. Très agréable à porter, les fermetures éclair sous les aisselles sont faciles à utiliser. La poche poitrine m’a permit de stocker mes lunettes qui étaient devenues inutilisables à causes des gouttes de sueur et du sel.

Chaussures Adidas supernova riot 6.

Bilan mitigé avec ces Adidas supernova riot 6, rien à dire sur l’accroche, la facilité de séchage après être passé dans des marécages, la précision mais à la fin j’avais très mal aux pieds. Des énormes ampoules sous le talon, un déroulé douloureux, ne seraient-elles pas pour rien dans mon abandon ? Difficile à dire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un commentaire


  1. Très bon résumé 🙂
    Mais non je ne râle pas.. je n’en reviens toujours pas d’avoir loupé un sommet..et les erreurs de navigations.. il faudrait un jour y retourner..
    Question émotion.. ta chute m’a vraiment fait peur.. ne me refait pas une blague comme ça de nouveau.. sinon on va se rajouter un casque dans le matériel ..
    plus heureuse … séquence détente au pub ..
    je telecharge les photos et les transmets
    à bientôt
    manu

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