Le sens logique est du nord au sud, de Pforzheim en Allemagne à Bâle en Suisse pour aller du bof vers le beau. Mais justement, n’étant pas sur du tout de pouvoir aller au bout des 288 kilomètres de l’itinéraire, nous avons décidé de démarrer par Bâle pour voir au moins le meilleur du sentier.
Bâle – Lörrach
On a profité des billets de train à 9 euros pour les TER en Allemagne en août 2022 pour traverser l’Allemagne et démarrer le Westweg à la frontière Suisse.
On a prévu de démarrer doucement avec une grosse dizaine de kilomètres jusqu’au camping de Lörrach, sur le bord de la trace.
Ça commence bien, dès la gare de Bâle on est dans un parc urbain le long d’un cours d’eau à mi chemin entre le canal et le torrent. C’est arboré, on est bien protégé de la canicule.
Après quelques kilomètres, un petit établissement, genre guinguette se trouve sur le chemin au bord de l’eau. On s’y arrête, la carte a l’air plus sympa que ce que l’on trouve en Allemagne mais c’est très cher, on est en Suisse et le change ne nous est pas favorable.
Il fait très très chaud et je craque pour une délicieuse bière ambrée. Faby prend un verre d’eau gazeuse. Des hérons pêchent dans le canal.
On traverse bientôt le canal et on se retrouve en Allemagne. On fait un détour en plein cagnard pour aller retirer de l’argent dans un distributeur à Weil am Rhein car il paraît que souvent la carte de crédit n’est pas acceptée dans la forêt noire.
Weil am Rhein est un bourg sans aucun intérêt, on y passe un temps qui nous semble interminable en plein cagnard. On regagne le Westweg dans les vignes. La montée vers Obertullingen est charmante mais peu ombragée et il fait genre 45 degrés à l’ombre.
Après il y a une forêt sur un plateau et on descend vers Tumringen.
On traverse le pont et on est au camping de Lörrach. Il y a une église monumentale en béton on se croirait à Salt Lake City. Accueil catastrophique, prix exorbitant, coin pour les tentes nul et bondé, en plus on a fait la bêtise de s’installer pile sous un réverbère, Faby ne dort pas bien, on avait envisagé d’y rester 2 nuits mais à 7h30 on était reparti presque en courant malgré le poids des sacs à dos.
Pour dîner on a trouvé un truc pas loin, le biergarten du camping était vraiment trop cafard, c’était le Rosengarten. Repas catastrophique, des trucs pire qu’à la cantine. On s’est demandé s’il ne fallait pas se barrer vite fait d’Allemagne.
Lörrach – Kandern
A 7h30 on quitte le sinistre camping de Lörrach, il va faire très chaud aujourd’hui, l’étape est courte mais avec la canicule c’est très bien comme ça.
En quittant Lörrach on passe devant une boulangerie mais comme ma carte en annonce une autre à Wollbach on ne s’arrête pas.
Montée tranquille vers le superbe château de Rötteln. On profite de la fraîcheur grâce à notre départ matinal.
Belle forêt de feuillus avant Wollbach, on s’attendait à plus de conifères dans la Forêt-Noire.
À Wollbach, un vieux avec des poils plein le dos en train de laver son camping car qui nous dit que la boulangerie que j’avais repérée sur mon appli n’existe plus depuis des années. On repère des gens à la terrasse d’un café mais ils nous disent que c’est geslossen (le staff phosphore). Faby n’est pas très contente. Elle trouve le village moche et il est moche.
En plus Wollbach ça ressemble grave à Wuilbak qui n’est autre que poubelle en belge (dixit Faby).
Ensuite on est dans la campagne, il y a plein d’arbres fruitiers dans les champs et le long du chemin, je mange des mirabelles pas mûres et une demi pomme moisie et il y a aussi 3 noisettes chacun et heureusement des mûres délicieuses.
A Hammerstein il y a un joli café avec un vieux wagon. Geslossen encore. Pas drôle.
Avant Kandern le chemin passe au pied d’une falaise avec plein de gros blocs de calcaire moussus. C’est charmant, dommage qu’une autoroute passe aussi dans la même vallée, du coup on n’entend pas les oiseaux qui se sont peut-être barrés depuis longtemps.
En arrivant à Kandern on tombe sur un supermarché, on en profite pour acheter du melon, des saucisses fumées et un bout de boudin pour éviter d’avoir à aller au restaurant. Le boudin est dégueulasse, les saucisses assez bonnes. Mais elles me donnent envie de vomir quand-même et j’accuse avec une certaine mauvaise foi le citron bio acheté dans le seul endroit très correct qu’était le marché de Freiburg.
On bricole un petit peu pour trouver le camping de Kandern mais en arrivant de Lörrach on a la joie de tomber sur un camping charmant, on va y rester 2 nuits, le gars nous offre un genre de sirop de Liège, dans le prix sont inclus des entrées pour la piscine voisine et un ticket pour le petit train à vapeur de la vallée. L’emplacement est très ensoleillé mais très grand et très plat. C’est parfait.
Le lendemain, notre voisin néerlandais nous prête un parasol, je m’essaie un peu au néerlandais et c’est très agréable.
J’avais promis du repos à Faby mais nous entamons dès 8h du mat alors que ses yeux sont tout bouffis une montée sèche pour 10km qui en compteront 25% de plus à cause de Locus qui me joue toujours de sacrés tours.
Belle balade cependant. On n’a rencontré aucun autochtone à part un type qui surveillait son verger, 3 cigognes qui ont fui en nous apercevant et 3 golfeurs qui ont gentiment suspendu une double trépanation avant de swinguer dans notre direction. Avant où après, une biche toute rousse avec des cornes à traversé le chemin mais je suis le seul à l’avoir vue (probablement à cause du citron).
A Riedlingen il y a une charmante auberge, geslossen encore dit Faby, on fait une pause sur un banc, des cyclotouristes arrivent, ce n’était pas geslossen, Faby s’est encore trompée, le café y est cher et quelconque et en observant la carte on est atterré d’y voir de la wurstsalad, le pire truc de la cuisine allemande, des lamelles de mortadelle industrielle avec 3 feuilles de salade.
Kandern – Köhlgarten Westgipfel
La journée s’annonce rude avec 800m de dénivelé sur 10 kilomètres pour atteindre le sommet de Blauern.
Parcours assez monotone dans la forêt, à mi chemin le château fort de Kandern invite à la pause mais ne casse pas 3 pattes à un canard, sauf peut-être pour ceux qui emprunteraient l’escalier en colimaçon qui monte dans le sombre donjon. Le ciel était très bouché ce jour là, je ne regrette rien.
On arrive au sommet à l’heure du déjeuner, il y a là une gargote remplie de motards. Le gérant et le personnel sont asiatiques, philippins peut être d’après Faby. Je ne sais plus ce que commande Faby mais moi je tombe sur un délicieux plat avec du foie taillé en dés et sauté. Malheureusement, c’est très rare de manger ne serait-ce que correctement en Allemagne.
La route continue sur la crête, le ciel se dégage, on aperçoit les Vosges, de l’autre côté de la pleine du Rhin. Il y a encore du dénivelé avec deux petits sommets le Stockberg et le Raukopf.
A partir de 16h30 on commence à chercher un coin de bivouac mais ce n’est pas évident, trop de pentes…
Vers 17h on s’arrête dans une des nombreuses cabanes aménagées pour les randonneurs dans la forêt noire. Il y là a un jeune gars qui se repose, il est de Kandern, il va dormir dans un hamac, on lui propose un café, il nous montre une circulaire officielle, punaisée à la porte du refuge, qui explique que faire du feu est strictement interdit, même avec un réchaud. C’est tout en allemand, on ne risquait pas de comprendre.
On continue à chercher un coin pour le bivouac, on ne trouve toujours pas, Faby commence à s’impatienter, je repère un petit lac qui n’a pas l’air trop loin, le lac de Nonnenmattweihler, on essaie de l’atteindre, on se trompe de chemin, on en est déjà à près de 25 bornes et plus de 700m de dénivelé. Toujours rien de convenable pour bivouaquer.
Finalement on trouve un endroit potable, au croisement de plusieurs chemins forestiers sur le mont Köhlgarten Westgipfel, Faby me dit qu’elle avait rêvé d’une petite clairière dans la forêt, je pars regarder si on n’aurait pas ça un peu plus loin et 100m plus loin je trouve l’endroit parfait, des hautes herbes, des framboisiers, un vieux tronc d’arbre moussu. Ça convient à Faby et on s’y installe. On mange des lyophilisés qui ne nous enchantent pas mais on n’est pas là pour réveillonner.
La forêt est silencieuse, c’est dommage, à la tombée de la nuit on entend un coup de feu pas très loin. Faby est terrorisée. Il ne se passe rien de plus alors on finit par s’endormir.
Köhlgarten Westgipfel – Muggenbrunn
Faby n’a pas très bien dormi dans la forêt, le sol n’était pas aussi plat que ça, la prochaine fois il faudra essayer un matelas gonflable plutôt qu’un tapis de sol amélioré.
On regagne le Westweg, assez vite on arrive à une auberge, il y a plein de monde en train de petit déjeuner, Faby demande si on peut avoir un café, on lui répond que c’est geschlossen, mais qu’on peut avoir un café à emporter.
Dans la descente, comme ça fait pas mal de nuits que Faby ne dort pas bien, on cherche un hôtel, j’en trouve un à 20 kilomètres à Muggenbrunn, pas trop loin du Westweg. Sur le papier c’est faisable sans problèmes.
Plus loin dans la forêt noire, Faby trouve un tout petit doudou sur le chemin. Nous continuons et alors que nous faisons une pause sur un banc, nous voyons un gars qui descend de la montagne avec un VTT. Il a un tout petit enfant installé à l’avant du vélo. On trouve que ce n’est pas prudent. Le gars s’arrête près de nous, il nous baragouine un truc en allemand, Faby comprend que c’est le doudou qu’ils cherchent. Ils ont de la chance, on l’avait trouvé bien plus loin. Le gamin nous dit merci en allemand, il est tout sourire.
Le chemin sur la montagne de Hohe Kelh est très beau, taillé dans le granit. Faby a presque le vertige mais avec ses bâtons ça va.
Peut après elle a un gros coup de mou, c’est très dur d’atteindre Wiedener Eck. Il fait chaud, hier on a fait 25 bornes, c’est dur.
A Wiedener Eck Faby n’en peut plus, elle propose d’annuler l’hôtel, il ne reste que quelques kilomètres, moins de 10 probablement, je vide son sac dans le mien et on réussit à arriver à 19h00 à Muggenbrunn.
L’hôtel est très clean, la chambre vaste, après une douche, nous descendons au restaurant. Les serveuses sont asiatiques, à la peau assez sombre, elles sont accoutrées de tenues folkloriques, c’est assez ridicule.
La nourriture est infecte, les frites pires qu’au Macdo d’après Faby. Heureusement le petit déjeuner est très chouette.
Moggenbrunn – Feldsee
Le ventre bien rempli par un petit déjeuner pantagruélique, nous partons pour une étape de 15 kilomètres environ. Après deux trop grosses journées à 25 bornes ça va nous faire du bien.
On part tard mais on a le temps. Il y a une auberge avant le Stübenwasen, l’endroit est charmant, je goûte au Heidelbergbeerwein, c’est une boisson très sucrée, à la limite du sirupeux, rien à voir avec du vin, on ne m’y reprendra pas.
La journée se passe sur une crête entre le Stübenwasen et le plus haut sommet de la forêt noire, le Feldberg. La végétation est presque alpine avec beaucoup de gentianes desséchées dans les prairies.
Juste avant le Feldberg on fait un micro détour par le Todtnauer Hütte. Ensuite la montée vers le sommet du Feldberg est très agréable, un petit sentier en lacet dans les alpages.
Après le sommet du Feldberg on quitte le Westweg parce qu’on a décidé d’aller bivouaquer sur les bords du Feldsee. En fait on emprunte une des variantes du Westweg. Elle est très bien, on passe par le monument de Bismarck en haut du Seebuck. On descend ensuite vers la station de ski de Feldberg-Ort. Il y a là une épicerie mais elle ferme à 17h00. On est obligé de manger au restaurant car on ne peut toujours pas se servir de notre réchaud à cause de la canicule. On trouve une pizzeria, les pizzas sont délicieuses, c’est parfait.
Faby a lu je ne sais où que la descente vers le Feldsee était compliquée. Ce n’est pas du tout le cas. L’endroit est très beau avec un petit lac d’origine glaciaire entouré de hautes falaises et plein de sapins. On arrive avant la tombée de la nuit, on installe notre tente sous les arbres, sans mettre le double toit, c’est magique.
Toujours pas de chant du coucou dans la forêt noire. Peut être que ce n’est pas la saison où ils chantent ?
Vers minuit Faby me réveille, la tente a été prise dans le faisceau d’une puissante lumière qui balaye les rives du lac. On n’est pas très rassuré. Ensuite la lumière ne bouge plus, on finit par s’endormir quand même. Au matin on se rend compte qu’il s’agissait d’autres campeurs qui s’étaient installés de l’autre côté du lac.
Feldsee – Titisee
Le Feldsee est très beau avec le lever du soleil, c’est hyper calme. Il semble cependant que le bivouac y soit interdit d’après un panneau que nous n’avons vu qu’en partant.
Après quelques kilomètres la journée commence par un arrêt avec un self service de boissons rafraîchies par un ingénieux système de dérivation du torrent voisin qui alimente en eau courante une auge en bois sur laquelle est posée une sorte d’armoire. Il y a là aussi une très belle ferme bien dans son jus. Tandis qu’on sirote notre boisson bien fraîche une grand mère sort de la ferme avec un petit enfant. On se dit que ce gamin a bien de la chance de grandir dans la montagne. La grand mère vient vers nous, elle nous parle, nous souhaite une belle marche et une belle journée, mais elle n’est pas venue pour ça, elle est juste venue pour refermer la porte de l’armoire pour protéger les bouteilles du soleil qui commençait à chauffer.
A Hinterzarten, une belle ferme produit du lait bio. Il y a un petit magasin mais seulement du lait, aucun fromage. Le bon fromage est un des trucs qui nous manquent.
Sur les hauteurs de Hinterzarten le Westweg est un petit peu détourné, il y a ce qui pourrait être un tremplin pour saut à ski en construction.
Après le Kesslerhöhe c’est globalement une jolie descente vers le Titisee.
En arrivant à Titisee il y a un camping qui surplombe le lac. Faby n’est pas enchantée, les emplacements sont en pente et sans aucune ombre. D’après ma carte Locus il y a un autre camping plus bas près du lac.
Il fait très chaud, on est ravi de finir la randonnée tôt. Le camping de Weiherhof (celui au bord du lac) est parfait, on l’adore, de l’ombre, la plage, du calme, un petit restaurant convenable, un accueil hyper sympa, un petit magasin bien achalandé, des gens qui s’occupent d’oisillons, le spectacle des pédalos, plein de rando possible en revenant en train… C’est là que nos aventures s’arrêtent.