CR Legends 250 – 2019

Cette course est dingue. Je ne sais pas s’il font ça à chaque fois mais cette année Stef et Tim on presque tout changé le parcours. Ils ont gardé des endroits incontournables comme le Ninglinspo. Il y a toujours 4 checks points espacés d’environ 50 kilomètres. Cette année ils avaient ajouté un codicille au règlement : interdit de dormir à l’intérieur des check points.

Cet aspect du règlement a été très respecté et les bénévoles de la Legends family veillaient à ce que nous ne nous assoupissions pas sur nos assiettes ou sur nos drop bags. Je trouve que c’est une excellente initiative. Cela oblige à dormir dehors et cela a sans doute permis à quelques uns de découvrir cet immense plaisir.

Bon je n’étais pas sur que ce soit une bonne idée de me taper 250 bornes 1 mois après The Spine. Je n’ai pas beaucoup couru dans l’entrefaite. Mon principal problème dans ma préparation est que je n’ai pas assez bien dormi dans la semaine précédent le départ

Bon, contrairement à l’an passé je ne me trompe pas de Mormont et il n’y a pas de neige. Le voyage se passe sans encombre. Dans les organisateurs je retrouve mon pote Robin, le premier hollandais à avoir fini The Spine et aussi Stu, le responsable de la sécurité sur cette même course.

Au départ j’ai bien la pêche. Je pars tranquillement et pendant les premières heures je remonte sur pas mal de concurrents.

Après environ 20 kilomètres je trouve un très bon compagnon. C’est Alex. On est content tous les deux de rencontrer un francophone sur cette course très néerlandophone. On partage un bon rythme, une bonne conversation, des clopes et une bière, et une même philosophie de l’ultra. On se dit qu’on va essayer de finir ça ensemble. Lui en est à sa troisième tentative, les 2 premières ont été infructueuses. On avance très bien. Je suis barbouillé, trop de boissons sucrées je crois mais c’est peut-être la bière ou la clop qui me travaillent. On a 4 ou 5 heures d’avances sur la barrière horaire quand on atteint le premier check point après un peu plus de 70 kilomètres. On y reste un peu plus d’une heure. Il n’y a pas trop de monde. Karmen, sa femme est bénévole dans l’organisation. Elle s’occupe bien de lui.

Le check point suivant n’est pas trop loin. Environ 1 marathon. On continue à avancer aux environs de 6 kilomètres par heure avec Alexandre. C’est un excellent navigateur et je reste généralement derrière lui. A environ 15 kilomètres de la fin de l’étape j’ai du mal à conserver son rythme. Je lui suggère de ne plus m’attendre et il ne demande pas son reste. J’arrive au check point 45 minutes après lui. J’ai les pieds qui brûlent. Je me fais soigner un peu.

Je repars tranquillement. J’ai pris mon matelas Thermarest  car il fait encore jour et je voudrais profiter le plus possible de la lumière du jour pour avancer. Je compte dormir dans mon merveilleux bivy bag Sol plus tard dans la nuit. Je ne prends pas mon sac de couchage car il ne fait pas trop froid.

L’étape entre le CP2 et le CP3 fait plus de 60 kilomètres. C’est la plus dure de la course. On doit passer du côté de Spa dans des marécages.

Au départ du CP2 j’ai une mauvaise surprise. Ma Suunto n’arrive pas à capter de signal GPS. Ça me fout un coup au moral, plus moyen de savoir ma vitesse moyenne, plus moyen de suivre les kilomètres parcourus, plus moyen de savoir ce qu’il me reste à faire. En plus je suis seul, pas de compagnon pour me renseigner. Je finis par trouver une indication dans mon GPS : kilométrages restants avant l’arrivée. Ça me redonne de l’entrain, tant pis pour la vitesse mais au moins je peut mesurer ma progression.

Il fait assez vite nuit. Je fais quelques erreurs de navigations, il faut passer au dessus de clôtures barbelées. Je regrette de ne plus être avec Alex, le grand navigateur. On passe sous 2 viaducs autoroutiers.

C’est alors que je rencontre Mustapha. Il accompagne un de ses potes qui a une tendinite et qui a décidé d’abandonner. Son GPS d’emprunt est HS et il est content que je puisse le guider. Mustapha est un bon compagnon. Il a détesté la Swiss Peak et il est copain avec un Zinzin reporter qui fait des films sur les courses xxx. On peste le long du Ninglinspo, un endroit merveilleux, pas loin d’Aywaille que j’avais découvert en essayant de faire une reconnaissance de la fin du parcours du Legends 250. On galère, c’est épuisant, on n’avance pas.

Mustapha n’a pas prévu de dormir dans les bois, il n’a pas de sac de bivouac. C’est un problème. Comme j’ai prévu de dormir dans les bois ça m’embête qu’il ne puisse pas. Finalement j’ai vraiment besoin de dormir. Mustapha est en short, il me fait de la peine mais il accepte de faire ce qu’il peut pour dormir. On se donne une heure dans des bois. Il y a pas mal de vent. Je dors très bien mais Mustapha me réveille au bout d’une demi heure car il est transi de froid. On repart, on avance pas trop mal. Malheureusement je dois encore me recoucher. Cette fois ci une power nap. Des coureurs nous rattrapent. On voit leurs frontales, ils tournent bien loin de nous. Je checke mon GPS, on est à quelques centaines de mètres de la trace. Zut, il y a cette distance parcourue en trop et surtout l’indication que mon attention est en forte baisse.

On rattrape assez vite les gars dont on avait vu les frontales. Le petit somme nous a redonné de la fraîcheur. On fait un bout de chemin avec eux. On est aussi rejoint par un petit groupe d’anglais. Très vite mon tonus diminue, Steve se moque de moi, je titube sur le bitume. Peut après le CP 3.1 je demande à Mustapha de rester avec cette équipe. On vient de faire un somme mais j’ai de nouveau envie de dormir. Je me couche dans une futaie d’épicéas. Je dors et je repart.

Je n’ai pas le moral, mes pieds me font mal, j’en ai ras le bol des ultras, je viens d’apprendre que j’ai la possibilité de m’inscrire au Tor des géants et je me dis que ce n’est pas pour moi, je suis trop nul. Cette activité hédoniste n’est pas sérieuse. Il y aura le Legends 500 l’année prochaine mais ça ne me fait plus rêver. Les idées noires défilent. J’ai dépassé la mi chemin mais le désir de finir s’est évaporé. Je n’avance plus. Je passe plus de temps à dormir qu’à avancer.

Déjà j’ai de nouveau envie de me coucher. J’ai mon matelas en mousse et mon bivy bag, j’en profite. Esther et son compagnon me doublent tranquillement. Je décide d’arrêter. Je me couche encore une fois dans une futaie de hêtres. Je repars à la recherche d’un bout de bitume pour abandonner et faciliter mon rapatriement. Dès le bitume atteint je me couche de nouveau et à mon réveil je téléphone aux organisateurs pour signaler mon désir d’en rester là.

20 minutes plus tard un gars vient me récupérer. Il m’emmène au CP 3.2, tout près de l’aérodrome

Choses apprises

  • Les chaussettes goretex fuient presque toujours.
  • Il faut absolument du salé dans les snacks.
  • Le Nurathletic plus jamais
  • Un cailloux dans la chaussure au 40 ème doit entraîner un arrêt d’urgence

Post scriptum

Ce n’est pas vraiment un post scriptum, c’est plut un per scriptum, un écrit pendant plutôt qu’un après. Je veux dire ici, je sais que vous êtes perdus, que je publie ce compte rendu en 2023, 4 ans après le Legends 250 de 2019. Donc au moment ou j’écris ce n’est pas un post scriptum (écrit après) mais un per scriptum (écrit pendant). Donc j’écris cette note aujourd’hui, pas après (même si c’est après quand même), c’est aujourd’hui que j’ajoute ces mots, pas lorsque j’ai écrit ce qui précède et que je n’avais pas publié. C’est dingue, comment signaler qu’un texte est lié au moment de l’édition et pas au moment de la création ? Hein ? Je vous le demande.

 

Bon, en tout cas, c’est en préparant le Legends 250 2023 que j’ai trouvé la liste des CR de 2019 et que je suis tombé sur le CR d’Alexandre qui parle de moi, j’ai aussi vu que mon CR ne figurait pas parmi la liste des CR de cette année 2019. Je me suis donc dit que je n’avais rien publié sur ce Legends 250 de 2019. J’ai checké et c’est juste. J’ai aussi checké mes notes et là j’ai vu que j’en avais parlé, et ce sont ces notes que je publie aujourd’hui.

 

PS

Encore un PS, pour dire un truc qui n’a rien à voir, je signale simplement maintenant que je publie cet article le jeudi 9 février 2023 mais que je vais le dater du 20/01/2023 pour qu’il ne soit pas le dernier article de ma liste des derniers articles. Mes aventures au Jura doivent rester à la une de mon blog aujourd’hui.  Je veux dire ceux que l’on découvre lorsque l’on arrive sur la racine de mon blog. Ceux qui n’ont jamais blogué ne peuvent pas savoir…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.