Qu’est-ce qu’on était bien lors de cette petite randonnée de 30 kilomètres sur les terres de Streuvels, un célèbre poète flamand, entre Kortrijk et Oudenaarde. Nous avons commencé par la plus belle partie du parcours, le mont de Tiegem, c’est un endroit charmant avec plein de folies en béton du 19ème. Un genre de parc Barbieux en mieux, car plus sauvage, nous sommes à Roubaix. Plus loin on se croit en Angleterre avec des haies taillées au cordeau, ailleurs c’est l’Amérique avec le ranch des Ewings, la beauté est là aussi avec une petite maison abandonnée propice à l’urbex, il y a des moulins qui trônent fièrement au sommet des collines, on est au pays de Don Quichotte, des tas de betteraves sucrières nous font penser à la Somme, des alpagas dans une prairie et nous voilà dans les Andes, un dindon dans une basse cours nous transporte au Yucatán, un poème en néerlandais sur une une plaque et c’est en Chine que nous croyons être tant nous n’y comprenons rien, le crapaud en bronze, embrassé par Sabine nous transmute au pays des contes de fées, les mouettes nous survolent, nous sommes au bord de la mer, une oie dans une prairie et nous pensons à Noël, avec une pointe de tristesse car elle ne sera bientôt plus là, la pluie tombe, le soleil la remplace, c’est la Bretagne bien sûr, pleins de petite chapelles au bord des chemins nous ramènent au moyen âge, le mont de l’Enclus à l’horizon et nous voilà dans les Alpes, le souvenir d’un bombardier Lancaster qui s’est écrasé là nous fait bombarder Dresde en 44, une fritte et une bière à midi, on est quand même en Belgique et Sabine est heureuse, j’utilise le mot toponyme et Lolo voyage vers Mars ou Neptune, Google Translate nous traduit les panneaux et c’est en Californie que nous nous émerveillons, un petit détour dans le chemin et Lolo nous soupçonne, avec Domi, de faire un voyage dans StatsHunters. nous nous faisons la bise à l’arrivée et nous rêvons de Confrérie... Vraiment le Land Van Streuvels est une terre propice aux rêves et aux beaux voyages, les voyages intérieurs.
Mais en fait non, le Land van Streuvels n’y est pour rien ou pas grand chose. Si je suis si lyrique sur cette ballade ce n’est pas à cause de Gérard Lenorman, c’est parce que nous étions 5, Sarah, Sabine, Domi, Lolo et moi et que c’était juste la ballade des gens heureux.
Lolo, qui aime les animaux, est tout excité dès qu’il en voit un. Il essaye de leur parler, il adapte son langage à celui de l’animal, c’est vrai qu’il le fait tout le temps mais je n’y avait pas prêté attention, c’est Sabine qui s’est régalée de cette faculté si particulière et qui m’a permit de m’en rendre compte. Lolo sait parler le langage des animaux, rien ne lui fait plus plaisir que d’obtenir un signe de connivence d’une oie qui fait sa sieste.
Moi je n’étais pas vraiment là, heureusement si, au début, sur le Tiegemberg, quand c’était si beau, plus beau même que le Land Van Mortagne d’après Domi. Je suis parti après un coup de fil, une affaire personnelle en cours, quelques mots et me voilà parti dans des abîmes de réflexions, heureusement pas pour rien, j’ai transformé ces réflexions en une belle lettre que j’ai écrite dès mon retour. Je m’excuse auprès de mes compagnons de n’avoir pas vraiment réussi à être là tout le temps, à profiter au maximum de tout ce qu’ils avaient à partager, ces calembours, des émerveillements, des rigolades. Une des clefs du bonheur est d’être présent dans le moment, de ne pas s’échapper par la pensée, d’exister dans l’interaction.
Quand même, quelle chance c’est de vivre quand on peut faire d’aussi belles choses que cette ballade dans sa vie. Quelle chance que nous nous connaissions, quelle chance que d’avoir des amis.
La vidéo de Lolo.
La trace dans Strava :
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