Je cherchais un sentier en boucles à faire en 3 ou 4 jours dans les Ardennes et je suis tombé sur ce GR 573 qui ne m’a pas déçu.
Le départ se fait de Liège, la ville de Jacques Lizène, le petit maître liégeois qui a déclaré une fois qu’il était son propre tube de peinture. Je vous laisse creuser cette histoire dans Google si vous êtes intrigués.
Je me rend à Liège en Blablacar et ça commence très bien. Un retraité apparemment pété de thunes après une carrière dans le pétrole offshore nous transporte dans la vw Tiguan de sa femme. Le gars oscille entre l’odieux et le sympathique. Heureusement, un ex footballeur professionnel est aussi du voyage et nous amuse beaucoup. Il y a une fille qui descend à Mons et on est extrêmement surpris de voir qu’il lui choppe son 06 le temps de sortir sa valise du coffre. Le gars avoue que sa carrière footballistique aura été énormément entravée par son manque de sérieux.
On longe l’Ourthe au départ de Liège. Paysage post industriel pas très folichon.
Le GR démarre officiellement à Angleur. On peut y arriver en train.
Je m’arrête dans une pizzeria à Chenée. Les liégeois ont un accent formidable.
On quitte la ville en commençant par la Lande de Mehagne. L’endroit est très sauvage. Un affleurement de schiste.
On franchi la Vesdre à Vaux-sous-Chèvremont. Village charmant au fond de sa vallée. Laminoir du XVI ème siècle. Lorsque j’y passe on est mi-août mais les arbres ont bien souffert de la canicule. Certains ont déjà les feuilles qui brunissent. Automne is coming. À la taverne du coin, le Chèvremont la terrasse est noire de monde. Je regrette d’avoir pris une pizza à Chenée, les boulets à la liégeoise avaient l’air bien sympa.
Bivouac près du fort de Chaudfontaine, pilonné par les allemands au début de la guerre de 14. Le fort est invisible depuis le sol. Je crois dormir au pied d’un château d’eau mais en fait c’est une prise d’air construite dans les années 30, lors du réarmement du fort.
Au pied de la colline du fort le GR emprunte une route bitumée. Il y a moyen de l’éviter en descendant directement vers le berges de la Vesdre.
Après Chaudfontaine le GR grimpe dans un joli bois. Le passage le long de la Lovegné est sympa.
Peu après, le GR descend dans la vallée et longe le chemin de fer du côté de Prayon. Je préfère rester sur le coteau du bois des dames.
Au Bois des dames je découvre 2 nouveau mots. Un site calaminaire (comme calamine ) est un site pollué par des poussières de minerai de zinc et une plante métallophyte est une plante adaptée à ce milieu.
À Trooz je cherche une boulangerie mais je n’en trouve pas, par contre, à la sortie du village, ce merveilleux bâtiment aurait hébergé des forges fabricants des fusil en damas jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle.
Peu après Trooz on longe une carrière en exploitation. Le GR emprunte du bitume alors qu’il y a moyen de passer plus haut sur le coteau.
À Nessonvaux. Croisement du fameux gr5 qui relie Bergen op Zoom dans les pays Bas à Nice. Ça fait rêver.
Contournement de Vervier assez laborieux et bitumeux. Belles villas qui contrastent énormément avec le centre de Vervier et tout ses magasins abandonnés. Une variante du GR 573 passe par le centre de Vervier et si c’était à refaire, je crois que c’est elle que je choisirais.
Le GR 573 remonte ensuite vers le charmant village de Limbourg en passant par une belle forêt. Le GR ne passe pas dans le village mais c’est un tout petit détour que je recommande.
Limbourg est un très très beau petit village avec une très belle place bordée de maisons du 18 ème siècle.
Au village de Gloé je m’attarde auprès de villageois qui jouent à la pétanque. Il y a une bonne ambiance. C’est vraiment agréable de comprendre la langue des habitants.
Peu avant Eupen, après Membach traversée de pâtures avec des petits portillons blancs pas hyper pratique avec un sac à dos.
Je bivouaque dans une pâture en espérant voir des étoiles filantes. Vers 4h du matin, un orage éclate dans le lointain. Je pourrais lever le bivouac avant qu’il n’arrive sur moi mais je décide d’en profiter pour faire une expérience de bivouac sous la pluie. Je met la bâche (footprint de la Hubba Hubba) au dessus de mon sac de bivouac. Ça marche pas mal mais ce serait mieux si j’avais 4 piquets pour bien maintenir la bâche en mode tarp minimaliste.
Assez vite je passe à l’expérience suivante : lever le camp sous la pluie battante. C’est marrant comme tout. Je m’attendais à ce que ce soit épouvantable mais en m’abritant sous la bâche pour remettre toutes les affaires dans le sac, ça se passe sans trop tremper les affaires.
Du coup j’arrive à Eupen en pleine nuit. D’après les panneaux et les publicités ça parle allemand par ici. Eupen ville industrielle. Je me demande si j’ai envie d’y retourner.
Après c’est parti pour plus de 20 kilomètres sans le moindre village. Il y a environ 10 kilomètres en sous bois, dans le Hertogenwald, la plus grande forêt domaniale de Belgique. On longe la Helle, un affluent de la Vesdre et après la forêt c’est parti pour un peu plus de 10 kilomètres dans les fagnes. Paysage magique. Beaucoup d’explications très intéressantes sur les Fagnes. On franchi les tourbières sur des petites passerelles de bois souvent en très mauvais état.
Juste avant le signal de Botrange, le point culminant de la Belgique (694 mètres) il y a moyen de couper au travers de la tourbières. Ça permet d’éviter 3 kilomètres de piste caillouteuse sans intérêt. Je me demande bien ce qui fait que parfois le GR suit une trace nulle quand il y a bien mieux juste à côté.
Au signal de Botrange il y a une brasserie que je n’attendais pas. Il n’y manque qu’un feu chaud pour que ce soit parfait. J’y commande leur grosse soupe Fagnarde à la viande. C’est très très copieux.
10 kilomètres plus loin je fais un détour par le petit village de Hockai. Petit hôtel restaurant pas exceptionnel. Moule frites quelconque. Il y a une auberge pour randonneurs, quelques kilomètres plus loin, dans la forêt au bord de la Hoëgne qui a l’air bien plus intéressante.
Le passage le long de la Hoëgne est féerique. Ça fait un peu penser au Ninglinspo ou aussi au Colebi, 2 autres vallées belges aussi belles que des rivières bretonnes.
Le soir tombe, dans une clairière (avec sans doute l’auberge pour randonneurs, je ne suis pas sur) le GR 573 quitte les bords de la Hoëgne pour contourner Solwaster par l’ouest. J’hésite à cause d’un raccourci possible en contournant Solwaster par l’est en continuant le long de la Hoëgne. L’indication qu’un dolmen se trouve sur le chemin me fait opter pour la voie normale et je ne le regrette pas. Outre le dolmen le sentier remonte près d’un spectaculaire éperon rocheux. Je ne regrette pas mon choix d’itinéraire.
Notez aussi qu’à ce même parking se trouve un embranchement du GR 573 qui passe par Spa.
Je bivouaque sur un banc à l’orée de la forêt. Les paysans on installé des protections électriques de 10.000 volts pour se protéger des dégâts des sangliers. Ça ne me donne pas trop envie de dormir par terre comme d’habitude. Musique techno dans le lointain, une rave dans la forêt ?
Après le village de Polleur, le GR passe sous l’autoroute et on emprunte ce qui pourrait bien être une ancienne voie romaine qui nous conduit au très imposant château fort de Franchimont.
Je shunte une petite boucle qui permet probablement d’avoir une belle vue sur le château de Franchimont pour passer par Theux, gros bourg animé.
Après Theux joli petit village d’Oneux (attention, plusieurs Oneux en Belgique) et un peu beaucoup de bitume avant de rejoindre Pepinster.
À Pepinster, aillant bouclé cette branche du GR 573, je prends un train pour Liège et mon Blablacar de retour vers Lille.