[CR] Peninne Barrier 50 miles

Ing Scar

Pour ma préparation des 420 kilomètres de The Spine l’hiver prochain je suis tombé sur cette belle petite course qui part de Malham et revient à Malham. J’aurais préféré une course sur la Pennine Way qui se déroule après l’arrivée du Spine Challenger à Hawes mais je n’en ai pas trouvé et finalement je n’ai pas du tout regretté de retourner en Angleterre pour une course de 50 miles.

Avant de faire mon compte rendu de cette belle course voici déjà plein de bonnes raisons pour aller découvrir cette course.

  • Facile d’accès, à 150 kilomètres de l’aéroport de Manchester. Il doit y avoir moyen d’y arriver en train via Settle. J’ai écrit un petit article sur ce que pourrait être ce voyage Manchester – Malham.
  • Malham et ses alentours c’est vraiment très joli. Plein de murets dans les champs, des collines, des torrents, des cascades, des falaises, des gorges minérales.
  • Les organisateurs de Pennine Barrier sont vraiment très sympa. Ils ont noté mon prénom au check in et s’en sont rappelés jusqu’à la fin de la course.
  • Le parcours est superbe le long de la Pennine Way jusqu’à Pen-y-ghent et ensuite on enchaîne avec le Yorkshire Dale 3 peaks.
  • L’arrivée se fait à la terrasse d’un pub. L’ambiance très conviviale permet de rencontrer pleins d’ultra runneurs anglais.
  • Le 50 miles finit à 21h et ça c’est bien pour profiter du dernier service de restauration au pub.
  • Il y a un gars de l’organisation qui parle très bien français, il s’appelle Haydn et on le reconnaît facilement avec se crête de punk.

Compte rendu.

Pour ne pas encombrer ce compte rendu prévu pour la lecture, j’ai mis en annexe un article sur la Pennine Barrier avec mes commentaires sur ma motivation, la logistique, l’alimentation et le matos. Ces annexes sont ici.

Je suis arrivé la veille et j’en ai profité pour aller repérer Malham Cove jusqu’à la vallée de Ing Scar où j’avais tant galéré pendant le Challenger de l’hiver dernier. Je vais au moins gagner 1 heure l’année prochaine.

La remise des dossards est super sympa. C’est Haydn, un punk qui parle très bien le français qui s’en occupe. Vérification du matos systématique et sommaire. On dîne dans un pub, on se couche tôt et on dors bien dans un camping à 100 yards de la ligne de départ.

Départ à 6 heures du mat à côté du pub qui m’avait bien requinqué lors du précédent Spine. Giles de ultrarun.in me reconnaît et me rappelle que quand on s’est rencontré dans ce pub je lui avait dit « it’s so tough, it’s so tough » car j’en bavais pas mal. Il y a aussi Richard (view from the back) du Spine qui est là mais qui ne coure pas. On est environ 70 et une petite quinzaine qui part pour un 100 miles (grosso modo 2 fois la boucle du 50 miles). L’ambiance et très détendue on se fait engueuler par une cliente du bed and breakfast voisin parce que les discussions font trop de bruit.

Je reste dans mon coin et je regarde les anglais socialiser. C’est marrant. Il y a énormément de filles de tous les âges, c’est très étonnant.

On part avec un temps couvert et on attaque directement avec la montée vers Malham Cove dont Manu m’avait tant parlé suite à sa brillante réussite au Challenger de 2016. La fameuse portion dite limestone pavement ne pose aucun problème. Être en plein jour, sans brouillard, sans dalles gelées et pas après 36 heures de course fait une énorme différence.

Ing Scar

Dans les gorges de Ing Scar entre Malham Cove et Malham Tarn je suis trop loin derrière mes prédécesseurs pour leur signaler qu’ils se trompent à un moment en suivant un chemin qui monte vers la gauche alors que la Pennine Way reste au fond de la gorge en suivant un mur caractéristique. L’erreur ne leur a pas coûté trop cher car ils me redoublerons peu après.

Montée vers Fountain Fell

Lors de la montée vers Fountain Fell j’avais perdu un temps fou dans le brouillard lors du Challenger. J’avais perdu le chemin et mis pas mal de temps avant de le retrouver. Je me souviens que je suivais bêtement la ligne droite de mon GPS alors que le chemin se trouvait non loin sur ma droite. Encore un endroit où mon aventure Pennine Barrier me sera utile pour mon full Spine de 2018.

L’écossais et son collègue

Dans la descente de Fountain Fell je suis rattrapé par 2 gars dont un avec des grosses lunettes noires et aussi un kilt écossais. C’est très bizarre cette rencontre. Les 2 gars me serrent la main. On se croirait au boulot. J’adore. Je suis tout content de dire à l’écossais que je reviens de la West Highland Way. Lui l’a aussi couru pendant la course éponyme.

Il y a un ravito sur le petit tronçon de bitume entre Fountain Fell et Pen-y-ghent. Le choix est très limité, ça m’embête parce que je ne suis pas parti avec beaucoup de bouffe, j’ai oublié mes poudres de boisson énergétiques et mes pâtes de fruits en France. Je fais contre mauvaise fortune bon cœur et j’espère que les ravitos suivants seront mieux fournis. Malheureusement il n’en sera rien. Le seul truc bien est qu’il y a du coca, une boisson géniale pour lutter contre la déshydratation et que les volontaires sont vraiment super sympa.

Lors de la montée vers Pen-y-ghent je me demande comment j’ai pu me perdre pendant le Challenger. Strava m’indique que j’ai mis 23 minutes pour atteindre le sommet et qu’il m’en avait coûté 60 minutes l’hiver passé. Il faut dire que c’est là que j’avais été pris en remorque par Giles et Richard tandis que j’étais en train de redescendre en suivant une trace sur mon GPS qui était le chemin que je venais de parcourir. Quel bon souvenir que ce moment de Spine lamentable mais qui a tant fait pour me fortifier.

Descente de Pen-y-ghent

Après le sommet de Pen y Ghent j’ai repéré sur mon fichier GPS de la Pennine Barrier que la trace quittait la Pennine Way vers la gauche. Je ne trouve pas la bonne bifurcation et heureusement que je ne suis pas seul car le chemin à suivre a changé. Au lieu de suivre la trace du GPS il faut suivre les marques Yorkshire 3 peaks. J’ai du mal à croire que je ne suis pas en train de faire une connerie mais je décide de suivre les conseils du gars avec qui je coure et il avait bien raison car un signe de l’organisation me rassure bientôt. Je n’ai pas encore compris ce qui a pu se passer. J’ai écouté le briefing d’avant course d’une oreille distraite et n’avais pas du tout capté ce changement colossal.

Je discute avec le gars qui vient de sauver ma journée. Il s’appelle Jimmy et vient de Felixtowe dans le Suffolk. C’est marrant parce que je connais bien le coin pour y être passé en vélo il y a plus de 20 ans. On évoque le petit ferry qui est une petite barque en bois qui permet tout juste de transporter 2 vélos et leurs passagers d’une rive à l’autre d’une petite rivière. J’avais adoré ce moment et ça m’a fait très plaisir de pouvoir réactiver ce souvenir en bonne compagnie.

Dans la descente de Pen y Ghent Jimmy sauve ma journée une fois de plus en nous faisant encore rester sur la voie normale du Yorkshire 3 peaks alors que la trace GPS indique une grande boucle vers le nord. Ce sont là plusieurs miles qui me sont épargnés et qui expliquent sans doute que la course fait finalement 80 kilomètres et pas les 85 annoncés.

Haydn et son ravito

On continue ensemble jusqu’au ravito suivant qui est géré par Haydn le sympathique punk qui parle français. Jimmy y retrouve sa famille, partages avec moi quelques chips mexicaines et je repars en lui disant que je vais aller doucement pour qu’il ait le temps de me rattraper. Il n’en sera rien, je ne le reverrais plus.

On longe ensuite le beau viaduc de Ribblehead que l’on retrouve sur tant de photos des Dales et on attaque la longue mais douce montée vers le deuxième sommet majeur de la journée, Whernside. La vue est sublime, il y a plein de randonneurs.

Dans la descente je discute avec un gars qui fait partie d’un petit groupe de 3 qui sont inscrits sur le 100 miles. Quand je lui dit que j’ai fait le Challenger il s’étonne que je n’ai pas choisi le 100 miles et je lui répond que le temps limite de 30 heures me semblait trop restreint pour moi qui suis un coureur assez lent. Quand je lui dit que je suis sur le full Spine il me dit que ce n’est pas normal que ce soit si cher, que rien ne justifie les 1000 euros de l’inscription et me demande quel métier je fais dans la vie. On se quitte car un de ses 2 potes est dans le dur et je profite de la descente pour courir.

Après la descente je double 2 gars tout tatoués dont l’un allume une clop pour profiter d’un petit morceau de bitume qui se trouve là. Je suis très étonné et me sent moins seul sur la terre avec cette pathologie. Je lui demande l’autorisation de le prendre en photo.

Sur les contreforts d’Ingleborough, le dernier des 3 peaks il fait chaud mais je suis en pleine forme. Le paysage est joli, ça monte doucement et j’en profite pour tenter une nouvelle expérience de prise de notes avec mon smartphone. Mon idée est que comme les idées et les états d’âme que l’on a en course se sont souvent envolés lors de la rédaction du compte rendu, ça pouvait être intéressant de les immortaliser avec une petite vidéo. Ce que je voudrais capter aussi c’est mon état d’âme profond de ce moment là.

Cette vidéo est assez pénible à cause des mouvements intempestifs de la caméra. Je me demande si une petite Gopro apporterait quelque chose en la matière.

A l’arrivée sur l’arrête d’Ingleborough au lieu de partir directement vers le sommet, il faut partir vers Park Fell, récupérer un petit papier dans un sac et repartir vers le sommet d’Ingleborough. Wayne, le boss de l’organisation, est là sur l’arrête, il me demande si j’ai encore de l’eau, m’indique un ruisseau qui permet de s’approvisionner et j’en profite pour remplir mes bidons. C’est très agréable cette eau fraîche et j’adore les frissons apportés par la crainte que cette eau puisse être contaminée par de la pisse de mouton et que je me choppe la douve ou une autre saloperie. J’ai capté qu’il fallait atteindre un piquet auquel était accroché le sac contenant les papiers. Je pars sur l’arête et croise quelques coureurs qui reviennent, ils ont l’air d’être en pleine forme. J’atteins un muret avec un piquet mais pas de sac, je me dis que c’est bizarre et commence à rebrousser chemin. Je croise une fille rousse au couettes teintes avec des reflets rouges qui me dit qu’il ne faut pas renoncer et on pars à 2 vers ce piquet. Elle s’appelle Amy, on s’est déjà doublés et redoublés plusieurs fois sans engager la conversation. Elle a déjà fait l’UTMB et porte le ruban rouge des participants au poignet. Les anglais sont plus fétichistes que les français car à l’arrivée j’ai vu un gars avec le même ruban au poignet. Je ne vaut pas mieux avec le ruban bleu de la TDS fièrement accroché à mon sac d’hydratation.

Le plateau sommital d’Ingleborough est très plat et minéral fait penser aux sommets du Peak District comme celui du Skiddaw à la fin de la course des 10 Peaks.

Dans la descente vers Horton in Ribblesdale il y a un ravito avec un genre de biker à la manœuvre. Il nous dit qu’il est à cours d’eau et nous recommande d’attendre d’atteindre les chiottes du parking à Horton in Ribblesdale pour faire le plein.

Amy est devant moi, j’ai du mal à suivre son rythme, on atteint finalement le fameux parking, j’y remplis mes gourdes, me délecte de l’eau fraîche car il fait très chaud quand même.

Je suis très content d’atteindre le Pen Y Ghent café, bien connu des spinneurs où Mike m’avait si bien soigné et requinqué cet hiver. J’y achète un bon gâteau aux raisins sec et une petite bouteille de coca cola. Le gâteau aura été dur à digérer et je suis au bord de la nausée mais j’ai connu pire et je continue assez énergiquement.

Pen-y-ghent

A la sortie de Horton je suis rejoint par Malcom, un gars sympa qui arrive de l’arrière. Il connaît le coin et me guide efficacement vers les pentes de Penn-y-ghent. On est en plein cagnard et il entre tout d’un coup dans le dur, il me demande de ne pas l’attendre et je serai bien content de le retrouver après son arrivée. Il avait oublié sa casquette dans sa voiture au départ et je regrette de n’avoir pas pensé à lui filer mon buff Trail du Cailloux qui l’aurait sûrement bien protégé du soleil.

Amy est devant moi lorsque l’on atteint l’épaule de Pen-y-ghent et que l’on redescend vers le premier ravito. Il nous reste environ 15 kilomètres. Au ravito elle repars au moment où j’arrive, je prends le temps d’y boire un café. Les filles du ravito sont sympa et détendues.

Au moment de quitter la route et de monter vers Fountain Fell une drôle de fumée sort de la lande. Je me demande s’il s’agit d’une combustion spontanée. Amy a la pêche, elle relance dans la descente vers Malham Tarn mais je la rattrape quand même. La navigation est aisée, on double quelques coureurs qui ont basculés en mode piéton et je me détache. Après l’arrivée elle me dira qu’elle a eu l’impression que j’avais tapé un sprint. C’est pas ça, c’est juste que j’ai du jus et que j’ai envie de finir en moins de 14 heures, il ne faut rien lâcher et je ne lâche rien. C’est très agréable de finir un petit ultra dans ces conditions.

Dans les gorges de Ing Scar j’enregistre une petite vidéo pour fixer ce moment. J’aurais préféré enregistrer les élucubrations d’un coureur exténué, j’espère que j’arriverais à toucher le fond à l’UTMB.

Au niveau de Malham Cove le chemin quitte celui que nous avons suivi à l’aller pour faire une petite boucle qui contourne la colline Cawden, passe par la très jolie cascade de Janet’s Foss et les gorges de la rivière Gordale Beck.

J’ai repéré le départ depuis le fameux limestone pavement de Malham Cove (fameux aussi pour figurer dans quelques plan d’un des nombreux film d’Harry Potter). J’y rejoint une fille qui cherche sa route avec son GPS dans la main. Je lui indique la bonne direction et fonce vers l’arrivée.

L’arrivée est super sympa, mes prédécesseurs boivent des bières à la terrasse du pub, les arrivants sont applaudis avant qu’on ne leur passe une lourde médaille autour du cou. Je suis heureux, comme d’habitude.

Un commentaire


  1. Bonjour Jann. C’était génial de vous rencontrer dans la barrière de Pennine. Votre écriture et vos photos sont superbes. C’était une excellente journée, avec des gens formidables, comme vous. Meilleurs voeux, Malcolm.

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