Bon voilà un petit compte rendu d’une balade entre Nice et Menton. Mon train est arrivé à Nice, j’ai découvert qu’un autre train aurait pu m’emmener jusqu’à Menton mais trop tard, la décision de faire la liaison à pied était déjà prise. De Menton j’ai envie d’aller jusqu’au lac Léman par le GR52 puis par le GR5. Finalement j’ai opté pour la GTM, la Grande Traversée du Mercantour parce que le parcours du GR5 me semblait trop passer par les vallées. La GTM c’est un truc génial, je vous en parlerais plus tard. Bon, donc me voilà arrivé à Nice pour quelques jours de balades dans les Alpes du Sud.
J1 – Nice Aspremont
Départ de la gare de Nice à 17h00, je descend vers la mer, pas loin, pour le principe, c’est sans intérêt, sauf qu’on entend beaucoup d’italien et ça, ça m’est agréable, je remonte vers les hauteurs, on dit que les faubourgs de Nice sont une horreur, mais dans ce sens là ça passe bien, un simple figuier, et l’odeur du figuier, suffisent à mon bonheur, je suis content d’être de retour dans les Alpes, c’est marrant de partir d’une des extrémités de cette immense montagne, ça donne envie d’en faire le tour.
Sur les hauteurs de Nice, dans les faubourgs je repense à 1974, en avril mes parents avaient loué une maison dans un immense parc, on ramassait des pignons, des cousins étaient là aussi. Je me souviens de la mort de Pompidou et que je l’avais annoncé à mon oncle qui ne voulait pas me croire. On était bien dans ce domaine, maintenant il est presque certainement transformé en parking et immeuble, c’est triste. Ma mère m’a raconté que c’était un endroit très alternatif, des bungalow hyper simples, rien de superflu, une adresse que mon grand père avait déniché.
On est assez vite dans la garrigue, des cigales, leur chant m’enchante, ça faisait des années que je ne les avais pas entendues, je pense à l’Italie, un camping dans les Calabre en particulier, les belles années de la vie familiale. Je croise un randonneur qui finit son GR5, on papote. J’ai du mal à entrer vraiment dans la conversation, je ne sais pas pourquoi. Cette absence d’intérêt pour le small talk me pose un problème, je me considère dans le spectre autistique.
Sur le mont chauve, peut de coins de bivouac, pas de coins herbeux et plats, de toute façon, je n’ai pas cette quête, je cherche d’abord à me rassasier, je crois qu’atteindre Aspremont avant la fermeture des restau est possible, je me dit que dans un petit village de l’arrière pays Niçois il doit y avoir du pouvoir d’achat, et donc des restaurants ouverts après 21h00. Je ne me suis pas trompé, j’ai trouvé l’endroit parfait, il s’appelle « L et lui », la patronne est sexy et sympa, c’est abordable, je m’y pose.
Ah trop génial, des anglais sympathisent dans le restau, on dirait un ballet de faux cul. Ça parle d’humanitaire, de Birmanie, du prénom des enfants, je suis ravi d’assister à une scène de sociabilisation, je me demande si c’est moi qui ai un problème, tant de légèreté dans les échanges, tant de superficialité, ce n’est pas ce que je veux pour ma vie, je crois que je le découvre.
Je quitte ce restau alors qu’il fait nuit, le premier coin de bivouac acceptable sera le mien.
Je quitte le GR5 et débute le Gr51, pour l’instant c’est bien.
Je trouve mon coin de bivouac près d’une piste poussiéreuse, pas génial du tout mais ça me va, il fait si doux que le bivy bag devrait suffire.
J2 Aspremont Sainte Agnès
En fait nu dans le bivy bag j’ai bien caillé, il faudrait que j’ai un thermomètre avec moi pour mieux me connaître. C’était supportable, ça m’a endurci.
A Tourette je fais ma toilette et ma première lessive des vacances dans une petite fontaine. J’adore jouer avec l’eau et faire la lessive en randonnée.
Les vallons entre Aspremont et Cantaron sont merveilleux, des jardins au fond des vallées, je chipe des prunes et une délicieuse figue.
A Cantaron je bois un café, le patron est du Nord, les clients ont l’accent chantant, j’ai envie de traîner. La télé est allumée, je ne la vois pas mais l’actualité me rattrape, une énorme explosion a ravagé le Liban.
Après Cantaron on franchi le Paillon et c’est parti pour quelques kilomètres de bitume pas très folichon.
Le plateau Tercier est très sauvage, mais malheureusement on retrouve vite le bitume.
Ensuite le GR51 part vers la Turbie mais ma trace part vers Saint Martin de Peille, il y a un restau là, c’est pas trop loin, je choisis ma trace, je crois que je suis sur une trace d’ancien GR. Malheureusement le restau est à vendre. Ensuite la trace du GR a disparu, je m’engage sur un sentier qui va dans la même direction, je me perds dans des chemins de chasseur qui me rapprochent de la bonne direction, j’entends souvent grogner des sangliers, ce n’est pas très rassurant, je tombe sur une clôture électrique qui longe un golfe. Je passe peut être 2 heures le long de ces fils électriques, je ne suis pas trop rassuré, j’ai vu en Belgique un panneau du genre attention 10.000 volts pour une installation contre les sangliers, il y a un petit passage de service qui longe les fils électriques, c’est souvent très très étroit. Heureusement que je suis seul dans cette galère, je ne suis pas inquiet, j’ai le temps, je vois vaguement où je suis, il faudra quand même bien que cette clôture débouche sur quelque chose, manifestement, avant on pouvait passer au milieu du golfe. Le randonneur dérange le golfeur ? Je me demande bien pourquoi. Je médite sur le golf, un espace complètement artificiel, là c’est luxe calme, volupté et personne sur les greens, c’est pelouse impeccable, nature aseptisée et artificielle, ici c’est sanglier, calcaire, chêne vert, broussaille, épines, nature, clôture électrique, la galère mais je m’y sens bien.
Après avoir regagné la route c’est l’horreur, un bitume interminable en plein cagnard. Le GR51 n’est pas fait piur être parcouru au plein mois d’août, c’est une évidence, moi ça me va bien, j’aime bien quand ce n’est pas facile.
Heureusement le Mont Gros est très beau, perché au dessus de la méditerranée, je n’ai plus d’eau, je m’inquiète un petit peu, j’ai encore 5 ou 6 kilomètres à faire avant Gorbio. Dans la descente du Mont Gros je tombe sur une source, l’endroit est charmant, je trempe mes pieds, parfait pour bivouaquer aussi.
La partie finale avant Gorbio est en ciment mais c’est agréable, Gorbio est un très joli petit village, un peu trop joli pour moi, quelques touristes, je me désaltère dans un troquet sur la place.
Il n’est pas encore 18h, je continue direction Sainte Agnès. Le GR51 contourne la montagne, je trouve ça dommage et passe par le col de Bausson. 500m de dénivelé, c’est un bon choix.
En fait c’est ma trace qui contourne le col de Bausson, le GR officiel y monte aussi. C’est un passage superbe, un bon chemin, des falaises calcaires, la mer pas loin. C’est étonnant comme la végétation est verdoyante en ce début août.
Après le col la vue sur le village de Sainte Agnès est superbe, petit village médiéval, je m’y promène un peu dans des ruelles sous des voûtes de pierres. C’est très touristique, je m’arrête dans un restaurant assez quelconques, le lapin aux herbes n’est pas fameux mais c’est copieux et le service est charmant.
Il fait nuit quand je sors du restau, je continue sur le GR51 en cherchant un coin pour bivouaquer, je trouve mon bonheur juste en contrebas du chemin, un tout petit coin dégagé et plat au milieu de la garrigue.
J3 Sainte Agnès – Menton.
Je fais souvent des cauchemars quand je dors en bivouac, ce matin, je dois franchir une eau noire et assez peu profonde, de très grosses pierres noires sont prévues pour ce passage, je m’engage et la pierre du milieu est branlante, je me retrouve dans l’eau jusqu’au cou, j’espère que mon téléphone est encore étanche et je me dis que c’est foutu pour la vapoteuse. C’est bizarre tout ces rêves en bivouac à la belle étoile, c’est peut-être que je ne sens pas en parfaite sécurité en dormant allongé par terre, mes sens restent en partie éveillé pendant que je dors ? Cette nuit il n’y avait pas de raison, j’étais très bien installé dans un tout petit coin d’herbe.
La descente après Sainte Agnès est très agréable, un très beau chemin de pierre lissées par des millénaires d’usage, un petit torrent qui invite à la baignades, de belles montagnes calcaires dans le paysage.
Monti, tout petit hameau, marrant un énorme bazar dans pas mal de jardins, un village de brocanteurs ?
Peut après Monti le GR51 est interdit par un arrêté municipal, j’y vais quand même, eh bien effectivement le sentier est complètement effondré en plusieurs endroits, je me fais une belle frayeur pour franchir le deuxième effondrement peu avant Castellar. Je ne recommande pas d’emprunter ce sentier, c’est dommage parce qu’il est très joli et j’imagine que ça ne doit pas être terrible par la route.
Je traîne au café de Castellar, c’est très beau mais pas trop exploité du point de vue touristique.
Le final est merveilleux, une longue montée dans la garrigue vers le plan du Lion et la jonction avec le GR52 dans la descente, la vue sur la côte d’Azur est superbe, j’arrive à Menton, je parcoure le boulevard de Garavan jusqu’à la vieille ville, traverse les ruelles très belle et fini près de la plage des Sablettes.
J’ai envie d’une bière et d’une salade niçoise pour marquer cette première étape de mes vacances, par hasard je tombe sur un lieu parfait, salade niçoise délicieuse à 11 euros et Duvel à 5 euros dans une rue piétonne et piétonnée par moult femmes charmantes. Je ne suis pas pressé de repartir. L’adresse s’appelle « le rétro », rue Saint Michel, je ne m’attendais pas à trouver un lieu si simple dans ce temple du luxe.
Conclusion sur le GR51 entre Nice et Menton
Bizarrement, je n’ai rencontré strictement aucun autre randonneur sur ce GR, il n’y a personne, j’ai juste croisé quelques traileurs le matin et le soir. Peut être que c’est un problème de saison ? C’est sûr que le début du mois d’août, il n’y a pas beaucoup pire au niveau température, j’ai beaucoup transpiré, mon sac a dos est gorgé de sel, mais ça aurait pu être pire je crois, c’est tout à fait jouable en cette saison. Je crois que si ce GR n’est pas populaire c’est parce qu’il y a trop de sections sans intérêt et bitumées. Moi j’ai bien aimé globalement mais je ne le recommanderai pas à cause de ce fichu bitume.