Difficile de commencer le compte rendu d’une épopée, j’ai beaucoup de mal à m’y mettre, je ne sais pas pourquoi. Bon voilà, ce sera peut être mauvais mais je me lance.
L’idée était dans l’air depuis la grande traversée de la côte d’Opale en 2019, compléter la découverte du littoral avec un projet qui claque bien, baie de Somme, baie de Seine, la distance est sympa environ 200 bornes un projet qui passe avec juste un jour de congés. En plus, on avait été si bien sur la côte d’Opale qu’on n’avait qu’une envie, renouveler l’expérience. En fait ce qu’on aime c’est l’ultra trail bivouac, on cours, et on dors dehors.
On part du Havre le jeudi soir, on est 5 les mêmes que sur la côte d’Opale, on va être bien.
Le Havre est plus sympa que ce à quoi on s’attendait, la douceur estivale n’y est peut être pas pour rien, on commence par un petit repas en terrasse, on est bien.
On pars en choisissant une arche de conteneur comme point de départ. L’idée est de quitter la ville pour trouver un petit coin tranquille pour bivouaquer.
La lumière est très belle, la lune éclaire la baie de Seine, c’est romantique.
On se met d’accord pour poser le bivouac dans un coin d’herbe près d’un blockhaus du mur de l’atlantique, en haut de la falaise. On est bien, un phare, non loin, nous baigne dans sa lumière intermittente. Certains dorment bien, d’autres pas du tout, c’est ça le bivouac.
On repars au lever du jour. On cherche une boulangerie pour notre petit déjeuner, on n’en trouve pas. Vers midi on arrive à Etretat, c’est très très beau, on fait plein de photos.
On considère qu’on franchit l’ultra à Etretat, c’est l’heure de l’apéro, on boit des bières sur une terrasse, on prends notre temps.
L’après midi est très longue, on aurait bien voulu atteindre Saint Valéry en Caux au 90eme kilomètre, pour notre deuxième bivouac, mais ça s’annonce assez vite compromis, on ne va pas assez vite, il y a beaucoup de dénivelé.
A un moment, la mer est basse et on décide de passer par le pied des falaises, les galets sont très gros et très casse patte, on ne renouvellera pas l’expérience.
Vers 19h00 on en a ras le bol, on est dans un petit village, on fait un rêve, comme Jer rêve d’un bon welsh, on se dit qu’on pourrait tomber sur un estaminet qu’un flamand serait venu ouvrir en se disant que ça manquait dans le coin. Et c’est alors qu’une charmante villageoise nous indique un bar ouvert où nous pourrions peut-être trouver à manger, et là, bim, qu’est-ce qu’on trouve ? Un café chti, ouvert tout récemment par une femme de Lens, on y est, la cuisine est ouverte, il y a du welsh à la carte, de la Paix Dieu dans le frigo, on est au paradis.
On y traîne pas mal, Lolo se recrème tout partout, un couple à la table d’à côté s’intéresse à notre aventure, il nous parle du scandale des chasseurs qui se moquent des randonneurs, de Petite Dalle qui est plus grand que Grande Dalle, que dalle est un mot ancien pour valleuse, il nous parle aussi du trail du coin, il nous propose de nous héberger si on vient le faire, on décline l’invitation, faire 200 bornes de voiture pour courir 35 kilomètres sur les galets ne nous dit trop rien.
On repars avec objectif Veulette, pour le bivouac, on n’y arrive pas, des éoliennes, une pelouse, un camion sous lequel Seb pourra dormir, un vote et l’endroit est choisi. Je n’ai pas trop mal dormi mais je crois que j’étais bien le seul, les éoliennes c’est très bruyant et c’est installé dans des coins très venteux. La prochaine fois c’est sûr qu’il y aura moins de votants pour ce genre d’endroit.
On part vers 5 heures du mat, on arrive à Saint Valéry en Caux pour le petit déjeuner. Après la mauvaise nuit qu’on vient de passer certains n’ont pas trop le moral. Jer en particulier parle de s’arrêter à Dieppe, au moins après être passé par Saint Aubin qu’il connaît bien. On n’est pas en avance par rapport au programme, ce qui est sûr c’est que ça va être long.
Peut après Veules-les-Roses on franchit le méga. On se fait un petit sprint pour célébrer le moment. Pour ceux qui ne sauraient pas ce que c’est que le méga je leur dirai que le méga est aux 100 kilomètres ce que l’ultra est au marathon.
Vers midi on arrive à Saint Aubin, Jer nous avait vendu du rêve, on n’y est pas du tout, une grande digue en béton, pas de village, un petit snack bar au bout de la plage. Il s’avère qu’il s’est trompé de Saint Aubin et qu’il y en a un autre dans le Calvados. On rigole bien avec cette affaire. On fait notre pose de midi dans le snack bar.
Entre Saint Aubin et Dieppe c’est très joli, il y a la belle montée vers le phare d’Ailly qui n’est pas sur le GR mais que Domi a choisi de prendre pour mieux coller à la côte. Merci Domi pour ce travail de traceur, on peut avoir eu l’impression que moins on était sur le GR, plus le paysage était joli. Plein de fois on a rigolé avec le plus beau GR de France, surtout quand on était au bord d’une route passante au milieu de champs de betteraves.
Donc je disais qu’entre Saint Aubin et Dieppe c’est très joli. Il y a aussi une belle valleuse à Sainte Marguerite et pour la première fois je peux voir les fameux vitraux de Braque de la chapelle du cimetière marin de Varengeville.
On arrive à Dieppe pour le dîner, Jer ne parle plus d’abandonner, on révise nos plans, il n’y aura pas de deuxième nuit de bivouac, il y aura une nuit blanche si on veut avoir une chance d’atteindre Le Crotoy comme prévu.
Après Dieppe, au soleil couchant, on est sur la falaise dans des herbes hautes, avec Domi on pense au Lake District où on a déjà couru ensemble un 10 peaks.
La nuit est longue, on avance doucement, c’est un peu interminable, j’aime bien ces moments où c’est très long. On sent que la fin va être très longue. On se dit que Le Hourdel c’est sur la baie de Somme et que donc on y sera pour compléter le projet Baie de Seine, Baie de Somme. Ça nous retire quelques heures de marche, c’est raisonnable pour nous donner du temps pour organiser notre retour.
Peut avant le Tréport Lolo a besoin de se remettre de la crème. On en profite pour faire une micro sieste allongé sur le béton d’un trottoir exposé à tous les vents. On avait déjà eu le même genre de moment lors de sortie confrérie des Seniors du Fleuve.
Il se met à pleuvoir dans la nuit, on écrabouille les escargots tant il y en a. Seb est mal équipé contre la pluie, il a peur que ça ne s’aggrave, il décide qu’il est plus prudent de s’arrêter au Tréport.
On sors du Tréport, sans Seb avec les premières lueurs du jour. Il s’est arrêté de pleuvoir, en fait Seb aurait pu continuer.
Lolo atteint pour la première fois la barre mythique du 100 miles. Bienvenue au club Lolo, mister Miles two.
C’est très joli le petit matin avant Ault, on commence à se dire que c’est bientôt fini, c’est vallonné, il y a encore les falaises, des vaches aussi et le jour qui se lève, on est bien.
A Ault, tout nous attendait pour notre petit déjeuner, une boulangerie ouverte à côté d’un bistro ouvert. Je ne sais pas si j’y retournerai avec une copine mais on était très bien là.
Il nous reste un sacré bout de bon calvaire avant d’arriver, les falaises ont laissé la place aux galets du côté de Cayeux. Cette bande de galets est interminable. Plus de 10 kilomètres d’un paysage extrêmement monotone et en plus désagréable pour nos pieds fatigués. C’est la misère cette fin, il nous prend l’envie de courir pour abréger nos souffrances, bien nous en a pris, c’est certain.
Juste avant le Hourdel on profite des phoques traditionnels.
C’est marrant mais je n’ai aucun souvenir de ce qui s’est passé après l’arrivée, sans doute l’épuisement..
La merveilleuse vidéo de Lolo : Vidéo Lolo
L’album des photos du week-end : Photos.