Une super journée, très dure et très conviviale avec les gars de la Confrérie des Horizons.
A moins d’une semaine de la fin de ma dernière courses (116km sur les 12 labours of Hercule, CR en cours de rédaction), j’avais encore les jambes très lourdes et je n’avais manifestement pas complètement récupéré. Mais comme une sortie avec la confrérie ne se refuse qu’en cas de force majeure, j’ai pris ma caisse pour être présent au rencard, à 8h du mat à Drouvin Le Marais dans le 62. Mon idée était de courir les 30/40 premiers kilomètres de cette Escale en Artois et de voir si j’avais encore assez de pêche pour tenir jusqu’au bout. J’étais assez inquiet car pour cette sortie de Juillet, seul une poignée de gars avaient annoncé leur participation sur Facebook. Mes 2 sorties précédentes (Gerberoy et la Grande Alliance dans le Kent) réunissaient plus de 30 chevaliers, et comme à 30 il y en a toujours au moins 1 qui traine la patte, le rythme était assez tranquille (règle de la confrérie : on commence ensemble et on finit ensemble) mais j’avais peur qu’à quelques uns ce soit une autre histoire. Effectivement, j’en ai vraiment chié et je crois que je n’étais pas le seul.
On s’est finalement retrouvé à 9 sur la place de la mairie de Drouvin avec 2 gars qui n’avaient pas l’intention d’aller jusqu’au bout.
Le tracé était sublime. On était sur les terres d’Olivier qui en connait toutes les touffes d’herbe et presque tous les champs d’orties, de ronces et de bosquets de pruneliers aux épines acérées. Presque tous parce que manifestement le passage au pied d’un terril dans un petit bois de pruneliers tapissé d’orties ne lui était pas encore coutumier. Épique, il fallait quasiment ramper dans des passages justes praticables par des lapins sans avoir à choisir entre Charybde et Scylla puisque nous n’échappions ni à l’un ni à l’autre. On s’est réconforté à la fin grâce à un enseignement de mon grand père : les piqures orties sont excellentes pour la libido.
Olivier avait tracé le 104km des Pyramides Noires avec pleins de contraintes (pas de franchissement non protégé des voies ferrées, pas de montée au sommet des terrils classé espace naturel…) et là on a pu se régaler en faisant tout le contraire. L’escalade des 2 terrils jumeaux du 11/19 de Loos en Gohelle avec des vues infinies sur toute la région aura été une grande première pour moi. C’est incroyable de trouver une telle variété de paysages sans presque jamais passer sur du bitume sur 75 kilomètres. La végétation était superbe, les vipérines, les mures, les pruniers sauvages, les coquelicots, les chardons, les cardères, et les orties étaient à leur apogée.
J’ai aussi énormément apprécié l’aspect culturel de la journée. Avec la confrérie, on prend le temps de faire le tour des belles églises, on commente le paysage et comme Olivier connait très bien la région c’était tout à fait différent d’un trail avec dossard où on est le nez dans le guidon et où on n’est pas aidé pour mettre des noms sur les éléments du paysage. On l’a un peu charrié avec la roborative antenne de Bouvignies, les éoliennes et les terrils jumeaux qu’on a fini par connaitre par cœur mais c’était parce qu’on aurait préféré être téléporté directement sur la grand place de Béthune.
Physiquement c’était très dur pour presque tout le monde. On a eu vraiment soif et toujours peur de ne pas avoir assez d’eau pour atteindre le prochain cimetière. De cimetière, il n’y en eu finalement qu’un mais heureusement, 2 confrères avaient pensés à nous et nous attendaient à des endroits stratégiques pour nous sustenter en bière et en eau. On appelle ça des ravito sauvages et c’est vraiment un des trucs très sympa des sorties de Confrérie. Merci à TomTom et Jéjé pour leur soutien inestimable. On a aussi dévalisé le frigo d’une boulangerie polonaise.
Pour ce qui a été de la boisson, l’apothéose aura quand même été la réalisation de l’objectif qui nous a maintenu en action pendant des heures : une bonne mousse sur la grand place de Béthune :
Il serait bien dommage aussi d’oublier la dernière bière de la journée, conquise après une lutte contre la montre finale contre l’orage menaçant. Les cieux nous ont accordé une bonne demi heure de libations avant de se déchainer sur la route du retour. On a vraiment eu du bol car finir dans le déluge après avoir souffert de la soif pendant toute la journée, ça aurait vraiment été trop injuste.
Avant d’en arriver là on a vraiment souffert. La chaleur n’était pas vraiment terrible mais l’air était lourd et les orages du soir s’annonçaient mémorables. Tout le monde en bavait mais personne n’a rien voulu lâcher. Mentalement le combat c’était, on est en OFF, on peut se reposer et tout le monde se reposera, on peut trainer la patte et tout le monde trainera la patte MAIS, personne ne traine la patte, tout le monde serre les dents et on continue de courir. Il y avait même une sorte de communion virile entre nous, on essayait d’éviter de se plaindre, on parlait peu. Olivier nous encourageait toujours et lorsqu’il à dit « allez, restons groupés, on est bien en meute », c’est vraiment ce que je ressentais. On était vraiment bien.