Je suis en train de devenir malade. Ma maladie porte un nom que l’on entend souvent à la radio en ce moment, c’est le quantified self. Il s’agit de passer son temps à enregistrer des données sur son cas personnel. C’est apparemment assez proche d’un autre concept américain : la sousveillance personnelle. Je trouve que cette deuxième expression est bien plus riche et signifiante en français et c’est bizarre que ce ne soit pas elle qui perce dans l’univers médiatique.
Les objectifs de la sousveillance personnelle.
Il s’agit d’essayer de trouver des corrélations entre certains événement et un état de forme ou de bien être (mood). En fait je ne me retrouve pas vraiment dans cet objectif, il s’agit plus, pour moi de quantifier mes exercices pour que cette quantification même devienne un objectif en elle même (peser le moins lourd possible, faire le plus de kilomètre possible dans un mois ou un an)
Quelques symptômes de l’étendue de mon addiction.
- Cette nuit j’ai dormi avec mon cardio pour enregistrer ma fréquence cardiaque pendant mon sommeil et essayer de déterminer ma FC minimale. C’est vraiment n’importe quoi et je me demande à quoi ça va me servir de savoir ça. Maintenant quand un bug de mon enregistreur de sortie en course à pied (un Keymaze de chez Décathlon) bugue, je suis malade et peut essayer de passer des heures pour récupérer ce précieux enregistrement.
- Il m’est aussi arrivé de gâcher mon plaisir pendant une sortie en ayant simplement oublié ma ceinture de cardio au départ.
- J’ai beaucoup regretté qu’Endomondo ait fermé sa possibilité de suivre l’évolution de ses « personnel best » au travers du temps. Il faut maintenant payer 20$ par an pour « béneficier » de cette feature.
- Je me suis renseigné sur les balances wifi et Bluetooth qui permettent de constituer un historique de son poids et de plein d’autre chose (graisse, eau dans le corps…).
- J’ai rêvé, bien avant que les Google Glass ne soient annoncées, de pouvoir lire dans mes lunettes mes données principales (glycémie, oxygène dans le sang, taux de lactate, fréquence cardiaque, vitesse…)
- J’ai regretté que le dernier Smartphone Sony (Xperia Z) ne soit plus équipé de puce ANT+ qui permet de connecter des capteurs de fitness( cardio, accéléromètre…).
- J’ai choisi mon dernier smartphone pour l’autonomie de sa batterie de manière à pourvoir exercer ma sousveillance sur un ultra trail de 50 miles.
- Je stocke systématiquement mes sorties dans un logiciel de tracking des exercices.
- Je me pèse tous les matins et enregistre mes variations de poids dans Geonaute Software.
- J’ai couru le dernier marathon de Paris les yeux rivés sur ma fréquence cardiaque, sans profiter du paysage.
- je suis content de lire un baratin sur un capteur de fréquence cardiaque qui est capable d’interpréter des micro variation du rythme cardiaque pour en déduire un état de forme.
Questionnements.
- Est-ce que le Quantified self n’est pas un nouveau mot pour hypocondriaque ?
- Est-ce que tous les sportifs sont hypocondriaque ?
- Est-ce que je suis un sportif ?
- Que faut-il faire ? Est-ce bien ou mal ?
- Quand la sousveillance stocke les infos dans le cloud, on n’est pas loin de la surveillance ?
- Est-ce que le trail ne serait pas un moyen d’échapper à la performance et à la quantification à outrance ?
Voilà quelques questions qui trottent et vont trotter dans ma tête pendant mes prochains petits trot sur le chemin de halage le long du canal.
Permaliens
Excellent post! Je ne connaissais pas ce mot (quantified self).
Je suis un peu atteint de ce mal également (mais moins que toi je crois).
Je pense que avoir conscience de son comportement est une bonne chose. Ca permet d’essayer de réduire ces comportements anormaux.
Christophe
Permaliens
Bonjour,
je travaille pour un magazine sur un article concernant le Quantified self. Seriez-vous d’accord pour répondre à quelques questions ?
Merci.
Séverine