Legends 250 – DNF 2022

Legends 250Je suis très content de démarrer ce compte rendu. Je vais vous le dire tout de suite, j’ai découvert un nouvel objectif dans ma vie « sportive ». Trouver un nouveau rêve dans ce monde en totale déliquescence est un grand événement pour moi. En plus ce rêve est parfait à tous les niveaux, c’est un rêve inatteignable pour moi, donc un rêve que je vais pouvoir essayer de réaliser en étant sûr de ne pas le perdre jamais.

J’en suis à mon troisième échec sur le Legends, une première fois en 2018 sur le Legends 250, et une deuxième fois en 2020 sur le Legends 500.

Et donc ce rêve c’est bien sûr de finir le Legends 250. Au début quand Tim m’avait expliqué que la barrière horaire était réglée sur la vitesse de 4 kilomètres par heure, j’ai cru que c’était une blague. 4 kilomètre par heure c’est moins que la vitesse d’une promenade dominicale mais en fait tenir ça pendant des nuits et des jours, sans dormir, et sur un terrain pas roulant du tout, c’est impossible pour moi. Je vais repartir avec la conviction que je ne pourrai pas finir et ça c’est bien, c’est ne pas consommer son rêve.

Avant le départ.

Je suis plutôt en forme, j’ai couru pas mal de fois des 20 kilomètres le midi et ça va assez bien. En janvier on avait été une semaine dans les Vosges avec Manu et Domi et cette longue randonnée était un peu la préparation idéale, beaucoup de marche à un rythme très soutenu avec beaucoup de dénivelé.

J’arrive bien reposé à Bernardfagne, bien en avance aussi pour ne pas répéter mon erreur de 2018 où je m’étais trompé d’endroit pour le départ. Il y a plein de Spiners que j’aime bien ici, Robin, Christophe, Julien, Dima, et Tim, l’organisateur, les retrouvailles sont chaleureuses.

J’ai mis la trace dans mon Etrex, ma Suunto et mon téléphone mais quand j’obtiens le fixe GPS sur mon Etrex je me rends compte que la trace ne se charge pas, rien n’apparaît à l’écran. Ça craint déjà, je n’aurai donc que ma montre pour naviguer et mon téléphone avec Locus quand ça se complique.

Départ

Dans le sas je suis avec Julien et Christophe mais au début je retrouve Dima, un russe américain que j’adore, il m’avait parlé de Sartre et Camus avant que nous ne passions la terrible nuit ensemble sur Cross Fell sur le Spine 2018. J’attaque sur l’Ukraine mais Dima ne veut pas en entendre parler aujourd’hui, on est deux ou trois jours après le début de l’invasion par les Russes, on est là aussi pour échapper à l’actualité.

J’aurais adoré pouvoir rester longtemps avec ce compagnon très intéressant mais je trouve qu’il ne va pas assez vite, nos rythmes ne s’accordent pas, c’est la première fois que je rencontre un gars qui descend moins vite que moi. Pourtant il me rattrape souvent, je ne comprends pas son système. Peut-être que la différence entre nous est qu’il ne sait pas encore que ça va être très très difficile et qu’il ne faut absolument pas perdre de temps dès le début ?

Je découvre avec lui que la trace que j’ai dans ma montre est pourrie, ma trace est faite de segments de plusieurs centaines de mètres, elle ne suit pas les circonvolutions des chemins, cela pose beaucoup de problèmes aux intersections où elle ne donne qu’une idée générale de la route à prendre. Sa trace à lui est très précise, il est toujours « spot on » quand moi ma montre me montre toujours une trace un peu à côté de la trace réelle. Heureusement je découvre que dans mon smartphone la trace est bonne, mais dès que j’ai un doute je dois enlever mes gants, sortir mon téléphone et attendre quelques dizaines de secondes pour que mon téléphone récupère ma position précise. C’est très chronophage mais pas trop gênant dans cette première partie où il y a toujours des coureurs juste devant ou juste derrière qui me permettent de les suivre sans avoir à sortir mon téléphone.

Pendant quelques temps je double et me fais redoubler par une fille. Je découvre plus tard que c’est Claire Ferguson, rencontrée sur le Legends 500 qu’elle a remporté avec Daphné. Elle me rattrape une dernière fois tandis que je galère à mort pour trouver le départ d’un tout petit chemin qui démarre au coin d’une maison peu avant le fameux passage du Hérou. Je décide de ne plus jouer au con et de ne plus la dépasser pour profiter à la fois de sa compagnie et de sa navigation. A un moment elle s’arrête pour changer les piles de son GPS et je continue tout seul, bingo, je prends une mauvaise direction et je dois la rattraper encore une fois ensuite. Pendant le fameux passage du Hérou, où les dégâts de la tempête Eunice font que c’est très compliqué de franchir les arbres tombés en travers de l’étroit chemin entre une falaise et une rivière. Cela m’épuise ce passage, heureusement que Claire était là car en plus la navigation est très compliquée et le chemin pas facile à suivre du tout. Finalement je n’arrive pas à la rattraper et je ne la reverrai plus avant le CP1.

J’ai des problèmes de souffle dans les montées, je pense à mon père qui s’est rendu compte de ses problèmes cardiaques dans une remontée en sortant d’une rivière où il était allé couper des arbres avec son association bretonne. En fait ça passe, je fais attention de manger une demi barre de céréales toutes les heures pour maintenir une petite énergie. Ce n’est pas la grande forme mais j’arrive à rester un poil au dessus de 5 kilomètres par heure. Cela veut dire que chaque heure je gagne 15 minutes sur la barrière horaire. C’est pas bésef mais ça me va.

Le ciel est dégagé, il y a plein d’étoiles dans le ciel, quand je reconnais Orion je suis heureux, je pense à Fabienne, je suis heureux de l’avoir rencontrée, elle m’encourage pendant la course, je me sens bien.

Le premier check point est au 64° kilomètre, c’est très très loin, aucun bistrot ou café où s’arrêter avant, il faut vraiment faire attention à son autonomie alimentaire sur ce genre de course, moi j’ai été assez imprévoyant, j’économise mes barres de céréales et mon eau. J’ai aussi une gourde de Péronin, une boisson énergétique pour cosmonaute chère à Manu, mais ça me dégoûte, trop sucré.

Pour l’eau, heureusement qu’il y a des postes intermédiaires tous les 20/25 kilomètres sur la course où des gentils bénévoles proposent de la soupe et le remplissage des gourdes. C’est une organisation extraordinaire la Legends Family qui s’occupe de tout ça.

64 bornes c’est déjà une affaire, je trouve ça long et je suis bien content d’atteindre le CP1 au petit matin. J’y retrouve Claire qui est en train de partir après 40 minutes d’arrêt et Dima arrive quelques dizaines de minutes après moi. Je demande à Dima combien de temps il compte y rester, je me dis que c’est vraiment con de ne pas profiter de sa compagnie et quand il me dit qu’il compte rester encore 20 minutes je lui propose de l’attendre et que l’on reparte ensemble. En même temps je vois qu’il ne va pas très bien et qu’il traîne, on prends le temps de boire une bière ensemble mais le temps file et je pars sans lui en espérant qu’il me rattrape ensuite. Il est 7h30, j’ai 2h30 d’avance sur la barrière horaire, c’est pas énorme.

Je recommence tout doucement, pour digérer tout ce que j’ai ingurgité au CP et pour que Dima puisse me rattraper mais, ne le voyant pas venir, je me remets à courir quand même.

Je ne me souviens presque plus des 50 bornes entre le CP1 et le CP2, il y a encore du monde sur le chemin et la navigation n’est pas trop galère.

Juste avant la mi-chemin je rencontre un gars qui promène ses chiens, il sait ce qui est train de se passer, c’est son coach qui est en tête en ce moment, il est arrivé avec une heure d’avance au CP 1.5, la soupe n’y était pas encore chaude, il est sympa, c’est une rencontre agréable. Il me dit que ce CP 1.5 est dans 2 kilomètres, je suis content d’y arriver.

Au CP 1.5 il y a une délicieuse soupe aux légumes mais malheureusement pas de chaise pour se reposer, ce n’est pas l’idée, c’est peut-être pas plus mal, l’horloge continue toujours de tourner, il ne faut pas l’oublier. J’y revois Steven, le bénévole qui était venu à mon secours il y a 4 ans quand ma voiture était bloquée dans la neige et que je n’arrivais pas à arriver au départ. Je commence à avoir de bons souvenirs partagés avec la Legends Family, c’est vraiment bien, ils sont géniaux.

Bien avant le CP2 il y a un gars derrière moi, je décide qu’il ne faut pas qu’il me double, ça me motive beaucoup pendant une paire de kilomètres, c’est assez idiot mais j’en fait presque un ennemi, je suis assez minable pour courir particulièrement quand il ne peut pas voir que je cours pour qu’il ne se rende pas compte de mon manège. Finalement, lors d’une bifurcation que ma putain de trace dans ma montre ne m’a pas indiquée, je perds toute mon avance. Je reviens sur mes pas, mon poursuivant s’est arrêté sur un banc au soleil juste à la bifurcation ratée, je m’assieds à coté de lui, il s’appelle Kristof, c’est un flamand qui ne parle pas français, je lui raconte mon histoire de motivation, ça l’amuse, on sympathise mais quand on repart j’ai perdu ma stamina et je n’arrive plus à le suivre, dommage. Je me traîne.

Un peu plus loin je le redouble tandis qu’il fait une sieste au soleil avec Ann. Ils me redoublent peu après puis je fais une erreur de navigation, je shunte une petite boucle sur un coteau, quand je m’en rends compte je suis presque arrivé à la sortie de la boucle, je décide de ne pas faire marche arrière et je continue, je ne suis pas fier de moi, je vais signaler mon entourloupe au CP suivant.

Juste avant le CP2 je rencontre Tom, il est en train de faire une sieste au soleil, comme les trois quarts des gars sont néerlandophones sur la course j’ose « hebt u het niet koud ? » ou un truc du genre car il faisait très froid malgré le soleil. Je ne comprends rien de ce que me répond Tom mais nous continuons ensemble, il parle mieux le français que moi le néerlandais, la communication est difficile mais nous nous entendons bien. Le temps passe vite côte à côte, il vient de Ronse, on papote en mélangeant le français, le néerlandais et l’anglais. J’aime bien sa compagnie, surtout quand il s’émerveille devant le paysage.

Juste avant le CP2 il y a un bâtiment qui ressemble aux bâtiments utilisés pour les check points, il y a de la lumière mais bizarrement aucune indication de l’organisation. J’y entre quand même, on ne sait jamais. Je tombe sur 2 genres de scouts complètement défoncés, il y a en a un qui bloque la porte et l’autre qui me demande de partir. Le ton est au bord de monter, j’ai la nette impression qu’ils ont envie de me casser la gueule, c’est cauchemardesque. Je ne sais pas pourquoi, je ne comprends pas bien la situation. J’essaie de les calmer et ça marche suffisamment pour que je puisse me sauver, ouf.

On arrive au CP 2 avec je crois 4 heures d’avances sur la barrière horaire. Je suis un petit peu surpris d’avoir pris tant d’avance. Je perds du temps avec mes pieds qui ne vont pas si mal que ça. Je reste environ une heure là. Tom y abandonne, c’est dommage. Je n’ai pas du tout envie de dormir. Je change de chaussettes étanches mais ça m’inquiète, ce sera la dernière fois que j’en change car après je n’en ai plus de sèches.

Quand je suis prêt à partir Dima arrive, il ne va pas très bien, il se pose la question d’abandonner. Dommage.

Je repars, je suis déjà content d’avoir fait plus de 100 kilomètres, dans quelques heures j’aurai dépassé la mi course, j’ai 3 heures d’avance maintenant, je suis encore dans la course. Le prochain CP n’est que dans 36 kilomètres, facile.

Je galère à mort dans une traversée de rivière peu après le CP, je me retrouve dans un roncier extraordinaire, comme d’habitude dans ce genre de cas je ne fais pas ce qu’il faut faire et je tourne en rond dans les ronces. J’ai sorti mon téléphone pour me repérer dans locus mais le signal GPS n’est pas précis. Peut-être que je perds une demi heure dans l’affaire. C’est moche. Si j’avais eu du bon matos de navigation je n’aurais pas perdu tout ce temps.

J’ai réglé ma montre pour qu’elle fasse un bip tous les 5 kilomètres et ça me permet de voir ce que je grignote sur la barrière horaire. Malheureusement après le CP2 je ne grignote plus rien, dès le début, pourtant avec le ventre plein et plein d’énergie pour avancer. Je perds du temps à chaque kilomètre, il faut que je fasse quelque chose. Je mange un genre de madeleine au chocolat que j’ai pris au CP, c’est dégueulasse, ça me retourne l’estomac, je me demande si je ne devrais pas essayer de vomir pour me purger.

J’ai tout d’un coup envie de dormir, je me dit que vu comme c’est parti peut-être que je n’avance plus car il faut que je dorme. Je trouve un coin parfait, un tapis de feuilles de chêne à l’écart du chemin, il fait froid et j’ai froid, les feuilles sont luisantes de gel, j’envoie un SMS à Fabienne pour lui demander de me réveiller dans 45 minutes. Je sors mon bivy bag, merci Tim d’avoir mis ce truc dans l’équipement obligatoire, ça me fait penser aux bivouacs que l’on se fait tous les étés avec mes potes. Je me dit aussi « qui dort dîne » et donc qu’un peu de sommeil va peut-être me regonfler mes batteries. J’ai un peu de mal à trouver le sommeil, il y a des branches sous les feuilles et un petit vent glacé qui me rafraîchi le museau.

Je me réveille naturellement , j’envoie un SMS à Faby, j’ai dormi 45 minutes, il fait froid mais dès que je repars je me réchauffe, j’ai encore l’estomac retourné.

Malheureusement je n’avance toujours pas assez vite, je me traîne autant qu’avant ma sieste, c’est nul. J’ai le moral dans les chaussettes, et le fait que j’ai déjà utilisé mes 3 paires de chaussettes étanches n’arrange pas mon état d’esprit. Je me demande comment je vais faire pour la suite. Mes chaussettes sont trempées de l’intérieur à cause de la sudation. Pas cool.

A un moment je me trompe à une bifurcation, pour me rattraper je cherche un chemin que je ne trouve pas. Après plusieurs allers-retours à la recherche du départ de ce chemin je me lance en hors piste dans une forêt très très en pente. Heureusement, ça descend, je trouve un chemin mais mon smartphone me donne le tournis. Ma position sur la carte numérique ne correspond à rien. Ça m’énerve d’être un peu comme perdu. Je ne panique pas mais j’en ai ras le bol. Ensuite il y a une bifurcation, je choisis un chemin, vérifie après quelques dizaines de mètres si c’est OK, c’est pas clair, je me dis que non, je répète la manœuvre sur l’autre piste, même conclusion, je suis un hamster dans sa roue ou plutôt Sisyphe avec son rocher, une boucle infinie. Je me dis que j’ai de la chance d’être là quand-même, c’est pas tous les jours qu’on a autant d’émotions.

Je pense à Manu qui est si fort en navigation, je le vois en train de galérer avec carte et boussole sur le Skiddaw lors du 10 peaks. Je me dis que je suis vraiment nul. Je m’assois sur le bord du chemin pour réfléchir à cette affaire.

Je commence à écrire un SMS à Manu quand je vois des frontales qui arrivent. J’imagine que ce sont des coureurs et que je vais pouvoir les suivre. Me voilà sauvé. En fait non, ce ne sont pas des coureurs, ce sont des bénévoles de la Legends Family qui viennent à ma rescousse. Ils ont vu sur le tracking que je galérais et comme ils tenaient un CP intermédiaire à quelques centaines de mètres de là ils sont venus me sortir de cette horreur. Les Legends ce sont eux, je les adore, cette course est géniale.

Après la soupe au CP je suis démoralisé, je suis au trente sixième dessous, je me dis que c’est fini pour moi ces grandes courses, je suis nul et je n’ai pas le niveau, ça ne sert à rien de continuer, jogging et rando, voilà mon avenir. C’est la loose, le cafard.

Il me reste moins de 20 kilomètres avant le CP, je continue sans me presser, la course est finie pour moi.

Je me pose des questions sur ma motivation, je me souviens avec nostalgie du temps où j’avais peur d’être un usurpateur de dossard, un gars qui ne finit jamais rien, ne pas en être m’avait beaucoup motivé en particulier sur la TDS et même sur The Spine. Ma réputation était aussi en jeu. Aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir perdu cette motivation là. Je n’ai pas grand chose pour la remplacer, c’est pour ça que je ne me suis pas accroché au 365ème kilomètre du Legends 500. Déjà que l’abandon aux événements était ma manière depuis longtemps, que reste-t-il si je ne sais pas quelle est ma motivation ?

Pas de jus, des problèmes de GPS, plus de chaussettes sèches, des problèmes d’alimentation, plus aucune avance sur la barrière horaire, pas d’espoir que ça aille mieux après, je n’ai plus envie de courir dans les descentes, voilà ce qui me convainc que je n’irai pas plus loin que le CP 3.

Ayant abandonné « dans ma tête », les derniers kilomètres passent sans que je m’en rende compte, tranquillement. Après avoir touché le fond, je repense à ce que Juan avait dit. Le Legends 250 est si dur qu’atteindre le CP2 est déjà un exploit donc avec le CP3 en vue je peux être satisfait et heureux.

Je profite de plein d’hallucinations depuis déjà pas mal de temps, une de mes premières aura été un Manneken-Pis qui pêche à la ligne déjà avant le CP2. J’ai aussi vu des tentes avec plein de gens au bord de la route et des lutins dans des tas de bois. Je suis content, ça faisait très longtemps que je n’avais pas été dans cet état. Rien que pour ça, ça valait le coup de venir.

Peu avant le CP3 je réalise que je suis probablement encore dans les temps, je me remets à courir pour essayer d’arriver avant le cut off au CP et ainsi être enregistré avec ce niveau pour mon DNF. C’est parfaitement absurde, je n’en suis pas fier. J’arrive au CP avec 25 minutes d’avance sur la barrière horaire. Je suis trop lent pour continuer, la prochaine fois je crois que je pourrai pousser jusqu’au CP4, ce serait bien, Juan a raison.

Épilogue.

On est 4 ou 5 à être rapatriés au départ par une navette de l’orga, c’est bien organisé. J’ai l’impression d’être le seul heureux dans le mini-bus, le retour prend pas mal de temps, je m’endors.

A Ferrière je tombe sur Samih qui a abandonné avant. Ce gars est super, on entre dans une conversation fluide et passionnante, j’adore ce moment, on parle de la colonisation des Ardennes par les flamands, de Tarik Ramadan, du sens de la vie, de la modernité, de la question transgenre…

Je suis là lors de l’arrivée du vainqueur, il s’appelle Ivo Steyaert, son humilité m’impressionne, il a « gagné » mais ça semble naturel, c’est juste parce qu’il a été le plus fort. C’est un des avantages d’abandonner, on est rapatrié au départ et on peut y rencontrer les champions. En fait je m’en contrefiche des champions, ou plutôt des palmarès, mais c’est quand-même génial de toucher ces gars là. J’ai déjà eu « accès » à Eoin, Eugenie et Pavel, des premiers au Spine. Pour moi ce sont des extra-terrestres, nous ne sommes pas du même monde, nous n’avons pas ni les mêmes nourritures ni les mêmes problèmes. Je ne peux pas plus les comprendre qu’ils ne peuvent me comprendre. Ils peuvent peut-être, m’identifier comme appartenant à la « communauté » des ultra traileurs mais ils ne pourront jamais me connaître. L’incompréhension comme horizon.

Je m’arrange avec Tim pour réserver une chambre dans l’ancien pensionnat (j’ai été pensionnaire dès la sixième et c’était pas facile mais ça me fait remonter plein de souvenirs), dors quelques heures et quand je descends je passe un bon moment avec les deuxième et troisième qui viennent d’arriver.

Je m’intéresse beaucoup à Jeremy, sa femme est là pour l’attendre, c’est un des plus régional de l’étape, ils n’habitent pas très loin. Les moteurs du fonctionnement de leur couple me fascinent, la propreté, l’ordre, le chien, ses potes lui suggèrent un fast-food et elle rêve d’un restaurant gastronomique mais l’amour est là et c’est très beau, j’adore repérer la beauté du monde. Je la repère aussi avec Faby et c’est juste merveilleux.

Je passe en mode « intéressé » pour questionner Jeremy sur son moyen de conserver de l’énergie pendant la course. Pour lui c’est très simple, très peu de nourritures solides mais beaucoup de liquide, du Coca en particulier. Je vais m’en inspirer.

Notes pour la prochaine fois.

Il y a plein de trucs que je suis censé savoir depuis le temps que je cours mais je dois être en pleine régression car il y a tant de choses que je devrais faire et que je ne fais jamais.

  • Premièrement relire ce compte rendu, j’avais déjà fini mon CR du Legends 250 par quelques conseils et ça n’aurait pas été du luxe que je relise tout ça.
  • Deuxièmement être plus sérieux avec mes pieds, je n’ai même pas fait la semaine de préparation NOK avant le départ et il faut aussi absolument que j’aie plus de chaussettes étanches ET des fines chaussettes en mérinos à mettre à l’intérieur.
  • Pour l’énergie en course il faut absolument que je choisisse un système. Là je n’avais prévu que quelques barres de céréales, rien de sérieux et pas assez pour une course ou l’autonomie est importante. Il me semble que je dois m’intéresser aux boisons pour l’effort. Il faudrait que je trouve un truc sucré qui ne me dégoutte pas. Il faudra aussi que je mette cette boisson dans une gourde à pipette pour ne pas avoir à galérer pour atteindre cette boisson.
  • Il faudra aussi que je charge mon GPS avec les étapes de la course et pas seulement la course entière. Beaucoup moins de risques de ne pas avoir de trace à suivre et le découpage de l’objectif général en plus petits objectifs est un truc qui marche pour tout le monde.
  • Continuer d’apprendre le néerlandais, on dirait que ça commence à entrer, le Legends est une super occasion de pratiquer.

 

 

3 commentaires


  1. Bonjour,

    Merci pour ce témoignage qui, malgré les difficultés évoquées, donnent envie de vivre les mêmes émotions…
    La prochaine LT250 est dans 3 semaines…Je n’ai qu’un 95Kms – 5300 D+ au trail de Munster cet automne à mon actif. Que faut-il comme qualités (à part le culot!) pour prendre le départ d’une telle épreuve?
    quel est le poids maxi du sac à ne pas raisonnablement dépasser?
    Faut-il de bonnes notions de navigation?
    J’hésite j’hésite j’hésite…

    Un grand merci si vous avez le temps de répondre!

    Eric

    Répondre

    1. Nous avons eu une correspondance par mail avec PICCA, je la retransmet ici

      Moi :
      Avoir un 95km comme expérience c’est déjà très très bien. Pour moi, il ne faut aucune qualité particulière pour faire de l’ultra. C’est dans les gènes de l’homo sapiens que d’être capable d’endurance. On en est tous capables.

      Pour le poids max du sac c’est une question sans aucune importance. Il faut dans son sac le matériel obligatoire, en particulier le bivy bag et pas mal de nourriture car les ravitos sont très éloignés les un des autres.

      Pour la navigation une montre suffit. C’est bien d’avoir aussi la trace dans son smartphone, dans Locus par exemple. Perso je vais prendre aussi mon Etrex mais je n’aime pas trop. Il n’y a absolument aucun balisage sur le parcours. La navigation ça s’apprend beaucoup sur le terrain.

      Pour moi tu dois venir, il se pourrait que tu ne finisse pas, mais ce n’est pas grave.

      Eric :
      Bonjour Yann,
      Merci pour ce retour!
      Je n’ai pas de bivy bag, mais une Chullanka Treka 1+ de 1,5kg environ et un duvet de 1,3kg, et j’ai peur d’avoir froid sur le temps de repos où il faudra inévitablement dormir…
      Bon, il ne me reste plus qu’à trouver le courage de me présenter sur la ligne de départ…

      Moi :
      Ça ne me semble pas être une bonne idée de partir avec une tente, il faudra que tu l’ai toujours avec toi. Renseigne toi sur le bivy bag SOL, j’en parle sur mon bl

      Eric :
      Super documenté ton avis sur le bivvy bag SOL, bravo ! On y voit plus clair…tu conseilles donc duvet + bivvy sur la LT, même avec le froid?

      Moi :
      Pas besoin de sac de couchage sur ton dos. Tu te mets tout habillé dans le bivy.

      Eric :
      Bonjour Yann,

      Merci pour tous tes conseils. Le froid me fait un peu peur en statique en fait.
      En tous cas, un grand merci pour tous tes conseils, et félicitations pour ton blog très très intéressant à tous points de vue!
      Me reste plus qu’à trouver le courage de me rendre sur la ligne de départ !

      Répondre

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