Une super Bouillonnante 2013
J’ai vraiment eu beaucoup de chance de participer à cette Bouillonnante de 54 kilomètres car j’ai pu utiliser le dossard du Bouquetin alors que je ne connaissait même pas cette course mythique il y a quelques mois. Les inscriptions avaient été ouvertes un peu avant minuit et il n’en restait plus une de dispo en début de matinée le lendemain. Un succès incroyable et amplement mérité pour cette course (qui est sans doute à la Belgique ce que l’UTMB est à la France ?).
Alors donc à une semaine du départ j’apprends grâce à Christophe Barbier de Trail Nord que le Bouquetin ne pourra pas y courir et je me rend compte que moi par contre, je suis carrément disponible ce jour là. Un concours de circonstance phénoménal non ? Le transfert du dossard a été rondement mené et vraiment je remercie Christophe pour ce beau cadeau. Il m’avait promis que j’allais bien me régaler et ça n’a pas failli.
Parcours
Le parcours de cette 8° édition de la Bouillonnante été sublime. Départ de la cour du château de Bouillon et préambule dans un souterrain très bas de plafond. Que des sous bois, des crêtes, des paysages splendides, des passages au milieu de rochers majestueux, très très peu de bitumes. Des montées et des descentes épouvantables (notamment « the wall » à la fin du parcours) mais à la différence de trail des Poilus on n’a pas l’impression de monter et de descendre toujours la même colline par des accès différents. On a toujours la sensation de progresser et rarement celle de revenir sur ses pas et c’est assez agréable. Malheureusement le franchissement de la Semois avec de l’eau au dessus de la taille a été annulé cette année à cause du débit trop fort de la rivière. Il y a aussi un passage fameux avec des échelles de fer que les plus rapides ont pu shunter en descendant le long d’une corde.
Rencontres
Un bon compte rendu ne peut pas se passer du souvenir des traileurs rencontrés sur le chemin. La Bouillonnante 2013 aura été un très bon cru de ce coté là avec d’abord la courte rencontre d’un Amsterdamoi très sympa qui était content de rencontrer un tchi (il avait du mal avec le mot ch’ti) comme s’il rencontrait un voyageur venu du passé et du film de Dany Boon.
J’ai aussi eu l’occasion de croiser quelques confrères vu lors de la Grande Alliance et de courir quelques minutes en compagnie du frère Tuck.
J’ai ensuite passé plusieurs heures avec 2 camarades qui courent beaucoup ensemble, Emmanuel et Nicolas. Ils étaient là en préparation de l’AMT (Ardennes Méga Trail) qui va se courir en juin (89 kilomètres en autonomie 4800m de D+) et la préparation de cette course n’a pas l’air d’être une mince affaire (ça commence par quoi mettre dans son sac pour avoir assez à manger pendant une course qui peut durer jusqu’à 20 heures sans ravitaillement solide). En fait il en a tant été question que j’espère bien que je vais pouvoir la faire en 2014 et j’ai hâte de subir le supplice du choix, au 33° kilomètre entre abréger en faisant seulement 50 kilomètres ou faire vraiment les 89 kilomètres.
Nous avons fait un sacré bout de chemin ensemble (ça doit se compter en heure) et voici une petite série de mot clef souvenir de nos discussions : Vichy célestin – acidose – Hitler – Dien Bien Phu – tapis de course – AMT – Inde – Ooty – Birmanie – femmes – enfants – café – thé – Cochin – Asram – Backwaters – Kerala – Mysore – bâtons – hypoglycémie – cambriolages – conservatoire – usine textile – camping – Landes – fonctionnaire – hôpital – médecin du LOSC – train à vapeur – Pondicherry – tremblement de terre au Pakistan – délire tropical – cendres d’un macchabée dans une chaussette – légion d’honneur – légion étrangère – campagne de Russie – Roumanie – psychiatrie – traitement de l’autisme – serviettes froides – pain saucisse – Orval – Dagobert –
Sensations
3 semaines après un record personnel sur marathon (marathon de Paris) et à un mois de mon objectif principal de la saison (la Norman Conquet de 50 miles) cette course était l’occasion de me faire plaisir et j’avais bien envie d’essayer d’aller plus vite qu’au trail des Poilus où il m’en restait trop sous le pied à la fin. Il fallait aussi que je fasse honneur au dossard du Bouquetin mais je ne sais pas encore si j’ai été à la hauteur.
Cela dit cette course a été très éprouvante physiquement. Ça a démarré par un genre de crise de foi (trop de grignotage sucré avant le départ ?), ça s’est poursuivi avec une énergie généralement faible, des vibrations annonciatrices de crampes dans les mollet avant le 40° kilomètres et l’impression que ce calvaire n’allait jamais en finir.
Il y a aussi des points positifs, malgré les difficultés je n’ai jamais pensé à abandonner et je n’ai pas rencontré de douleur particulière (pied, talon, cuisses). La sensation d’avoir les cuisses qui piquent que j’avais rencontré lors du trail des Poilus ne s’est pas reproduite.
Finalement un immense bonheur sur la ligne d’arrivée et déjà l’envie de remettre ça le plus tôt possible.
Résultats
C’est la première fois que j’ai failli me faire avoir par une barrière horaire. 56.11 kilomètres et 2160 D+ d’après mon Keymaze. Je fini en 8h45. Une heure de plus qu’au trail des Poilus et l’impression que c’était 10 fois plus dur.
Ce qui est bizarre aussi c’est que je ne me rappelle pas d’avoir eu mal aux cuisses après les poilus alors que 3 jours après la Bouillonnante j’ai encore les cuisses et mollets tout durs et même brûlants. Plus douloureux encore qu’après le dernier marathon de Paris.
Organisation.
Super chapiteau pour le départ et l’arrivée avec tables, pompes à bière et Orval en bouteille. Assez peu de ravito solide sur la course, il est recommandé de partir avec ses propres provisions de bouche. Excellent balisage avec très peu de risque de se perdre. Signaleur dynamique et très encourageant. Stand de pain saucisse, à l’arrivée. Un must pour finir un trail en Belgique.
Logistique
Comme Bouillon c’est le bout du monde (2h30 de voiture depuis Roubaix) j’avais décidé de partir la veille et et dormir dans un hôtel du coin. Finalement, à cause d’embouteillages monstrueux un peu après Dinant je suis arrivé très tard à Bouillon et juste après avoir récupéré mon dossard, au bord de la panne d’essence, j’ai décidé d’annuler mon hôtel et ai pris la drôle de décision de dormir dans la voiture. Comme prévu, la nuit a été assez pénible (impossible d’étendre les jambes d’un gaillard d’1m83 dans une petite Fiat Panda) mais comme dirait Rémy Gaillard, c’est en faisant n’importe quoi qu’on devient n’importe qui. J’ajouterai aussi que la bêtise n’est pas le privilège de la jeunesse…
J’ai aussi commis l’erreur de me gaver de dates et de figues en guise de dîner ce qui fait que j’ai frôlé la crise de foi dans les premières heures de la course.
Alimentation.
Alors que dans la vrai vie j’ai tendance à me nourrir de produits bio et à ne jamais acheter de plats cuisinés je suis assez amateur de petites cochonneries industrielles lors des courses. Pour celle-ci je me suis dit que des produits non transformés pouvaient sans doute remplacer les gels et barres énergétiques habituels. Je suis donc parti avec dans les poches une provision de figues et de bananes séchées avec quand même un ou 2 gels pour une éventuelle hypoglycémie et pour les derniers kilomètres.
Mon choix d’aliments s’est révélé assez bon. J’adore les figues et encore plus les bananes séchées et même à la fin ce n’est pas écoeurant. Pour la prochaine fois il faudrait aussi que je pense à embarquer une plus grande variété de produits (raisins sec, amendes, dates, pâte d’amande, pâte de goyave…) et à trouver des trucs salés non acidifiant dans l’estomac.
Matos.
- Salomon Skin Pro 10 + 3 : C’est la première foi que je le rempli « en course ». Il n’est heureusement pas nécessaire de déconnecter le tuyau pour remplir la poche à eau. Bonne nouvelle : les poches de bretelle sont assez grandes pour contenir mon nouveau téléphone Samsung Galaxy Note 2 (mon S3 est tombé dans l’eau la veille du marathon de Paris).
- Sofshell imperméable Adidas. J’ai failli ne pas la prendre en ayant peur d’avoir trop chaud mais finalement c’était très bien. Il faisait 7/8 degré de température et vers la fin de l’épreuve, quand la température remonte la vitesse ralentie et le corps a moins de calories à évacuer.
- Chaussures Salomon XA PRO 3D ULTRA : RAS, elles vont bientôt rendre l’âme mais ni ampoules ni sensation de raideur dans le talon.
- Veste imperméable Craft : je n’ai heureusement pas eu à m’en servir.
- Short Skin A200. Parfait. Pas la moindre contracture dans les cuisses.
- Geonaute Keymaze 700 raid Trail. Très bien mais comme aux Poilus il a refusé de prendre mon poul. Ce n’est pas dramatique mais c’est bizarre qu’au démarrage de la séance il ne dise pas qu’il n’a pas réussi à trouver le ceinture cardio.
Conseils et enseignements grappillés pendant l’épreuve.
- Ne jamais s’asseoir, avancer toujours, se reposer debout.
- Mon point faible c’est les descentes. Tout le monde me double et je me fatigue à freiner. Je dois absolument trouver un moyen de m’améliorer sur cet exercice.
- Un nouvel objectif pour 2014 : l’AMT
- Un nouvel objectif pour 2015 : les 100 kilomètres pour fêter les 10 ans de la Bouillonnante.
- Les fruits sec c’est très bien mais il faut en prendre beaucoup. Bananes séchées particulièrement agréables.
- LE GU Brew pourrait bien devenir dégueulasse après plus de 8/10 heures de courses. Il serait intéressant de trouver des cachet de sel sans aucun arôme.
- On ne prend jamais trop de nourriture.
- Essayer de trouver un pain (pain d’épice ?) pour varier les plaisirs.
- S’obliger à manger quelque chose toutes les demi heures.