Nous étions partis pour faire un tour du Vieux Chaillol mais tout ne s’est pas passé comme prévu.
Premier jour : De Dormillouse au lac des Estaris en passant par le col de Freissinières
Départ du parking de Dormillouse au dessus de Freissinières. A Freissinières nous nous sommes approvisionné chez un excellent traiteur au bord de la route, à nous les tourtons… La montée est tout de suite sèche pour aller à Dormillouse, déjà une très belle cascade. L’hiver ont y grimpe sur des cascade sur glace, il y en a une qui s’appelle Blow Job, marrant.
A Dormillouse, un petit hameau de montagne, Lolo et Sarah demandent des nouvelles de Serge, le patron du gîtes de l’école qui les avait accueilli il y a quelques années pour une aventure en raquette dans la vallée. Serge a pris sa retraite il y a un an nous annonce sa charmante remplaçante.
On ne traîne pas à Dormillouse. On s’engage dans la vallée du torrent de Chichin. Le col de Freissinières est annoncé à 4h de marche. On atteint la cabane du berger. Le chamane que j’y ai rencontré il y a quelques années n’est pas là, dommage.
Le paysage est superbe nous ne croisons presque personne de la journée. Plus on monte, plus c’est minéral. Il y a d’innombrables cascades merveilleuses.
Mes compagnons sont joyeux, heureux, on est bien. Je médite sur le plaisir de partager en randonnée, partager des émotions, des choses que l’on voit, des souvenirs qui nous reviennent, ce serait dommage d’être seul en montagne. J’ai de la chance avec cette bonne compagnie.
Tandis qu’il ne reste que quelques centaines de mètres de dénivelé avant le col mes compagnons ont un coup de mou. Leurs sacs sont trop lourds. On decide de bivouaquer au lac des Estaris à 2500m d’altitude au lieu de réaliser mon programme du col de Prelles et du Bonhomme de Bois avant le refuge de la Chaumette.
Le col de Freissinières, 2782 mètres, est quand même atteint. Dans la montée je fais un herbier en prenant en photo les très nombreuses fleurs merveilleuses qui bordent le sentier. Je n’en reconnais presque aucune. Lolo se moque de moi.
On arrive au bord du lac des Estaris. Sarah et Lolo sont soulagé. Je cours sur les 4 kilomètres qui nous séparent d’un téléphérique. L’idée est d’aller chopper une bouteille de Génépi pour remonter le moral de Lolo. J’arrive juste à temps pour faire un aller retour en profitant de la dernière cabine sans oublier de remonter aussi des gâteaux du coin, des tartes du Champsaur.
Je me couche dans mon bivy bag. J’ai du mal à me réchauffer avant de bien mettre les capuches de mon sac de couchage.
J’ai remarqué que je faisais toujours des cauchemars quand je bivouaquais. Ça ne rate pas. Je suis sur une autoroute en voiture, mes lumières cafouillent, je n’arrive pas à savoir si elles sont allumées ou éteintes. Tout d’un coup toutes les lumières de toutes les voitures s’éteignent. Je vois un carambolage dans la nuit devant moi. Mon frein ne réagit pas. Je me vois mort mais non ma voiture s’arrête et ça va. Je me réveille.
J’ai chaud maintenant, on voit bien les étoiles, mais il y a quelques nuages qui arrivent très vite. Je vois des éclairs blancs. Je pense à des papillons de nuit. J’essaie d’en revoir, je guette, et eureka, ce sont des étoiles filantes que l’on voit à travers les nuages. C’est merveilleux.
Deuxième jour : lac des Estaris – col de Prelles – Dormillouse
Il a fait très froid la nuit à 2500m d’altitude. Les verres de mes lunettes étaient recouverts de glace le matin. J’ai moyennement bien dormi.
On prend notre temps pour décoller, on attend longtemps le soleil pour sécher la tente et mon sac de couchage.
On monte au col de Prelles. Nos premières marmottes montrent le bout de leur nez, il y a même des bébés marmottes qui gambadent. C’est charmant.
Le paysage la haut est sublime avec le Cirac l’Olan et le Pelvoux (j’y serais la semaine suivante lors de mon tour des Écrins). Malheureusement, de l’autre côté du col c’est très très raide et il y a une longue traversée d’un pierrier en schiste, sans chemin, qui a l’air bien périlleuse. Des ouvriers saisonnier du parc national nous recommandent vivement de ne pas nous aventurer là dedans. Nous renonçons. Mon plan B est de redescendre vers Orcière et d’atteindre ensuite le parcours vers Chaillol. C’est un plan pourri, surtout qu’il faudra revenir par le même chemin.
Lolo a alors une idée lumineuse, retourner à Dormillouse par le même chemin et se rapprocher ensuite en voiture. Et voilà, on est parti, col de Freissinières et 1500m de descente jusqu’à Dormillouse.
Nous rencontrons le berger au bord du chemin, avec son troupeau et ses chiens. Ce n’est pas le berger chamane, il en a entendu parler, c’est la deuxième année qu’il ne vient pas. Il nous parle de ses brebis qui viennent de Provence, de la meute de loups qui ont leur tanière dans la forêt voisine. Il dit qu’il a 2 patous mais qu’ils doivent être en train de faire la sieste.
D’autres randonneurs arrivent, nous repartons, le patou ne dormait pas, il traverse le troupeau pour venir nous intercepter. Nous nous arrêtons et il se met à nous regarder méchamment en aboyant. C’est un énorme chien blanc. Je suis les consignes lues sur un panneau dans la vallée, je ne le regarde pas dans les yeux, je fais semblant de bailler, je lui parle doucement, je met mes bâtons entre moi et lui, il se calme, il pisse et nous laisse repartir. Il se met à nous suivre et encore à aboyer. Lolo est le dernier de la troupe, il est terrorisé, je prends la dernière position. Le troupeau est loin derrière nous. Je négocie une seconde fois notre droit de passage auprès de cette bête. Bizarrement le patou ne se préoccupe pas du tout des randonneurs suivants.
On arrive à Dormillouse, on s’arrête pour boire une bière au gîte de l’école. Un groupe de marseillais est là. Je me moque de leur façon de prononcer le mot banc. Nous sympathisons. Ils s’intéressent beaucoup à mon chapeau. Ils veulent me l’acheter, il n’en est pas question.