Bon, après avoir fait 73 km dans l’audomarois la veille, le programme de Domi comprenait une deuxième journée plus tranquille avec 54 kilomètres annoncés autour de Watten, l’idée est de faire tous les carrés entre le mont des Cats et la forêt de Clairmarais pour que le cluster Statshunters de Domi s’agrandisse.
Perso j’avais peur de deux choses, premièrement que ma malléole me fasse des siennes et deuxièmement que je sois le maillon faible de la journée. A la fin de la journée audomarois, j’ai vraiment eu envie d’y aller et j’ai demandé à Domi si ça ne l’emmerdait pas trop d’avoir un traîne savate dans sa troupe pour le lendemain. Ce Domi est très gentil, il m’a encouragé à venir. Mon cœur avait envie d’y aller, mon corps ne me faisait pas trop souffrir et mon esprit me disait que ce n’était pas très raisonnable après 3 mois d’inactivité d’enquiller tant de bornes en si peu de temps. Bon, comme j’avais pris un jour de congé pour l’affaire, j’ai suivi mon cœur.
Après le bivouac à Buysscheure, Lolo et Ben nous ont abandonné et on s’est retrouvé à 3 avec Domi et Seb pour le départ à Cassel. Je suis un petit peu inquiet, deux gazelles et un hippopotame, pas sûr que ça le fasse. J’ai des doutes sur mes performances sportives, j’espère qu’ils ne gardent pas trop le souvenir d’avoir eu à m’attendre à tout bout de champ, mais en ce qui me concerne je ne regrette pas du tout d’avoir signé pour cette aventure. J’ai l’impression que cette affaire m’aura définitivement guéri de la crainte que ma malléole intérieure gauche ne soit un point faible qui m’interdise de continuer à courir.
Le parcours peut être séparé en deux parties indépendantes, du haut du mont Cassel on descend vers la forêt de Clairmarais pour ensuite contourner Cassel par le sud, atteindre Eecke, longer l’autoroute avec le Mont des Cats.
Interlude : tandis que je suis en train de rédiger ce compte rendu mon fils m’oblige à regarder le premier envoi d’hommes dans l’espace par SpaceX. Je suis désolé de vous dire que cette affaire m’atterre pour pas mal de raisons. D’abord c’est une compagnie privée qui remplace un organisme étatique, je suis désolé de préférer l’état au profit, ensuite quel massacre au niveau écologique, brûler tant de pétrole pour la gloire d’un capitaliste et la perte de la vie sur la terre, une pure honte de mon point de vue. Je vais prendre un peu de temps pour échanger avec mon fils. « Tu es contre l’évolution de la race humaine ? » Ça commence bien, je vais me régaler. Ça saigne, les entreprises privées sont mille fois plus efficaces que les organismes étatiques, les gouvernements c’est de la merde. Débat sur la corruption. Je rappelle que les russes ont été les premiers à envoyer un satellite, mon fils me rétorque que c’était une technologie récupérée chez les nazis. Pour lui, l’entreprise privée est la seule efficace. Notre débat est de piètre qualité. On dirait un débat d’idéologues, c’est fâcheux, j’utilise les pires arguments, la tragédie des communs, les murs élevés au dix-neuvième siècle par des prisonniers français pour privatiser la campagne anglaise. Il me rétorque que Tesla est bien plus efficace que Boeing parce que Boeing est une entreprise d’état. Notre incompréhension est totale, nous décidons, d’un commun accord, d’interrompre ce débat.
Donc, nous en étions à l’autoroute, l’A25 je crois, j’ai douté de Domi et de sa trace, c’est marrant de voir que sur le terrain on puisse tant douter d’être en train de parcourir des carré contigus. Il fait très chaud, beaucoup de soleil, du cagnard plutôt, le temps s’écoule lentement, le plaisir de l’ultra, le plaisir d’en chier pour un objectif absurde.
Nous ne faisons que peut de poses mais, peu après la mi journée, Seb trouve une grasse prairie à l’ombre d’un vieux chêne aux feuilles malades. On s’attaque à l’étymologie du mot sincier (censier en fait plutôt) et un petit oiseau au ventre jaune traîne dans les parages. Je réveille Seb qui s’était allongé pour qu’il ne rate pas ce spectacle, il croit d’abord que c’est une mésange, je suis sûr que non, il propose alors bruant jaune ou bergeronnette printanière comme identification. Après quelques recherche je crois que ça pourrait bien avoir été une bergeronnette printanière.
Nous arrivons à Cassel, le clocher caractéristique de ce village nous rassure sur l’arrivée proche. Le chemin est en pente, cette montée finale est la phobie de Seb, finalement ce n’est rien, nous sommes arrivés, Domi propose alors une petite diversion, pour moi pas de problème, pour Seb je ne m’en souviens plus, nous partons vers la diversion. C’est épique, au lieu de finir gentiment nous descendons brutalement, dans un joli sentier, creusé dans la foret et nous arrivons au bout, ça remonte mais Domi craint que ce ne soit un cul de sac et que nous puissions lui en vouloir d’avoir à rebrousser chemin, du coup nous rebroussons chemins tout de suite, Seb trouve un passage secret dans lequel nous nous engageons, c’est plein d’orties mais ça passe, nous débouchons sur une prairie fraîchement fauchée, ensuite une horrible route nationale nous attends, Domi dira ensuite qu’il ne s’agissait que de quelques centaines de mètres mais j’ai des doutes, ensuite nous remontons par un chemin charmant, quelqu’un écoute la bbc dans un terrain voisin, la bbc, tout un poème, un voyage rien qu’avec quelques paroles captées au passage, en tout cas on y arrive. Un problème surgit, il s’agit de mon nombre Eddington, il me semble que c’est 57 et il se pourrait que je puisse le porter à 58 aujourd’hui, Domi est sympa, on se fait le tour de l’église pour que j’atteigne 58. Finalement, cela n’aura servi à rien ce tour d’église, d’après StatsHunters le 58 je l’avais déjà atteint la veille.
Au développement de la sortie dans StatsHunters il me manque un carré entre Cassel et Sainte-Marie-Cassel, c’est dommage, mais le coin est beau et y retourner me fera plaisir.