Le trail des Poilus c’est THE trail régional et je ne me manque pas depuis une paire d’années (j’ai la veste noire pour ceux qui voient ce que ça veux dire). Ce trail est très particulier parce qu’on a l’impression que TOUS les traileurs de la région s’y retrouvent.
Cette année j’ai été invité par Seb, Domi et Gégé à courir les poilus en « mode confrérie ». Le mode confrérie c’est simplement que l’on essaie de rester ensemble et que sauf abandon, on finisse ensemble. Cela fait référence à la très fameuse confrérie des horizons qui me plaît tant. C’est un grand honneur pour moi cette invitation. Je sais qu’on va bien s’amuser et courir une mode « non compétitif » dans une grande compétition (Trail Tour National, non mais…) c’est un paradoxe intéressant.
On s’est bien amusé dans la gadoue et aussi avec la gadoue en en nappant la voiture de Bastien ou en en mettant dans la main d’un tout petit garçon qui voulait qu’on lui tape dans la main pendant qu’il attendait son père…
La course elle même aura été très très dure. Je ne suis plus habitué à aller aussi vite, cette distance est trop courte pour moi, c’est juste bien pour en chier et c’est bien ce que j’ai fait.
Gégé ne cours plus beaucoup ces derniers temps et il en chie beaucoup, c’est bien, ça m’évite d’être le maillon faible. Malheureusement au 44° il décide que ça suffit pour lui et du coup on repars à 3 avec Seb et Domi. Pendant les 20 kilomètres suivants on ne s’est pas beaucoup fait doubler et on n’a pas arrêté de courir tout ce qui pouvait se courir. C’était très dur pour moi, je suis beaucoup plus lent que mes compères, ils sont très délicats avec moi, ils me mettent devant de temps en temps. Ils me disent que je ne les retarde pas mais je ne les crois pas trop. Il n’y a pas de doute que j’étais le maillon faible mais c’est une énigme pour moi d’en mesurer la mesure. Est-ce que j’ai vraiment ralenti beaucoup mes compagnons ou est-ce que je les ai juste un petit peu freiné ? Est-ce que ça n’aura pas été pénible pour eux de se traîner un boulet comme moi ?
En tout cas j’ai pris beaucoup de plaisirs dans les derniers kilomètres. Seb m’encourageait et s’occupait de moi comme une maman l’aurait fait. Il me relançait à chaque faux plat et j’étais hyper fier de courir pour lui et pour lui faire plaisir. On était bien tout les 3 en mode confrérie qui ne lâche rien.
On a alors rencontré un problème philosophique très intéressant. On doublait beaucoup de monde et à un moment on s’en est même réjouit. C’est minable de se réjouir de doubler. C’est complètement paradoxal avec le mode confrérie. Seb a résolu le paradoxe en remarquant que nous portions le maillot du club et qu’à ce titre nous nous devions d’être des compétiteurs et donc nous réjouir de doubler tout ceux que l’on pouvait.
Juste avant le dernier raidillon de la course Seb a dit que nous avions maintenant notre place et que nous pouvions nous relaxer. J’ai adoré ce concept d’avoir « trouvé sa place ». C’est juste comme s’il avait trouvé les mots qui pourraient qualifier une de mes quêtes « trouver ma place ».
Annexes
Pour moi ce compte rendu est déjà terminé. Sur le mot de place sans parler de notre classement, c’est classe (cacophonie en asse). J’ai juste oublié de signaler que c’est le plus dur trail des Poilus que j’ai jamais couru. Énormément de gadoue mais surtout des glissades terribles, non contrôlées et très pénibles.
Cependant, lors de la course j’ai envisagé de faire un compte rendu sur les rencontres du jour, voici donc une liste désordonnée de quelques une de ces rencontres.
- Domi : on a covoituré ensemble, on a fumé ensemble, on en a chié ensemble. On est des frères de sang.
- Seb : la classe Seb, des traits d’esprits à chaque lacet du parcours. Un immense cœur qui m’a énormément assisté dans le final.
- Gégé : le courage et la persévérance poussés à leur essence même. C’est au point que quand il a arrêté je n’ai pas compris pourquoi. C’est mon coté autiste.
- Marc : une belle rencontre de début de course. J’ai eu beaucoup de plaisir dans nos petites discussions. Il va bien et c’est bien.
- Mon lecteur du côté d’Arras. Il n’est pas question que j’arrive au trail des Poilus sans porter mon ridicule chapeau Thaïlandais. Il me permet au moins d’être repéré par des gars qui ne pourraient pas me reconnaître sans cela. J’ai déjà échangé avec ce gars à Chamonix lors de la TDS et aussi lors du précédent trail des poilus. On a parlé de mes ampoules du Legends 250 de la semaine précédente et il m’a expliqué sa technique : découper la peau et désinfecter.
- Régis : un confrère que j’adore. Il m’a annoncé qu’il était pris pour le Tor des Géant, je suis super content pour lui, j’espère qu’il va réussir. J’ai hâte d’y être moi aussi.
- La femme blonde de l’estaminet de l’arrivée. On s’est installé à 5 à sa table. Elle attendait son mari en buvant des bières, elle a tout de suite compris notre petit jeu de Roger’s. On a bien rigolé.
- Club : les gars du club c’est important pour moi. Il y a Donatien qui a fini 2° et dont on prenait des nouvelles à chaque ravito, il y a Bastien qui nous a encouragé sur le chemin, François avec qui on a bu un coup à l’arrivée, Rémi revenu de Savoie avec le maillot du club, Alexandra la championne, Phil qui coure 2 jours de suite, Christophe forfait de dernière minute, Manu empêché par son ménisque, Nathan, Quentin, Didier…
- Communauté : sur le trail des poilus c’est donc la communauté des traileurs de la région qui se réunit et ce qui est frustrant c’est que sur le 60 kilomètres on est presque 1000 et finalement on se rend compte que au mieux on peut saluer et reconnaître quelques dizaines de gars. En fait il n’existe pas vraiment de communauté non ?