Legends 250 2023 – encore un DNF

C’est ma cinquième participation au Legends, je n’ai jamais réussi à finir, c’est trop rapide pour moi cette barrière horaire à 4 kilomètres par heure. L’an passé j’ai atteint le troisième check point, cette année ce serait bien que je fasse mieux et mon objectif est d’atteindre le quatrième check point.

J’ai convaincu Manu de s’engager dans l’affaire, on arrive bien en avance en particulier parce que la trace GPS n’est communiquée aux participants qu’à la dernière minute. Encore une petite fantaisie de Tim, l’organisateur.

L’étape de mettre la trace dans la montre et dans le GPS se passe bien. Mauvaise surprise, le bazar fait beaucoup plus que 250 bornes, je ne me souviens plus du nombre mais c’est plutôt du genre 280, en plus il y a toujours plus de 60 bornes entre deux CP, pas moyen de se reposer, ça va être chaud. Ensuite on monte dans un bus et le départ est hyper simple, sans flonflons, c’est la nuit, au bout d’un parking.

Je crois que je ne suis pas prêt pour cette course, je cours beaucoup moins qu’avant depuis que j’habite Dunkerque, je me dis que mon corps s’adaptera en allant. Heureusement quand même on a passé récemment une semaine sur la GTJ et ça me donne un peu confiance.

Je démarre tranquillement, Manu part vite devant, je ne me sens pas plein d’énergie mais ça pourrait aller. Ma stratégie d’alimentation c’est de l’eau salée dans une gourde et des barres de pâte d’amande. Une barre par heure au début. Je compte aussi me faire des œufs brouillés lyophilisés si je trouve de l’eau chaude à un des petits ravito intermédiaire que je sais qu’il va y avoir. Pour la fin du segment j’ai une petite canette de coca pour me booster et me tenir éveillé.

Tout le monde me double, je m’étonne, soit c’est moi qui me traîne soit c’est eux qui font les foufous. La barrière horaire est stricte à 4km/h. Ça donne un rythme limite de 15 minutes par kilomètre. Avant le premier ravito aux environ de 60ème kilomètre je voudrais bien être sur une moyenne de 5km/h. J’ai programmé ma montre pour qu’elle vibre tous les 5 kilomètres, ça me permet de faire un point. Moins d’une heure c’est bien, plus c’est que je me traîne. C’est mon système pour les ultras, peut-être qu’un rappel que je me traîne toutes les heures c’est pas assez ? Passer au rappel tous les kilomètres ? De toute façon depuis quelque temps ma Suunto ne vibre plus ni ne fait de beep. C’est une question purement théorique pour l’année prochaine.

Je passe une partie du parcours avec Maerten, il n’est pas avec son pote habituel, il accompagne une fille dont j’ai oublié le prénom. J’adore ce gars, je ne sais pas bien pourquoi, il rayonne la bonne humeur et la détermination, je l’ai vu plein de fois sur les événements Legends organisés par Tim, mais je ne crois pas que l’on se soit déjà parlé. On parle du Spine, il sait que je l’ai fini, il me demande ce que je pense de cette légende que le Legends est plus dur que le Spine. Et ben ouais, ça fait 4 ou 5 fois que je tente un Legends et je n’en ai jamais fini un, le Spine il ne m’a fallu que 2 tentatives, je ne dit pas que c’est un jugement impartial mais quand même le Legends c’est beaucoup plus dur pour les gars qui n’envoient pas.

En passant Maerten décroche d’un arbre le logo du Great Escape xxx que j’ai fait il y a quelques années. C’est du vandalisme mais qui se fie encore aux marquage physiques de nos jour GPSisés ? Ça me fait penser à un logo du Spine que j’avais choppé sur un vieux poteau vermoulu sur la Pennine Way. J’empoche son trophée, sans demander mon mon reste, bien amusé.

J’explique à Maerten mon objectif de CP 4 (l’an passé j’ai atteint le CP 3 au 160ème kilomètre environ). Il me met le doute, il dit que ceux qui arrivent au CP 4 finissent tous, il ne reste plus qu’un gros marathon après. En plus il y a la tente de chez Ingo. C’est chouette ça comme objectif la tente de chez Ingo. Il doit rester 20 bornes après. S’arrêter juste avant la fin, comme un taôiste qui fait l’amour sans éjaculer, faire des ultras presque jusqu’au bout. Lors de l’UTMB ou du Spine mon rêve c’était de m’arrêter juste avant la ligne d’arrivée, finir sans être finisher, faire du sport sans être sportif, transcender la bêtise, être plus fort que son objectif, garder un rêve dans le domaine des rêves, ne pas gâcher ses rêves, on en a si peu. Je suis faible, du bas monde, j’ai eu l’occasion de m’arrêter avant de finir des courses mythiques, mais je ne l’ai pas fait, griller un rêve c’est violent, comme de griller des neurones, la perte est incommensurable, il doit y avoir quelque chose qui nous pousse à finir, ça doit venir des chasseurs paléos, qui chassaient par épuisement, eux n’avaient pas le choix que de réaliser leurs rêves d’hallali, le moment de fêter la victoire . Eh bien je suis plus post-moderne que paléo, c’est un fait, c’est nul.

C’est pas roulant, les 5km/h ne sont pas assurés tout le temps, j’ai la gerbe, j’entre dans le bas. En ultra on dit que les bas sont toujours suivis par des hauts, il suffit d’attendre, quand même, c’est toujours compliqué de tomber dans un bas.

Au premier point flotte il n’y avait que de l’eau froide, au deuxième, 20km plus loin, pareil, mon lyophilisé c’est mort, je bois mon coca, c’est toujours ça et ça me fait beaucoup de bien. Les 20 derniers kilomètres avant le CP ne sont pas les pires.

Au milieu de la nuit j’ai une hallucination, un paysage extraordinaire apparaît à l’horizon, d’immenses tentes blanches qui me font penser à une maison de Barbapappa, ce n’est pas une hallucination, ce n’est pas possible d’en avoir lors de la première nuit, après 24h au mieux, mais là, c’est pas possible. En me rapprochant je découvre que ce sont des lampadaires qui éclairent une autoroute belge. Les fameuses autoroutes éclairées que les gars avaient vu quand ils étaient allés sur la lune. en tout cas le spectacle est féerique, merveilleux.

Juste avant l’autoroute, le petit chemin sur lequel on est, part à gauche tandis que le GPS indique une trace tout droit. Je ne m’y perds pas car j’ai la chance de voir un petit groupe de gars qui rebroussent chemin, le chemin évident n’est donc pas bon, je ne sais pas trop ce qu’ils cafouillent mais je m’engage seul dans les broussailles, le chemin a peut-être existé mais on dirait que ça fait 10 ans qu’il n’est plus entretenu, il y a plein de broussailles, j’adore, tout à fait Legends, là on pense plus à la Barkley qu’au Spine, j’entends encore Tim dire une truc du genre, lors de mon premier Legends, « la trace ne passe que par des chemins référencés, même s’ils n’existent plus, rien d’illégal… ». En tout cas voilà quelques kilomètres, ou centaines de mètres, pas roulant du tout, je pleure tout seul, quel bonheur.

Je crois que c’est quelques kilomètres plus loin que j’ai eu ma deuxième quasi hallucination de la nuit, cette fois-ci c’était une genre de ballon rouge qui flottait dans le paysage. En fait ce ballon rouge c’est le bonnet d’un lutin. Celui de la brasserie d’Achouffe qui brasse la bière La Chouffe avec un lutin au bonnet rouge sur les étiquettes. La brasserie fume énormément, quelle débauche d’énergie, c’est quoi le bilan carbone d’une pinte ? Du point de vue carbone, c’est quoi le mieux, le vin ou la bière ? Ah bah ouais, je vous pose la question.

Bon voilà, j’arrive au CP, je me demande ce que devient Manu, je n’ai que 2 heures d’avances, ça veut dire que j’ai été en dessous de 5km/h lors des premières 60 bornes. Je ne suis pas bon, je le sais, je n’avais pas l’objectif de finir mais quand même, juste 2 heures d’avances c’est nul. En plus le CP suivant est lui aussi environ 60 bornes plus loin, ça va être très chaud.

Quand j’arrive au CP je m’installe près de Maerten et sa copine qui m’annoncent qu’ils vont abandonner, c’est triste, la première foi que Maerten ne finit pas un Legends. Lui est cool, elle abattue. Et là qui je vois arriver ? Mon Manu, la fièvre et la bronchite, peut-être le covid, qu’il traînait depuis quelques semaines ont eu raison de lui, il n’arriver pas à envoyer et ça l’a découragé.

Demain c’est le début des trois joyeuses au carnaval de Dunkerque. On est samedi matin, si j’abandonne maintenant je vais peut-être pouvoir enfin en profiter. C’est horrible que ma seule course avec dossard de l’année tombe précisément pendant les 3 joyeuses.

Bon comme on va rester là, ce qui me plairait quand même c’est de d’atteindre les 80 bornes, pour mon Eddington number, un truc de Statshunters, je pense à la dernière borne de Domi lors du Esquelbecq Bray-Dunes xxx, 80 bornes c’est 50 miles et c’est en plus un badge dans Statshunters, un truc important quoi, donc me voilà reparti, tandis que Manu est rapatrié et récupère la voiture, les 20 dernières bornes n’ont pas d’intérêt, sauf que comme je prends mon temps des gars me doublent, je me demande s’ils sont encore là pour finir, encore un sujet de méditation sur la question de la motivation, continuer quand même quand tout a l’ai d’indiquer que ça va pas être possible. Les chasseurs paléos se décourageaient-ils de temps en temps ?

4 commentaires


  1. un petit groupe de gars qui rebroussent chemin, le chemin évident n’est donc pas bon, je ne sais pas trop ce qu’ils cafouillent mais je m’engage seul dans les broussailles…
    Je me souviens

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    1. C’est donc de là d’où tu revenais ce fameux dimanche de bande de Dunkerque .
      En tout cas, je peux dire que tu as une sacrée bonne condition physique pour la bande, que ce soit en chapelle ou au rigodon

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      1. Merci Xavier. J’ai 2 bonnes nouvelles pour l’année prochaine, d’une part le Legends ce sera une semaine après les 3 joyeuses, donc pas besoin de choisir et d’autre part j’ai appris pas mal de chansons du carnaval, pour avoir l’ai moins con et surtout mieux en profiter. J’espère qu’on se reverra au moins au carna 2024.

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