Ayantpo à faire à Toulouse, on s’est retrouvé avec 3 ou 4 jours pour faire une randonnée. Fabienne ne voulait surtout pas de hautes montagnes alors j’ai trouvé ce GR78. Pamiers est très facilement accessible en train depuis Toulouse et pour le retour un Blablacar nous a ramené de Saint Lizier / Saint Giron.
J1 de Pamiers à Montégut Plantaurel – 22 km 475m de D+
On arrive à Pamiers en train, on s’arrête au premier bistro sur la route, c’est une erreur, il y en a de beaucoup plus sympa sur la place du village, par contre ce n’est pas une erreur de faire les courses au premier petit supermarché car nous n’en avons pas vu d’autre sur la route.
Je téléphone au château de la Hille pour réserver un repas pour le soir, la dame me dit qu’elle ne fait pas restaurant, qu’il faut y dormir pour pouvoir manger, pas grave, ce sera pique nique dans la montagne, ça nous va bien.
Nous ne nous attardons pas à Pamiers bien que ce petit bourg ait l’air tout à fait charmant. Une manifestation de la CGT anime les hauteurs du village. Nous sommes en route.
Peut après, très belle chapelle romane de Cailloup. Deux gars bricolent à l’intérieur, ils me demandent si je suis un jacquet, je leur dis que oui, ils disent que Fabienne est ma jacquette, ça me fait sourire, ils nous laissent entrer, il y a des sculptures d’animaux au bas des colonnes de l’église, les gars nous disent que dans la pièce du fond on peut voir des chauves souris accrochées à la voûte, nous ne les trouvons pas. Ils font partie d’une association, ils ont créé un jardin de simples et planté une vigne. Ils nous parlent du chemin qui nous attend, des superbes vues sur les Pyrénées que l’on va avoir et d’un village qui n’est occupé que par des femmes.
Ce sera notre plus longue conversation de la journée, ces gars étaient vraiment sympa, on aurait bien rejoint leur association.
Le chemin est charmant, des bois, plein d’acacia en fleurs, des cerisiers, des cerises délicieuses, plein de belles orchidée de toutes sortes, des vaches, des moutons, des vautours qui tournent dans le ciel, beaucoup de bitume quand même du coté de Saint Victor de Rouzaud, pas un randonneur, le chemin n’a pas l’air d’être très fréquenté, souvent des hautes herbes sur le sentier. Peut être qu’on est hors saison ? C’est bizarre, on est dans la dernière semaine de mai.
On arrive au village de Montégut Plantaurel, la halte pour les pèlerins est fermée, un gars dans son jardin discute avec son voisin, ils nous donnent de l’eau, ils se plaisent là où ils sont, ils disent que tout le monde n’en est pas capable.
23 bornes depuis la gare, il n’est que 18h mais on en a plein les bottes, on plante la tente dans une pâture au dessus de Montégut Plantaurel, c’est un peu en pente mais le paysage est sublime, on casse la croûte et on se pieute rapidement.
J2 de Montégut Plantaurel au Mas d’Azil
Le terrain était en pente sous la tente, Fabienne a très mal dormi, moi non, on se réveille au chant des oiseaux, c’est merveilleux.
Le chemin entre Montégut Plantaurel et Pailhès est très beau, une belle crête dans les chênes, de belles vues sur le paysage, des montagnes enneigées des Pyrénées dans le lointain.
Quelques endroits paradisiaques, des maisons sur la crête avec des vues sublimes, on aimerait bien s’installer là. Le château de Pailhès est merveilleux, on n’y passe pas mais on le voit bien.
A Pailhès on a d’abord peur que tout soit fermé mais on a de la chance, la petite épicerie du village est ouverte et aussi le restaurant, on s’y arrête, le gars nous parle en anglais, what do you want to drink, ça va bientôt être midi, le repas est délicieux, c’est notre premier restau depuis le déconfinement, on arrose un peu trop ça à L’Estanquet de Pailhès, Sambuc à l’apéro et vin pendant le repas.
Après Pailhès le chemin continue d’être merveilleux, des rochers de calcaire, des chevaux en liberté dans la forêt, une belle crête, toujours beaucoup de fleurs.
Vin plus mauvaise nuit on fait une sieste de près de deux heures. Fabienne a du mal à reprendre le chemin, on se traîne, on ne va jamais arriver à atteindre le camping du Mas d’Azil avant la nuit, alors on fait du stop, on shunte le lac de Filleit.
C’est un gars qui travaille dans une fromagerie qui nous prend en stop, par chance le camping est ouvert, on est sauvé.
J3 Le Mas d’Azil – Clermont
Le camping du Mas d’Azil était super, un accueil très chaleureux, une bonne douche, une petite épicerie de dépannage et surtout un sol bien plat. Fabienne est toute étonnée de découvrir qu’elle a dormi à 100m de Kokopelli, la fameuse association qui s’occupe de graines.
Le Mas d’Azil est un bourg charmant, plein d’épiceries, de cafés et de restaurants. Il y a aussi un musée sur la préhistoire car la zone a été occupée par les aziléens, les derniers paléos. Ils habitaient dans une immense grotte, si grande que la route y passe. Pas nous car le GR78 chemine ailleurs. On dirait cependant qu’il y a moyen d’y transiter, en quittant un chouïa le GR.
Nous buvons un café au PMU du Mas d’Azil, une vieille dame nous fait un peu de conversation, elle nous parle des ours qu’elle essaie de voir avec ses jumelles et aussi d’espagnols qui viennent couper du bois dans les forêts.
Je trouve une tique sur ma jambe, Fabienne en trouve 5 sur les siennes. C’est bizarre, nous avons toujours randonné en pantalon. Inquiétant.
Le chemin est très beau, à un moment nous longeons une petite rivière, l’Arize.
Quelques kilomètres après le Mas d’Azil une belle grimpette nous conduit à la Baluette, un hameau occupé par des altermondialistes et des carcasses de bagnoles, l’endroit est désert sauf un gars qui bricole dans une maison.
Nous nous arrêtons dans la forêt pour déguster un melon qui pèse lourd dans le sac, un pic, Fabienne croit que c’est un pic épeiche car il a du rouge sur la tête, nourrit ses petits, nous sommes installés juste devant son trou en haut d’un arbre mourant. Les petits piaillent sauf quand la maman entre dans le nid.
On continue, le chemin, bordé de murs de pierre sèches passe sur une crête, dans le lointain les montagnes enneigées encore. C’est très très beau.
Ensuite on descend vers le village de Clermont, une belle église et un château fort très délabré au milieu de nulle part. Super zone de bivouac mais bêtement nous continuons.
Ce sont les kilomètres de trop pour Fabienne, et en plus ça grimpe. Pourtant le paysage est très beau, des chevaux, des rochers de calcaires tout érodés.
Nous trouvons un coin tranquille dans le dernier bois du chemin d’après ma carte, le sol n’est pas régulier, défoncé par les sabots des vaches mais l’endroit est féerique, de gros rochers moussus nous entourent. On est bien, demain sera une plus courte journée.
J4 Clermont – Saint Lizier
On se réveille dans un sublime lever de soleil orangé. On n’a pas trop mal dormi, les fourmis, qui avaient envahi l’extérieur de la tente hier soir ont toutes disparu. C’est calme, que des bruits de la nature.
Dans la belle descente vers Lescure très joli clocher de Noguès du XIIem sur une crête. Le cimetière aurait fait un endroit de bivouac génial, avec les Pyrénées pour le réveil.
Les tiques continuent de nous attaquer.
Le village de Lescure est intéressant, il fut fortifié mais il ne reste pas grand chose des fortifications. Dommage qu’il n’y ait pas de bistrot à Lescure.
Après avoir quitté une grand route genre nationale nous nous arrêtons sur un muret de pierre sèches pour une petite pause café. Tandis que Fabienne s’adonne à une activité très naturelle un énorme Leonberg déboule dans le chemin, son maître médusé le suit de peu. C’est un peintre suisse, il s’appelle Olivier Séchaud, son chien s’appelle Pollock, comme le peintre. Il est très volubile, nous apprenons plein de choses sur la région, ses habitants, l’architecture, le nom du mont Vallier, la principale montagne de l’Ariège, sur le phénomène des cabanes en Ariège et sur le fait que les habitants des cabanes ont fait revivre certaines hautes vallées, sur le fait que nous soyons les troisièmes randonneurs du GR78 de l’année, sur Napoléon qui aurait fait construire là une résidence pour y retrouver sa maîtresse après ses retours d’Espagne, que sa sœur aimerait bien s’y marier mais que le problème c’est le mec, aujourd’hui c’est la famille De Villiers qui possède cette demeure, ils font pousser des sapins de Noël bio dans le coin.
Olivier nous parle aussi des tiques, c’est une plaie en Ariège, le conseil général a fait retirer des panneaux qui prévenaient les randonneurs car ça aurait fait une mauvaise réputation à ces chemins. Ils nous a dit aussi que la maladie de Lyme était très courante dans le coin. Il connaît un ancien de l’ONF qui a choppé le Lyme, il est bègue, parkinson et tout le tralala à cause de ça. Comme on s’est choppé vraiment plein de tiques avec Fabienne on n’est pas rassuré du tout..
On quitte Olivier au bord d’un étang où Pollock se baigne et on arrive à Montjoie en Couserans. C’est un magnifique village fortifié avec une église très originale et fortifiée elle aussi, le village mérite une petite flânerie.
Peu après c’est la fin pour nous, on arrive à Saint Lizier, le restaurant gastronomique du haut est fermé le midi mais un bon petit restaurant est ouvert sous les arcades près de la cathédrale. L’endroit est très beau, ne pas rater le cloître du XIIème accessible en passant par la cathédrale.