Le Grand Tour du Mercantour ou GTM est une grande randonnée de plus de 200km avec 12.000 m de d+ si on part d’Etrenc ou 13.800 m si on part de Menton. Normalement c’est prévu pour être fait en 16 jours mais certaines des étapes prévues peuvent facilement êtres doublées. J’ai mis 10 jours sans me presser mais avec aussi quelques grosses journées.
Il n’y a presque aucune épicerie sur le parcours, sauf à Sospel et à Isola 2000.
Le sens traditionnel est Etrenc Menton
Avantages du sens Etrenc Entraunes vers Menton
- Le balisage n’est fait que pour ce sens. Dans l’autre sens il n’y a pas de balisage.
- Globalement plus de descente, je ne sais pas si c’est vraiment un avantage.
- Plus de chance de rencontrer d’autres randonneurs.
- On ne démarre pas par une grosse montée en plein cagnard.
Avantages du sens Menton vers Etrenc Entraunes
- Plus souvent le soleil dans le dos.
- Départ plus facile à organiser en particulier avec le train qui arrive à Menton.
- Sans balisage c’est un petit peu plus l’aventure.
- Possibilité d’enchaîner avec le GR52A à Entraunes.
J1 GTM Menton Mourga
Après avoir fini le GR51 Nice Menton, je repars de la plage de Menton il fait extrêmement chaud, l’après-midi est déjà bien avancée, j’ai pris mon temps, mon objectif est le refuge Patrick Gambino, en partant vers 16h je crois que je vais y être facilement pour 19h, il n’y a que 6 km. En fait il y en a plutôt 12 et environ 1500m de dénivelé positif. C’était n’importe quoi mes calculs, encore une fois. Vers 17h je pense à réserver mon repas au refuge mais j’apprends qu’il ne fait pas auberge, je suis vraiment un guignol. En plus je ne pars qu’avec 1.5 litres de flotte de Menton, j’ai déjà presque bu la moitié à peine arrivé au plan du Lion, d’après la carte il y a quelques rivières sur le sentier, je demande à des jeunes que je croise s’ils ont vu de l’eau sur la route, il me disent que non, me parlent d’une buvette tenue par une femme et ils me remplissent la gourde que j’avais déjà finie. Ils sont un peu inquiets pour moi, c’est vrai qu’il y a de quoi, quand cesserai-je de faire n’importe quoi ? Je me le demande, je crois que ça serait passé quand même, je trouve une genre de mare avec de l’eau croupissante, je me sers de ma tasse pliante pour prendre le dessus de l’eau sans trop remuer la vase et j’arrive à remplir mes gourdes, il est déjà 20h et je suis encore bien loin du refuge.
Dans la montée du col Colla Bassa je croise une dame qui promène ses chiens, elle me dit qu’un coin de repos se trouve à 100 mètres, et qu’elle y reviendra bientôt, ça me tente, elle s’appelle Christine, elle habite là, 2 hectares de restanques construites par des bagnards, vue imprenable sur la mer, elle fait un jardin en permaculture, elle me décourage d’aller jusqu’à Sospel, il reste 3 heures de marche, elle me fait visiter son jardin, m’offre un verre de vin, on monte sur le toit de sa cabane car c’est là que la vue sur la mer est la plus belle, le soleil se couche, les falaises se teignent de rose, c’est magique. Un autre randonneur arrive, il s’arrête là aussi, il est parti d’Alsace et va aller dans les Pyrénées. Il me signale que la grande traversée du Mercantour n’est pas la même chose que le Gr52.
Christine nous invite à dîner, c’est très simple et très bon, des œufs brouillés avec les œufs des poules de la maison en particulier. Il fait frais. Demain matin elle m’a promis de me montrer des trous dans la montagne qui permettaient de récupérer de l’eau. Des barmes, il y en a plein dans son vallon.
Elle me propose un lit dans une cabane mais je préfère la belle étoile, il fait frais, j’utilise pour la première fois mon duvet.
J2 Mourga.- crête de Maouné
Des allemands arrivent chez Christine, ils me conseillent le Gr52a où ils n’ont rencontré strictement personne.
Ils me suggèrent d’éviter la vallée des merveilles. Ça me complique trop la vie. Je ne sais plus quoi faire, je vais me décider à Sospel.
Je quitte la belle Christine aux si beaux yeux bleus, je crois que j’aurais pu tomber amoureux si j’étais resté plus longtemps.
Plus haut, au col de Colla Bassa un terrain est à vendre, 1 hectare, vue sur la mer, une ruine cadastrée, pas loin de chez Christine, ça a l’air génial, je me demande s’il y a une source sur le terrain, je rêve d’y planter une vigne et d’inviter Lolo et Sarah à y planter une yourte, si ça ne coûte pas trop cher, pourquoi ne pas l’acheter maintenant, pour la retraite ça pourrait être pas mal. Je note précisément le numéro de téléphone…
Il y a énormément de randonneurs qui finissent leur GR52, je les croise. Ça m’inquiète un petit peu cette foule. Au col du Razet des randonneurs discutent. Il y a un gars qui fume sa roulée, il dit qu’il va chez Christine, je m’assieds à côté de lui. Il connaît bien la région, me parle de ce que ce pays était avant. Que les hommes ne buvaient que du vin, que l’eau c’était pour les bêtes, il me montre où était la vigne. Je lui parle de ce terrain à vendre, il me dit que d’être propriétaire c’est chercher les emmerdes, il y a le devoir d’entretenir une clôture, la responsabilité en cas d’incendie, pour lui la propriété est à fuir, elle empêche d’être libre.
La descente vers Sospel est charmante, un chemin de pierre, des murs de pierre sèches.
A Sospel je trouve le restaurant de rêve, c’est le bar de Rome, il ne paye pas de mine, terrine de lapin en entrée à tomber par terre, entrecôte parfaite à la ratatouille maison, le cagnard tape très fort, mes power banks sont déjà à plat et elles sont en charge sur le secteur, le panneau solaire n’a rien rechargé hier après midi et ce matin, je ne sais pas ce qui se passe.
Je regarde cette affaire de gr52a mais ça ne m’arrange pas, il n’y a pas de continuité et ça m’obligerait de n’en faire qu’un bout. Je le note pour plus tard et opte pour la grande traversée du Mercantour pour le moment.
Avant de quitter Sospel je prends mon temps, il fait très chaud, mes batteries rechargent, j’ai envie de faire la sieste, je regarde la carte, pas évident qu’il y ait beaucoup de flotte dans la section suivante, je vais partir avec 2 litres de flotte, on verra bien. Objectif bivouac dans la montagne, à un col si possible. Je vais chercher un traiteur pour lui acheter une barquette de ratatouille. Et trouver aussi un melon.
Zut boucher et épicier sont fermés. Je n’attends pas que ça ouvre. Jour de canicule mon panneau solaire s’est tout gondolé pendant que je mangeais et comble de malchance seule une de mes deux batteries est à peine chargée à moitié.
La montée est très très longue, sans doute plus de 10 kilomètres. Mais c’est très beau et je prends mon temps. La lavande est fleurie et parfume le chemin.
Des canons dans l’herbe, beaucoup d’aménagement rappellent qu’on est dans une zone frontière, la ligne Maginot et tout ça, je pense à mon-grand père qui était chasseur Alpin dans les années 30, peut être qu’il est passé dans ce coin ?
Je fais de l’eau dans les abreuvoirs des vaches peu après la Baisse de la Déa. J’ai un filtre génial pour ça.
Je pose mon bivouac sur une crête a 1900m d’altitude. La vue est sublime, de la presque île de Saint Jean Cap Ferrat jusqu’à la baie de Gênes. La nuit je vois les phares sur la côte et peut être aussi en Corse.
Demain matin j’espère que ça va être sublime aussi.
J3 Crête de Maouné – refuge des merveilles
Une brume à la tombée de la nuit trempe le bivouac, la crête est venteuse et fraîche, je me réveille souvent à cause du froid ou pour changer de côté.
Pendant que les affaires sèchent je grimpe au sommet. Un troupeau de chamois prend le soleil, c’est merveilleux.
Mes 2 power banks sont à plat, ça m’embête beaucoup que mon panneau solaire ne fonctionne pas mieux, on dirait qu’il ne recharge mes batteries que quand je m’arrête, et quand il fait trop chaud son rendement semble décroître énormément.
Je n’aime pas du tout manquer de jus, je décide que je vais m’arrêter longtemps au Camp d’Argent en espérant trouver une prise secteur pour recharger mes power banks.
Le Camp d’Argent c’est une station de ski sans aucun intérêt, la civilisation dans ce qu’elle a de pire. J’arrive très tôt au restaurant, la patronne est une vieille très revêche, elle grogne pour m’autoriser à utiliser une prise de son restau. Il se peut que ce soit au Camp d’Argent que je sois venu, avec mes parents, il y a plus de 40 ans. J’avais essayé le ski, déjà je n’aimais pas la glisse. J’ai essayé de confirmer ce souvenir avec ma mère mais elle ne s’en souvient pas.
La patronne est un chameau mais le menu délicieux, je réserve mon repas au refuge des merveilles, ils m’annoncent 5 heures de marche, je quitte le restau à 13h00.
La montée est très agréable, des montagnes, des épaulements que l’on contourne, je pense à Tolkien, je ne sais trop pourquoi, des ouvrages de la ligne Maginot et je pense à Buzzati, un roman d’attente dans un fort de montagne sur une frontière avec des ennemis invisibles.
L’arrivée vers le Pas du Diable trompeuse, souvent on croit qu’on y est mais c’est toujours plus haut, je commence à être habitué à ce scénario, je l’aime bien, c’est presque toujours beau un col.
Sur un éperon rocheux à quelques mètres du sentier un chamois prend la pose, j’espère que ma photo va être bonne.
Dans la montée, je double des Niçois à la peine, ils sont sympas, on sympathise, je continue, après le Pas du Diable on est dans une belle vallée, il y a plusieurs lacs, j’ai le temps par rapport au repas dans le refuge, je trempe mes pieds, c’est très agréable, il y a toute une vie dans ce lac, des dytiques qui remontent à la surface pour se refaire leur bulle d’air, des larves au corps gris et à la tête blanche, un genre de bonhomme de bois, c’est gai, ça donne envie de rester.
Je repars, au refuge on m’avait annoncé la foule à l’aire de bivouac mais ça va, surtout que sans tente, on ne prend pas beaucoup de place. Je m’installe tout de suite, surtout pour donner un peu de temps de séchage à mon sac de couchage.
Je bois une bière au refuge, les niçois arrivent, ils m’invitent à leur table, ils sortent de leur sac une délicieuse bouteille de vin rouge, ils sont très généreux et très joviaux. Je les quitte pour aller manger, c’est délicieux et très copieux comme souvent aux refuges. La compagnie est bonne, je suis heureux de pouvoir chatter après toutes ces heures de solitude.
Je retourne à mon bivouac, les Niçois m’ont dit que c’était la nuit des étoiles filantes, j’espère que je vais en profiter.
J4 refuge des Merveilles – Madone de Fenestre
J’ai vu quelques étoiles filantes après m’être réveillé au milieu de la nuit tout en sueur tant il faisait chaud. Je suis étonné de ne pas en avoir vu plus pendant cette fameuse nuit des étoiles filantes.
Le paysage est splendide dans cette vallée des merveilles célèbre pour ses gravures rupestres sur des rochers vitrifiés.
Au col de la Baisse de Valmasque il y a des chamois qui se laissent approcher c’est très étonnant. Je rencontre un gars qui est en train de finir Lac Leman Menton en 10 jours, 600 bornes environ, il prend le temps de faire des photos et de papoter, il s’est fait une journée de plus de 70 bornes, ça me donne envie de durcir un peu mes journées, 40 bornes ce serait pas mal.
Plus bas je croise un couple, qui prend son temps le gars me dit un truc du genre il faut prendre son temps. Ça me fait hésiter, je vais mettre mon réveil à 5h et prendre mon temps ensuite.
Je m’arrête pour manger une omelette au refuge de Nice, et j’y prends une douche..
Des orages sont annoncés.
Je voudrais bien atteindre le refuge de la Cougourde mais ça va être chaud, je manque de pêche et je traîne trop le midi.
Finalement, je m’arrête au refuge de la Madone de Finestre et je me demande ce que je vais avoir à faire demain, petite panique, le refuge suivant est à plus de 30 kilomètres et il n’y a presque rien sur le chemin, je descends à l’étable voisine acheter un morceau de fromage et téléphone au refuge italien pour réserver un repas. Vu ma vitesse d’aujourd’hui je mets mon réveil à 4h du matin pour avoir tout mon temps pour atteindre le rifugio Emilio Questa. Après le repas au refuge je vais repartir pour limiter ce qu’il me restera à faire demain, je crains juste qu’il n’y ait pas trop de bons coins de bivouac dans la montée qui a l’air bien raide.
J5 Madone de Fenestre – rifugio Emilio Questa.
Eh ben une grosse étape, 10 heures de marche, je pars très tôt pour avoir le temps, c’est très beau, très minéral, des petits lacs, des bons sentiers, des chemins militaires bien empierrés, du dénivelé mais pas dingue.
Je continue de flipper avec mon manque de jus. J’ai espère pouvoir recharger au refuge mais c’était dans mes rêves.
Avant d’y arriver je me suis pris 3 heures d’orage, j’étais content d’arriver. Tout trempé.
Un café et une grappa pour me réchauffer, le refuge est tout petit et bondé, tout le monde a son masque Covid. La grappa c’est pour porter un toast à feu mon père en souvenir de la grappa des guides du refuge Elysabeta lors de notre tour du Mont Blanc. Pour le Niçois du refuge des Merveilles c’est sûr que c’est mon père qui m’a donné le goût de la montagne, je ne sais pas, peut-être.
J’ai essayé de dormir dans le refuge mais il n’y a pas de place. Le gars du refuge me dit qu’il ne devrait pas pleuvoir cette nuit. Ça m’arrange un peu, déjà que toutes mes affaires sont trempées, passer une nuit sous ma bâche ne m’enchante guère.
En fait il y avait moyen de recharger une power bank au refuge, du coup, je repars avec une batterie chargée à 100%, ça va me permettre de faire plus long le lendemain, sans chercher à m’arrêter dans un refuge en vallée.
J’ai repéré un refuge pour demain où je vais essayer de dormir, il n’est pas loin, 20 bornes, il a l’air d’être dans le grid. Un gars du PGHM a dit qu’il y aurait encore un orage en début d’après midi, j’espère que j’aurai atteint le refuge avant qu’il n’éclate.
J’ai rencontré une famille qui se fait des vacances de refuges en refuges. Les enfants s’intéressent beaucoup au parcours, des vacances de rêve, dommage que je n’aie pas fait vivre ça à mes enfants…
Je sympathise avec un couple qui fait la GTM dans l’autre sens. Ils me disent qu’au refuge Dahu de Sabarnui on mange très bien. Changement de programme, c’est à 30 bornes et c’est là que je vais aller.
Le repas est délicieux, une soupe merveilleuse et ensuite de la polenta gratinée au four, je n’aime pas trop mais préparé comme ça c’est très très bon.
Après le repas je repars dans la nuit. Je marche une heure sur une piste empierrée par les militaires. Je trouve une petite vire pleine de cistes au dessus du chemin, parfait pour un bivouac, demain réveil à 4 heures pour pouvoir prendre mon temps dans la journée.
J6. Rifugio Emilio Questa. – Rifugio Dahu à San Bernolfo
J’ai extrêmement mal dormi sur ma vire. Avoir le nez dans le parfum des cistes c’est très agréable, le problème est que c’était très en pente et que sous les cistes il y a plein de cailloux. Je n’arrivais pas à trouver de position. J’ai pensé aux hommes préhistoriques qui jamais ne dormaient dans un lit. Je crois que j’ai quand même fini par dormir quelques heures.
Je laisse mon réveil sonner 2 ou 3 fois, j’ai du mal à m’y mettre. Partir dans la nuit en guettant le lever du soleil c’est vraiment génial, je crois que c’est le bon rythme, ça promet de faire des longues journées et aussi de prendre son temps. Se lever tôt pour avoir plus de temps à perdre, un genre de paradoxe. Un des inconvénients des départs à la frontale est qu’on rate une partie du paysage.
Je fais un détour pour passer par Isola 2000, une station de ski, tout est fermé, il n’est pas encore 8h du matin je retire du liquide et achète une viennoiserie, endroit sinistre, comme toutes les stations de ski que j’ai traversées en été . En plus c’est lamentable ce qu’ils font à la montagne, ils l’ont travaillé à coup de bulldozer, on ne la reconnaît plus.
Montée vers le col en partie par des pistes de ski, c’est nul.
De retour en Italie je m’arrête pour manger au restaurant des pèlerins de Santa Anna. Un lieu de pèlerinage avec une messe toute les heures. Entrée, plat dessert, je prends mon temps, c’est très simple mais délicieux, la polenta est normale, c’est à dire presque immangeable. J’engraisse en Italie.
La famille qui s’installe à côté de moi est marrante, une des ados fait penser à Lara Croft, on dirait qu’elle a des faux seins, avant de commencer le repas la maman fait le signe de croix et remercie la Madone, comme dirait Lolo, on y est là.
Après Santa Anna belle montée vers un col minéral, le Passo di Tesina a 2400m. Ensuite la descente est très longue mais charmante le long d’un torrent.
Le final vers le refuge du Dahu est un peu long sur une sorte de piste en forêt. Par contre le Dahu ça commence bien, bière ambrée locale en pression et servie avec une petite planche de charcuteries dans des chaises longues sur une pelouse avec vue sur la montagne. On peut y venir en hiver faire de la raquette, ça doit être pas mal.
J’ai très mal aux pieds, j’ai le choix entre 40 bornes et 20 bornes demain, je choisis la facilité. Je ne sais pas quoi faire pour soigner mes pieds, j’ai l’impression que c’est un problème de chaussettes. J’ai très mal à la base des métatarses, ça va peut-être s’arranger pendant la nuit.
Je suis un peu déçu par le restaurant, on n’est pas à une table unique comme dans un refuge, je suis tout seul dans mon coin. Cela dit c’est délicieux.
J7 refuge Dahu.- refuge de Rabuons
Belle journée de randonnée, pas très loin de 7h de marche. La montée vers le Col Long est très minérale, le col est bizarre, tout plat.
Ensuite très longue traversée le long de la montagne, il y a du réseau, j’essaye d’appeler le refuge pour réserver mon repas mais ça ne marche pas.
Je ne traîne pas trop en chemin pour avoir de la place au repas.
Le col avant le refuge est très long et très beau, il y a plein de surprises, pleins de moments où on croit qu’on est arrivé. J’aime beaucoup ce genre de col.
J’arrive assez tôt au refuge, il n’y a plus de place au repas, je négocie avec le gardien et il m’arrange le coup. Parfait.
Je réserve au refuge Becchi Rossi à Ferrere en Italie, ils m’inquiètent un petit peu en me disant que le refuge de Rabuons est très très loin alors que d’après moi il n’est qu’à 20 bornes.
Je passe une agréable après-midi à la terrasse du refuge, je passe beaucoup de temps avec Fabrice, un gars de Nice et je rencontre aussi un biélorusse sympa, lui aussi me trouve sympa, il me demande mes coordonnées mais je ne les lui donne pas, je ne sais pas bien pourquoi, peut-être que son rapport à l’alcool ne me rassure pas.
Le repas est délicieux au refuge de Rabuons.
J’y reviendrai peut-être, il y a 2 sommets de 3000 pour randonneur dans le voisinage.
Après le repas je marche un peu plus d’une heure sur le fameux sentier de l’énergie, un sentier presque plat avec beaucoup de tunnels. Il y a une déviation car un tunnel s’est effondré. La déviation fait passer par un joli petit lac, c’est là que je bivouaque.
J8 refuge de Rabuons – Ferrere
Il devait y avoir des étoiles filantes mais je n’en vois pas dans la nuit. Je dors très bien, le plat ne me sied pas mal (à la relecture j’ajoute le ne car la négation s’exprime comme ça et non pas par le pas, je repense à mon prof de français de sixième qui m’avait expliqué ça et aussi à Sarko qui toujours négationnait sans ne)
Après la déviation on retrouve cet étrange sentier de l’énergie avec tous ses tunnels. Jolie montée vers le col qui précède les lacs de Vens, l’enfilade avec les verrous glaciaires qui les sépare est superbe.
Je mange un bout de gâteau au refuge de Vens.
Le col de Fer est magique, des formes étranges ont été sculptées par la nature dans une drôle de roche métamorphique, j’avais déjà vu un paysage similaire pendant le tour des Écrins, juste avant une station de ski.
J’arrive avant 14h au refuge Becchi Rossi de Ferrere et il n’y a que de la polenta au menu. Je tente celle aux saucisses « in umido » et ce repas me rabiboche définitivement avec la polenta, c’était tout à fait délicieux quand c’est bien préparé.
Après le dîner tout à fait délicieux, je monte jusqu’au col Bassa di Colombart, je vois un renard qui se sauve, plus loin une marmotte éviscérée et étêtée.
Au col on entrevoit des étoiles à travers les nuages et de temps en temps il y a des éclairs sans tonnerre, c’est très bizarre, j’espère que je vais bien dormir et voir des étoiles filantes. Terrain plat et herbeux, c’est parfait.
J9 Ferrere.- Saint Dalmas le Selvage
J’ai très mal dormi, il a beaucoup plu, mon sac de couchage est mouillé, je me sers de toutes mes couches chaudes, y compris mon collant en mérinos, le vent souffle très très fort, j’essaie de changer de sens mais je n’aime pas avoir les pieds en haut, le vent s’engouffre dans les sacs, c’est le bazar, je crois que je ne dors pas beaucoup, je pense aux hommes préhistoriques qui devaient dormir dans la montagne, je suis sur qu’ils s’y prenaient mieux que moi. Je me dit aussi que la foudre ça pourrait faire une belle mort mais que je suis un peu con de m’être installé là.
Je vois une étoile filante, c’est déjà ça.
Le matin, ayant dormi à un col à environ 2500 d’altitude, le Bassa di Colombart, j’espérais un sublime levé de soleil, ce n’était pas nul mais j’ai été un peu déçu.
Je pars, le col de Puriac n’est pas loin, ensuite longue descente dans un très beau paysage d’alpage avec des étranges dolines, puis courte montée vers le Col de Fourches, des blockhaus de la ligne Maginot, c’est marrant, il n’y en a pas deux pareils.
A Bousieyas il y a un gîte d’étape et un camping mais à 9h tout est fermé, je continue. La GTM suit le GR5 puis il s’en écarte pour faire une boucle vers le Col de Colombart, la boucle est jolie, vallée d’alpage et sommets minéraux. Certains la font en rando à la journée, cela s’appelle circuit des crêtes blanches. On y croise le GR54 qui fait le tour de l’Ubaye. Encore un circuit qui fait bien envie et que je note sur mes tablettes.
Ensuite belle descente vers Saint-Dalmas-Le-Selvage. J’aurais bien aimé atteindre le refuge de Gialorgue mais il reste 12 bornes et j’en ai déjà fait presque 30 et il faudrait drôlement speeder pour y être à 19h. J’arrête ma journée à Saint-Dalmas. Il y a deux restaurants mais plutôt du genre touristique et cher. En plus c’est complet, le coin est trop touristique pour moi. Je préfère les refuges.
Le repas est quand même délicieux, je repars vers le refuge de Galiorgue et trouve un bon coin de bivouac dans une pâture bien plate.
J10 Saint Dalmas le Selvage.- Estenc
La nuit fut extrêmement bonne, je ne sais pas si c’est la fatigue, l’habitude, ou le choix du terrain mais je manque de rater le lever du soleil, j’adore la lumière rose dans les montagnes le matin, il est rare de pouvoir faire une bonne photo mais c’est très beau à vivre.
Le dernier col et la dernière vallée de la GTM sont à la hauteur de l’ensemble. Des petits lacs, des montagnes très belles, des torrents, des pâturages. Tout est beau.
Le refuge de Gialorgue que j’avais eu en objectif est une cabane fermée, il faudrait peut être que j’intervienne dans Open Street Map qui indique un refuge gardé.
Dans la descente je tombe sur un garde du parc en train d’inspecter des cueilleurs de génépi. Il compte les brins, on a le droit a 80 par personne. Les gars sont en règle. Le garde inspecte mon sac aussi, nous discutons un petit peu.
Plus loin, à Etrenc, un panneau indique que le début de la GTM est à Etrenc et pas à Entraunes. J’arrive au refuge de la Cantonnière à Etenc et je considère que c’est fini.
Ce refuge est très sympa, le déjeuner est délicieux et pas cher du tout. Les gens sont agréables, je traîne une paire d’heures à la terrasse avant de repartir vers je ne sais où.
Après Etrenc, la descente vers Entraunes est merveilleuse, le chemin suit le Var qui vient de prendre sa source. Au Plouig ils vendent du fromage, je m’y arrête pour en acheter, un des gars contrôlé pour les brins de génépi ce matin est là, il grave une boîte en bois, nous discutons, il m’explique la recette du genepi. Il faut 40 brins que l’on fait macérer 40 jours dans de l’alcool à 95`, ensuite il faut faire un sirop avec 40 sucres et couper avec la moitié d’eau. L’alcool à 95` ne se trouve pas en France, il faut aller le chercher en Italie.
Le gars est embêté car c’est 80 brins de génépi par personne et par an. Il comptait y retourner le lendemain mais c’est cramé puisqu’il a déjà été repéré par le garde. Toutes ces histoires de génépi sont vraiment très étonnantes..
La descente vers Entraunes est fantastique, le Var a creusé une gorge dans la montagne, il y a une cascade merveilleuse et des grimpeurs profitent de belles falaises striées.
Epilogue
C’est très bizarre mais je publie ce compte rendu plus de deux ans après l’avoir écrit en août 2020. Cette affaire était tombée dans les oubliettes après la rencontre de Fabienne. Ce qui est aussi bizarre c’est que j’avais publié la rando qui précède la GTM de Nice à Menton par le GR51 et celle qui suivait de Saint Dalmas à Nice par le GR5. Je n’ai pas envie de perdre du temps à mettre des photos, j’ai juste mis une photo un peu au hasard pour illustrer ce récit et une vidéo en hommage à Mimi.