Merde, ma cheville va mieux et mon nouveau kiné m’a carrément demandé de courir en me faisant comprendre que si je continuais à n’avoir pas mal il n’y avait aucune raison pour que je ne tente pas le coup de The Spine.
Du coup après 15 kilomètres le long du canal je sens bien que ma cheville et mon releveur de l’allux ne sont pas au mieux mais diable, pas de grave douleur et donc plus trop de raison pour me débiner à 10 jours du départ
C’est embêtant parce que je ne me sens pas prêt pour cette course. La navigation va être épouvantable et très compliquée. Problème aussi avec la météo qui s’annonce horrible. De la pluie tout le temps, de la pluie qui transperce les meilleurs carapaces. Le conseil du jour pour les participants c’est d’utiliser du scotch d’électricien pour assurer l’étanchéité entre les manches de la veste Gore Tex et les gants eux aussi Gore-Tex. Pas pratique du tout quand on doit enlever sa veste…
Parmi les conseils il y a aussi celui de se méfier beaucoup de l’humidité qui vient du corps. Il faudra changer ses premières couches quand ce sera possible. Ne pas oublier non plus de faire une halte si on trouve un coin abrité pour se faire un petit grog ou une soupe pour se réchauffer l’intérieur des entrailles.
Maman, ils veulent ma mort, fais quelque chose pour que cesse ce cauchemar. Je suis sûr que tu peux faire quelque chose, je t’en supplie. Je ne me sens absolument pas à la hauteur de la difficulté.
On conseille aussi de partir avec un bâton pour sonder les trous d’eau. Le chemin va être impossible à suivre
Idée : se rendre waterproof des pieds à la ceinture en se badigeonnant de crème nok 10 jours avant l’épreuve…
En plus il me reste plein de trucs à faire
- Charger la trace de The Spine dans mon GPS
- Apprendre à me servir de mon GPS (Etrex 30 de Garmin)
- Apprendre à me servir d’une carte et d’une boussole si le GPS venait à flancher.
- Programmer mon Ambit pour qu’elle enregistre 60 heures de galère.
- Apprendre à mieux gérer l’humidité. Bizarrement c’est quand même le programme auquel on s’attendait (du gel aurait été génial pour traverser les marais) et ça me plait bien de me coltiner ce problème.
- Apprendre à ne pas se décourager quand notre progression va descendre en dessous de 2 kilomètres par heure. Ca ça ne va pas être facile, c’est sur mais avec Manu on commence à se connaître pas mal et on a confiance l’un en l’autre maintenant.
- Se poser la question à chaque pas de savoir si ce n’est pas le pas de trop et qu’il n’est pas maintenant temps d’abandonner pour préserver ma saison et mon UTMB…
- Coudre sur la bretelle de mon sac OMM le patch en velcro qui permettra de stocker mon GPS quand je n’en aurais pas besoin.
- Ecrire mon nom sur chacun de mes trucs comme conseillé sur ce terrifiant article.
- Apprendre des prières utiles lorsqu’on est en train de mourir.
- Faire mon testament et partager ma fortune entre mes enfants…
- Le pire serait de survivre et de ne pouvoir plus jamais courir.
Voilà je suis mal barré mais ce petit footing m’a quand même redonné le moral…