Esquelbecq – Bray-Dunes avec Manu et Domi

Nuit dans les Flandres

Comment un truc nul s’est transformé en super moment ?

Le truc nul c’est les carrés, cela pousse à faire n’importe quoi, créer des traces qui ne servent à rien d’autre que d’augmenter ses carrés dans statshunters, en plus pour cette trace j’ai aussi pensé à l’Eddington number qui nous intéresse aussi avec Domi. L’Eddington number c’est un truc qu’on a eu énormément de mal à expliquer à Manu, c’est juste le plus grand nombre de fois où on a parcouru le nombre de kilomètres (ou de miles) en question. Je vous laisse creuser si ça vous intéresse.

Donc voilà une trace de 80km (pour Eddington) dans les Flandres françaises (pour les carrés) qui démarre d’Esquelbecq (parce qu’il y a une gare) et qui finit à Bray-Dunes (pour inclure le Saint Antoine dans la trace et pour profiter des bus gratuits du dunkerquois). 80 bornes c’est une bonne petite distance qui justifie d’y passer une nuit et donc départ au soir et arrivée dans l’après-midi, en prenant notre temps. Le temps, si utile pour l’amitié, car à quoi cela sert-il d’avoir des amis si on ne passe pas du temps avec eux ?

Eh ben nous y voilà, il y a un petit restau à Esquelbecq et c’est là qu’on se donne rendez-vous. Manu et Domi prennent leur temps pour arriver mais ça me donne le temps d’une bière et tout va bien. Pendant le repas nous réglons la question de la prochaine aventure, dans la veine des Vosges nous avions envisagé l’Écosse mais finalement c’est le Jura qui nous attendra, avec nos raquettes, en janvier 23.

En sortant du restau, première chouette rencontre. Un gars nous questionne sur notre projet (il faut dire que nos accoutrements font un parfait « talking point » pour engager la conversation) et je ne me souviens pas comment on en est arrivé là mais il nous parle de la chasse à la hutte, il en est à 24 nuits de hutte depuis l’ouverture de la chasse fin août, on lui demande s’il chasse cette nuit et il nous répond que si c’était le cas il ne serait pas là, au restau, mais serait déjà dans sa hutte. J »aurais bien voulu profiter plus de cette ouverture de conversation, lui poser plein de questions, par exemple s’il avait constaté que les oiseaux migrateurs avaient changé leurs comportements avec le réchauffement climatique mais non, on a un truc à faire et on démarre.

Deuxième moment mémorable, on n’a pas parcouru 100m qu’un gars, une bière à la main, à la porte d’un local manifestement utilisé pour quelques réjouissances, nous aborde avec un truc du genre, « tiens, voilà les mineurs » (référence à nos lampes frontales sans doute). Nous entonnons, par réflexe, la chanson de Pierre Bachelet « au nord, c’était les corons ». Je radote sans doute mais cette chanson, que j’ai entendue lorsque j’avais 14/15 ans dans un café en Bretagne a contribué à mon arrivée dans le nord et j’en parle à mes camarades. Plusieurs heures plus tard Domi nous dit qu’il est énervé d’avoir encore cet air en tête.

Il fait très doux pour une nuit d’octobre, on est en t-shirt au début de la nuit, c’est dingue et inquiétant, on passe une première fois à Rexpoëde et on fait un tour en Belgique en passant pas Oost-Cappel avant de revenir à Rexpoëde, la trace est nulle, bâclée, heureusement mes compagnons font preuve de mansuétude.

A Rexpoëde, Manu nous a préparé une petite surprise, un saucisson et une IPA Mongy, on se régale, on est bien, il doit être aux alentours de 4 heures du matin, Rexpoëde est très calme.

Pause à Rexpoëde

En arrivant à West-Cappel, on évoque un petit somme, c’est bizarre on est tous d’accord, aucun débat. Devant le portail de l’église on s’arrête, je me couche et m’endors, il parait que ma rapidité d’endormissement dépasse l’entendement, d’ailleurs Manu et Domi ne sont pas les premiers à me le dire. En tout cas c’est pratique, comme je suis d’un naturel très lent sur les chemins, j’essaie de ne pas perdre de temps lors des pauses, ça me fait penser au recordman des temps de transition au triathlon, il se reconnaîtra en lisant ce passage.

Les gisants de West-Cappel

On dort une heure et quand on se réveille c’est encore bien nuit. Tant mieux, ce serait dommage d’être dehors pendant la nuit et de rater le petit matin.

Les premières lueurs du soleil apparaissent tandis que nous approchons de Killem. Comme la trace bifurque juste avant Killem, il fait jour quand nous y arrivons.

Entre temps nous sommes passés près des huttes d’Hondschoote, on entend les appelants bien longtemps avant de les atteindre. Une fusillade éclate tandis que nous approchons, un nombre étonnant de coups de feu, la hutte devait être bien remplie.

Nous voilà à Killem, d’après Manu et Google il n’y a rien là à part une boucherie. Dommage, nous avons bien envie d’un café pour démarrer la journée. Et là dans la rue principale , on aperçoit une enseigne, Domi pense que c’est Stella, l’étoile de la bière, on est comme le bonhomme de neige attiré par la lumière, ravi de voir qu’il ne s’agissait pas d’une hallucination, ça fait penser à la fois ou Domi avait dit « on n’est pas à l’abri d’un miracle » pendant notre balade dans les Vosges.

Nous voilà au café, nous sommes sages, pas là pour l’alcool. Après avoir payé le patron sort une bistoule , une quetsche d’Alsace, il nous en propose, Manu et moi ne refusons pas, elle est délicieuse, nous lui parlons de la fleur de bière qui avait accompagné la fin de notre repas de la veille à Esquelbecq qui ne nous avait pas impressionnés et il en sort une de son congélateur en nous demandant ce que nous en pensons. Certes elle est meilleure que celle de la veille mais rien ne vaut le genièvre de Houlle de toute façon. Nous lui demandons combien nous devons pour ces breuvages et il nous a dit que comme c’était lui qui nous les avait proposés il était hors de question que nous payons quoi que ce soit. Un truc incroyable dans un bistrot non ? Dehors il fume sa clop pendant que nous nous harnachons pour partir, il nous parle d’un gars qui va arriver aujourd’hui à Bray-Dunes après être parti du coin de France le plus opposé et avoir fait un marathon par jour. Il cherche l’article dans le journal, peine à le trouver, et on voit que le gars a une grande barbe.

Bistoule à Killem

Les bistoules n’ont pas fait de mal, on repart tranquillement. On arrive vite à Hondschoote, une galette beurrée, spécialité dunkerquoise, et on repart vers le Saint Antoine.

La trace nous fait passer par une ferme mais un fermier bricole là et il nous en interdit l’accès en nous parlant de bétail et de grippe aviaire. Pas grave, ça nous ajoute un petit kilomètre et nous ajoute un point d’amusement, la grippe aviaire, je ne vous en dirai pas plus.

Ensuite nous arrivons au pied de l’antenne de l’Otan à Houtem, c’est un monument extrêmement remarquable dans la région, nous avions déjà eu l’occasion d’en profiter avec Lolo entre Arnèke et Téteghem (zut, pas de compte rendu de cette autre belle journée pourtant Warhem CA sur la musique de YMCA du Village People c’était pas mal). Cette antenne de l’Otan avait animé notre nuit, tantôt nous nous en rapprochions, tantôt nous nous en éloignions, j’ai pensé à l’antenne de Bouvignies qui avait scandé l’escale en Artois avec la confrérie.

Après l’antenne, nous arrivons au Saint Antoine, le picon vin blanc promis était là, je pense à Lolo à qui j’avais fait cette promesse mais qui n’a pas pu être là pour une raison que j’ai oubliée. Le picon était bon mais rien à voir avec la bistoule de Killem, rien d’extraordinaire en fait.

Le Saint Antoine

Après le Saint Antoine il ne reste que quelques kilomètres avant l’arrivée au camping du Perroquet sur la frontière entre la France et la Belgique. Pile au moment où nous y arrivons ma montre indique 80,04 km, juste l’objectif pour l’Eddington number mais malheureusement la montre de Domi donnait 79km et comme on avait bassiné Manu sur cette histoire d’Eddington il nous avait demandé de courir pour faire le ou les derniers kilomètres, on avait pensé, dans la veine de backward ultra, de faire le tour de la boutique Léonidas mais une fois arrivés sur place on a préféré un chemin dans les dunes pour atteindre ces fameux 80 kilomètres sur la montre de Domi. On a couru le dernier kilomètre, c’était beau, comme toute la journée.

Bon, après ce final émouvant une Duvel Triple Hop nous attendait. Nous en avons profité pour trouver des raquettes pour partir dans les Vosges avant de profiter du fameux bus gratuit de Dunkerque pour rentrer à la maison.

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