Et bien voilà Riri, Fifi et Loulou ont encore passé une belle petite tranche d’espace spatio temporel ensemble. 53km dans le joli pays de Mortagne, un territoire méconnu et pourtant charmant à quelques dizaines de minutes en voiture de la métropole Lille-Roubaix-Tourcoing.
Ben nous a fait découvrir, StatsHunter, un truc qui récupère nos traces dans Strava et les affiche sur un fond de carte quadrillée. Chaque case de ce quadrillage change de couleur si on y a posé le pied, ou la roue. Dans StatsHunter il y a aussi une couleur spéciale pour le plus grand carré dans les zones parcourues. Mon plus grand carré est en Belgique, du coté du Mont Saint Aubert, et depuis quelques semaines je pars « faire des carrés », c’est à dire courir dans des endroits où je ne suis jamais allé. Plusieurs fois, j’ai maudit Ben car il y a souvent de bonnes raisons pour ne pas aller dans certains coins, même avec Locus, il n’y a pas moyen de trouver des chemins, tout se fait parfois sur du bitume dans des paysages moches. A vélo ça doit passer mais à pieds ça peut être long.
Mais parfois StatsHunter entraîne de belles découvertes, comme ce jour où je suis arrivé à Kooigem dans le pays de Mortagne, il y avait là une petite colline avec un bois en haut et une jolie maison blanche au milieu des champs, à flanc de coteau. Un endroit où je me suis senti bien et où j’ai eu envie de retourner.
Lors de ma première visite j’ai repéré qu’il y avait des petits poteaux portants des numéros, des knooppunt pour les randonneurs. Je suis alors tombé sur un site merveilleux pour les organisations de randonnées dans les Flandres belges : wandelknooppunt.be sur ce site on peut organiser la randonnées que l’on veut en cliquant sur une suite de points. Le résultat est téléchargeable en GPX. Pour le Land van Mortagne il y a 150 kilomètres de chemins référencés et ça a été très facile de tracer un parcours de plus de 42 kilomètres qui pourrait bien être une trace intéressante pour la confrérie.
Pour aller reconnaître ce parcours et voir sur place si c’était si bien que ça, j’ai proposé à mes camarades d’aller essayer d’en faire le tour, les fidèles Domi et Lolo, avec qui on a déjà tant partagé de sorties cette année (les 15 nefs, Calais-Lille, la grande traversée de la côte d’Opale…) se sont portés volontaire. Départ à 7h pour profiter du lever du soleil.
Ce coin m’enthousiasme, je m’enthousiasme facilement me direz vous, mais oui c’est ça. Le parcours est génial, si près de la métropole, si inconnu, si loin aussi au niveau culturel, si bucolique, des vues incroyables sur le Mont Saint Aubert, le Mont de l’Enclus, la métropole, un paysage vallonné, des voyettes, des chapelles, des châteaux, des éléments incroyables comme ces blocs de béton au milieu des champs dont je ne vous dirais pas à quoi cela peut bien servir (c’est entre le knooppunt 46 et le knooppunt 47), des petits villages, des lignes de tramway abandonnées, des énormes fermes rénovées à la flamande avec des Porches dans la cour, l’impression d’une immense richesse matérielle chez les flamands, quelque chose de modeste si on pense aux Alpes…
Quelques éléments sur ce jour là
- Domi aussi est fan de StatsHunter, il est content de faire de nouveaux carrés, son carré max est un 12×12 mais il fait du vélo aussi.
- Lolo, devant une ferme immense parfaitement rénovée a dit, « nous voilà chez les Ewings ».
- A Bellegem nous dépassons un papa qui conduit ses enfants à l’école. La plus jeune n’a peut-être pas un an, elle porte un gilet jaune qui touche par terre.
- Au café de France, au 42ème kilomètres on a, à la fois franchi la barrière de l’ultra et bu quelques bonnes bières (merci Seb pour la correction) avec une découverte, la Piraat triple hop. Le patron est hyper sympa, il ne parle pas un mot de français (un paradoxe dans le café de France), il fabrique devant nous des pop corn et nous en offre un bol.
- Riri, Fifi et Loulou c’est un truc de Lolo dont je n’ai pas compris toute la portée (Lolo me dit que ce n’est pas de lui mais de Domi, je suis perdu)
- Domi n’a pas fait l’intégrale, il avait un thé de prévu avec une copine de Sabine.
- Avec Lolo, sur la fin, on quitte la trace prévue et on découvre un élevages d’animaux bizarres, des biches peut-être mais pas d’après Lolo. J’ai trouvé le nom de la ferme et leur site internet. Elle s’appelle la ferme de Bouvrie et on peut y aller y acheter de la bidoche (herten = cerf, runds = bœuf, kalfs = veau, lams = agneaux). Je me demande si la biche est bien la femelle du cerf. La Wikipédia confirme que oui et la faon est le jeune. J’apprends à l’occasion que le hère est le cerf mal entre 6 mois et un an et que le jeune mâle est appelé daguet.
- Ce matin j’ai acheté des choux de Bruxelles au marché et tandis que je les prépare, je me dis qu’il faut que je mette dans mon compte rendu que juste avant la jolie Tontekapel, sur le Geitenberg (la montagne de la chèvre, au knooppunt 58), il y avait un immense champ de choux de Bruxelles que je n’avais pas repéré le dimanche précédent. Cette chapelle est l’objet d’un culte populaire, y attacher un vêtement permet de guérir de la fièvre, il n’y avait qu’un bout de tissus quand nous y sommes passés, le culte est sans doute en train de passer, où alors la fièvre a trouvé des médicaments plus efficaces ?
- Seb foufou a failli venir et il a regretté d’avoir préféré un truc dans le club d’athlétisme quand il a réalisé que le premier novembre était un jour férié.
- Une des réflexions du jour aura porté sur les dossards. Quelle chance nous avons de nous connaître et de faire des trucs comme ça ensemble. Des jours de partage et de bonheur, en dehors du circuit.
- L’impression de magie, que ce que nous faisons ensemble est parfaitement improbable, c’est incroyable que, sur cette terre, dans cet espace temps, nous nous soyons rencontré, les probabilités étaient contre nous. C’est comme une belle histoire d’amour, une histoire bouleversante, une histoire dont nous nous souviendrons toujours.
- Nous avons parlé de pleins de projets, la future sortie marché de Noël de la confrérie, Bruxelles-Roubaix, de land van Streuvels, le tour de Belle Île prévu en mai et de d’autres trucs que j’ai oublié.
- Domi avait dit à Lolo dans la voiture que ça allait être hyper plat. Lolo n’est pas du tout d’accord au bout de 40 km, il n’en peut plus, il a mal au ventre, heureusement, un breuvage houblonné, au 42ème, l’aura requinqué.
- Lolo a pris plein d’images et de film de cette sortie, il hésite à monter ses images de peur de divulgâcher cette future confrérie. Je lui dit que non, une confrérie c’est de la découverte mais c’est surtout un moment, l’existence de documents écrits ou vidéalisés (houa le néologisme, mais en fait non, ce n’est pas un néologisme, au moins Antoine Malette a déjà trouvé ce mot), précédant une confrérie, n’ôte rien au moment qu’est une confrérie dans son essence, le jour de la réunion. Voici donc son montage vidéo et les photos de cette journée.
PS : ce matin, tandis que j’allais au marché acheter des ingrédients pour faire une ratatouille, j’ai appris que Francis, un maraîcher chez qui j’achète mes légumes depuis 1996 au moins, presque 25 ans, a passé l’arme à gauche, un AVC. C’est bien triste, j’ai punaisé sa photo dans ma maison, je ne veux pas l’oublier. J’ai acheté des choux de Bruxelles à ses enfants et la boucle est bouclée puisque les choux de Bruxelles sont aussi dans ce compte rendu.
La trace dans Strava :
Permaliens
Merci M.Miles.
Touchant de réalisme ce p’ti compte rendu. Laissons de la place à la magie de l existence à force de tout vouloir expliquer l Homme se perd. Ça devait bien être des biches mais comme le fait de laisser un doute nous a fait délirer ça m amusera toujours la folie douce
Permaliens
Oh oui Lolo, la folie douce est ce qui nous relie, l’entente et l’incompréhension, je veux dire l’émerveillement d’être si différent et de partager tant. Toi toujours dans la poésie et dans l’instant moi toujours barré dans un autre monde, dans une autre poésie. On y est Lolo, on y est…