C’est la quatrième année que nous nous retrouvons pour un long week-end de rando course avec Lolo, Domi et Ger. Seb foufou n’a pas voulu venir, Manu n’a pas pu et on a failli avoir JD avec nous. Après avoir déjà parcouru ensemble tous les kilomètres entre Le Havre et Anvers nous avons décidé de faire Le Havre Paris cette année, Paris Reims l’année prochaine, Reims Lille dans 2 ans et Lille Anvers dans 3 ans. Le Havre Paris ça fait beaucoup de kilomètres, 236 sur le papier mais probablement plutôt aux alentours de 270 kilomètres. C’est un peu beaucoup pour un week end, si on fait 200 bornes ce sera déjà bien.
Ça fait pas mal de jours qu’on est tout excité, on se retrouve à la gare de Lille pour aller en train au Havre. On y arrive vers 22h, on est limite pour trouver un restau où boire une bière et manger avant de partir. On en trouve un non loin de l’arche de conteneurs sous laquelle nous avions démarré deux ans auparavant. Le service est extrêmement long mais le serveur est sympa et il nous fait une grosse ristourne au moment de payer. A minuit on est parti, objectif franchir le pont de Normandie avant de faire un premier bivouac. La traversée du port du Havre dans la nuit est magique, probablement bien plus jolie qu’une traversée de jour. Il y a des conteneurs partout, c’est calme, les lumières des installations portuaires nous éclairent, sur la fin du port c’est un spectacle de fin du monde qui nous attends. De l’autre coté d’un chenal, il y a des dizaines de constructions gigantesques en béton qui sont à différents états d’avancement. On se croirait dans une fabrication de géant pour la guerre des mondes, c’est fantastique. J’imagine que ce sont des mats d’éoliennes pour une installation offshore, ça ne peut être que ça. On est d’accord et voici la confirmation.
Juste avant le pont de Normandie on se promène dans la roselière, c’est super. Quand on est sur le pont un cargo tout illuminé passe sous le pont.
Après le pont il y a une petite bande herbeuse tondue pas mal le long d’une petite route qui longe la Seine. Ger pense que si des gars prennent la route à 3 grammes, on va être mal, alors on continue. Ça s’élargit un petit peu, Ger est d’accord, on bivouaque là. Il est environ 3 heures du mat. On se couche, il y a beaucoup de rosée, il fait froid, on caille dans nos bivy bags.
Au petit matin c’est féerique, il y a une brume de beau temps qui couvre la Seine, on ne voit pas l’autre rive. On espère trouver une boulangerie pour le petit déjeuner à Berville mais le village est mort. On trouve notre bonheur au village suivant, Conteville. Un grand café noir et un croissant au bord de la route. On est bien. On passe à Foulbec et cela nous plaît beaucoup.
L’objectif suivant c’est Pont Audemer pour le repas. Il commence à faire très chaud quand on y arrive. La serveuse du restau est très sympa et elle fait plein de blagues, elle nous met de bonne humeur. La bière n’est pas bonne mais sinon c’est parfait.
L’après midi est très longue, pas beaucoup d’ombre, beaucoup de bitume, on traverse un long plateau. Heureusement il y a des villages et des cimetières dans lesquels on peut faire de l’eau.
Il est assez tard quand on arrive à Bourgtheroulde Infreville, genre 21h, heureusement le petit restau du bled sert encore. Nos voisins de table nous proposent d’aller dormir dans leur pelouse. On préfère continuer.
Ger a repéré une plaine de jeu à Le-Thuit-Simer, on s’y installe juste avant minuit, c’est l’anniversaire de Lolo, Domi allume une bougie, j’offre une coquille d’ormeau et on partage une flasque de whisky. On est heureux de fêter l’anniversaire de Lolo, lui aussi est très content. Ensuite on fait une grosse nuit. Il fait froid encore au petit matin et il y a beaucoup de rosée. Tandis que l’on remballe, un chien aboie le long d’une haie. Sa maîtresse est embêtée, elle n’arrive pas à le récupérer et elle va être en retard à son travail. On s’en fout.
Au village suivant, La Saussaye, la boulangerie est fermée depuis 2 ans mais le café tabac est ouvert et c’est déjà pas mal. Le café est bon.
20 bornes environ avant d’arriver à Louviers sur les bords de l’Eure. On se souvient de la comptine « sur la route de Louviers, il y avait un cantonnier… ». Juste avant Louviers, le chemin passe dans une forêt avec une très belle gorge, c’est charmant. Encore un petit restau économique rencontré pile à l’heure du déjeuner. C’est parfait.
Dans l’après midi on se fait une étape courte, c’est bien avec tout le cagnard qu’il y a en Normandie. On arrive tôt à Gaillon, on cherche un bistrot avec autre chose que de la Heineken ou de la Leffe et on n’en trouve pas. On se détend en trempant nos pieds dans une fontaine au milieu d’un rond point. C’est vendredi, il y a des musulmans de tous âges qui se promènent en djellaba.
A un moment je m’approche de la carte des boissons d’un café et un normand assez grossier et désobligeant me dit « mais tu as un œil qui scie du bois et l’autre qui ramasse de la sciure ». Je ne relève pas, Domi me dit qu’il a très mal pris cette agression. Je médite sur cette affaire, sur la méchanceté de certain, leur bêtise, mon adaptation au monde.
Après Gaillan on a décidé de ne pas aller plus loin que Mantes La Jolie et que ce sera déjà une belle expédition. Ger a repéré un terrain de jeu dans la banlieue de Vernon, mais avant de l’atteindre on se trouve un coin parfait peu après la tombée de la nuit. C’est un petit chemin herbeux sur un coteau qui surplombe la Seine. Lolo ne dort pas, il est le seul à entendre qu’il y a une rave party sur l’autre rive de la Seine.
On repart vers 3h du mat. le chemin est très joli, d’abord sur un chemin de halage qui longe la Seine et ensuite sur un coteau en rive droite. Juste avant Sainte-Geneviève-les-Gagny le chemin devient rustique. Plein de ronces, d’orties, Lolo adore, il en redemande. La rave est proche maintenant, peut-être qu’on va tomber dedans ? Mais non, on quitte la trace pour trouver une boulangerie et un café à Gasny et on redescend vers la Seine.
La-Roche-Guyon est un charmant village en bord de Seine, un très beau château repose là. Le chemin est idyllique, on assiste à l’envol d’un planeur. Il fait très chaud, on fait une pause tous les 5 kilomètres pour que Lolo soigne ses pieds.
A Vétheuil on tombe sur un food truck qui vends des crêpes et des tartines. Ça tombe très bien. Il ne nous reste plus que 11 kilomètres.
Juste avant Mantes La Jolie on est dans la forêt pour le franchissement du 200ème kilomètre. On fête ça avec une petite cérémonie.
On arrive à la gare de Mantes La Jolie à 16h. Avec Domi on se dit que c’est de là qu’il faudra repartir l’année prochaine pour que la trace soit complète. Il va rester 70 bornes avant Paris et ensuite on remontera la Marne pour se rapprocher de Reims. On va être bien comme d’habitude.